Chapitre 2

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Vous dire que l'opulence et la boisson régnaient à ce bal serait vous mentir. Les réceptions organisées par la famille Addams étaient toujours d'une sophistication irréprochable. Les manières de cette famille, bien que parfois un peu étranges, respectaient toujours les règles de politesse. Gomez et sa femme n'avaient donc pas négligé d'inviter leurs voisins, la famille Black mais également le fils de Catherine de Médicis, qui depuis une petite année, s'était trouvé un ami qui ne le quittait jamais. Froisser un personnage aussi important de la noblesse ne faisait pas bon vivre en ces périodes de troubles, le Duc D'Anjou étant réputé comme étant un bon-vivant, s'accorder les faveurs de sa famille était des plus simples grâce à ce procédé.

Ils avaient également convié Miss Peregrine. L'anglaise ne déplaçait jamais sans ses enfants, qui avaient, avec le temps, tisser de fortes amitiés avec Mercredi et Pugsley.

Leur dernier invité, et pas des moindres, était Anthony Stark. Ce dernier ne possédait aucun titre mais l'argent contenu dans ses coffres rectifiait la différence de rang avec les individus qu'il côtoyait. Il était connu pour ses inventions toutes plus innovantes et étranges les unes que les autres. Leur vente était toujours d'une simplicité remarquable, enfin pour lui, pour ce qui est des acquéreurs, il fallait avoir de l'argent pour rivaliser avec les autres et réussir à se procurer la moindre pièce.

La musique était douce, l'on dansait calmement contrairement à l'euphorie et la liesse que l'on retrouvait au moment de la période de Régence. La petite assemblée était réunie dans la salle de bal, dont les murs étaient ornés de tapisseries.

Les premières chandelles commençaient à s'éteindre quand les conversations furent interrompues et les danseurs immobilisés dans leurs mouvements gracieux.

Deux jeunes gens venaient de faire irruption, bien qu'il ne manquât aucun invité. Gomez, par une agressivité qui lui était naturelle, vint à la rencontre des intrus. Il fut vite calmé par Sirius Black qui reconnaissait une cousine éloignée en la demoiselle qui venait de pénétrer les lieux.

Le Duc d'Anjou, qui jusqu'alors n'avait de cesse de converser avec son ami, fut comme figé dans une torpeur que seul son confident fut à même de comprendre.

- Calmez-vous mon ami, lui conseilla ce dernier.

Ce commentaire qui se voulait bienveillant, ne fit qu'attiser la haine du fils de la Reine. Il se tourna et vit une femme qu'il crut d'abord ne pouvoir être que Madame de Montpensier, puis se souvenant que ce titre n'était plus sien, passa par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on retenait l'héritière afin de comprendre ce qu'il l'avait amené ici.

Quand il arriva à sa hauteur, elle lui fit une révérence digne des plus grandes de ce monde. Sa colère s'en décupla davantage. N'avait-elle pas commis l'irréparable avec ce charmeur de Guise ? Elle n'était plus digne de ces manières que les dames de haut rang s'exténuaient à apprendre. Aux yeux du Duc, elle n'était plus que la traitresse qui avait trompé son mari et tenté De Guise.

Morticia, qui se voulait accueillante, fit installer les nouveaux arrivants dans le petit salon de sa demeure et leur fit apporter de quoi se restaurer. Percy, qui était affamé, dévora ce qu'on lui amenait. La Princesse déclina avec politesse, le regard du Duc lui glaçait le sang. Elle ne l'avait pas revu depuis le bal lors duquel il l'avait mise en garde contre son amour de jeunesse.

Anjou était assis à l'opposé, un verre toujours plein à la main, son ami dévisageant l'héritière avec curiosité. Lui était d'une beauté fascinante mais malgré le trouble qu'il lui inspirait, la Princesse ne pouvait détacher son attention du fils de la Reine.

Une fois les invités-surprises bien installés, on exigea d'eux qu'ils expliquent leur venu impromptu. La galanterie voudrait que la jeune femme commence mais l'air déboussolé de Percy était plus intrigant.

- Expliquez-nous votre détresse monsieur, demanda Mercredi.

Le sang mêlé s'éclaircit la gorge avant de débuter.

- J'étais en train de me baigner dans la rivière qui borde le camp des sangs mêlés. L'eau me permet de me calmer quand je suis nerveux ou en colère. Je m'étais disputé avec Annabeth dans l'après-midi, pour une raison stupide et je m'en voulais. D'un coup, il y a eu des éclairs et des bourrasques de vent assez violents. Zeus devait encore être en colère. Des vagues ont commencé à se former, je n'ai pas pu les contrôler. D'un coup, le noir m'a assailli, puis, la seconde d'après, la mer me recrachait sur cette plage. Ensuite, la Princesse m'a trouvé. J'avais les yeux perdus dans l'océan parce que je voulais rentrer chez moi et je pensais que mes amis allaient venir me chercher. Ils ne sont jamais venus.

Le Duc d'Anjou s'était approché afin d'écouter l'histoire du jeune homme. Il était assurément touché, lui aussi s'était querellé avec une personne chère à son cœur et ne l'avait pas revue.

Les invités se mirent à couvrir d'éloges Renée, qui avait aidé le pauvre garçon perdu. La mâchoire du fils d'Henri II se contracta sous la colère. Cette pauvre fille n'avait rien fait à part s'enfuir lâchement quand celui qu'elle convoitait n'avait plus voulu d'elle.

Avant même qu'il ne puisse exprimer sa pensée, son ami s'avança pour lui éviter de se ridiculiser.

- Enchanté Madame. Dorian Gray, pour vous servir, lui dit-il en lui faisant un baise-main. Ou plus si le cœur vous en dit, ajouta-t-il, un sourire charmeur sur les lèvres.

Son petit jeu eut l'effet escompté, la Princesse feint un malaise et fut conduite dans une chambre afin de se reposer.

La Princesse de Montpensier IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant