Chapitre 4

51 5 0
                                    

Anjou se réveilla avec une migraine qui lui martelait le crâne. L'alcool que son ami lui avait donné pour calmer ses cauchemars y était pour quelque chose. Lord Gray lui donna une boisson contre son mal, de son invention.

Revigoré, le Duc alla chercher Percy dans sa chambre. Il savait que ce dernier n'avait pas d'autres vêtements que son uniforme orange de la colonie. Il lui avait donc apporté une tenue à lui. Il l'aida à dompter sa chevelure de manière à ce qu'il ait la coiffure que les hommes de la cour arboraient.

Une fois apprêté, Percy lui adressa un faible sourire de remerciement.

Le convoi se mit en route tôt dans la matinée, le Duc espérant éviter son ennemie.

- Alors Persée, comment trouvez-vous le paysage ? demanda-t-il.

Le jeune homme qui était en train de regarder par la fenêtre, sursauta.

- Plutôt forestier, monsieur. Je vous ai déjà dit que mon nom était Percy.

- Nous n'allons pas tarder à apercevoir la grande étendue d'eau que vous appréciez, Persée.

Dorian tenta d'étouffer un gloussement, mais il n'était pas homme de discrétion, aussi son rire emplit bientôt le véhicule. Anjou se joignit à lui pendant que le sang-mêlé se renfrognait au fond du siège où il était assis.

Percy, le regard toujours perdu dans le paysage qui défilait à travers la fenêtre, aperçu un arbre où on semblait avoir gravé quelque chose. Sa curiosité mise à l'épreuve, il demanda vivement à s'arrêter. Ce genre de signes annonçaient généralement qu'avancer était une mauvaise idée.

Il s'approcha de l'arbre, le Duc et Dorian Gray eux, restèrent dans le véhicule. La gravure représentait une paire de ciseaux, mais l'écorce était brûlée et la pointe semblait maculée de sang. Avant d'y plonger ses doigts, le sang-mêlé entendit un léger bruissement de feuilles. Il regarda autour de lui, jusqu'à apercevoir, dans la pénombre, deux yeux luisants de malveillance. On aurait dit ceux d'Arès dans ses mauvais jours.

D'un coup, la chose se jeta sur lui. Elle n'était qu'une masse rapide. Il parvint à l'esquiver mais elle réussit à lui entailler la main. Heureusement, ça n'était pas celle qu'il l'utilisait pour se battre et gagner ses combats. Il dégaina son stylo, qui devint son épée.

Sans attendre, il sauta sur son adversaire, prêt à montrer le valeureux guerrier qu'il était. Le jeune homme avait combattu contre de nombreux adversaires, comme le prouvaient ses nombreuses cicatrices. Mais leur existence prouvait qu'il était toujours ressorti vainqueur. Aussi, il ne se laissa pas impressionner et ne cessa d'asséner des coups d'épée.

Son adversaire mit du temps avant de parer les assauts qu'il subissait. Aussi, Percy réussit à lui enfoncer la lame dans la main. Œil pour œil se surprit-il à penser, avec une certaine joie.

Il était en train de retirer la pointe de la chair de son opposant quand celui-ci l'attrapa et avant qu'il ne réagisse, le tira vers lui et lui empoigna le cou, lui plantant ses griffes dans la peau.

- Je te conseille de me laisser finir ce pourquoi je vous traque, tes amis et toi, le menaça l'assaillant d'une voix rauque.

Le sang-mêlé, qui était têtu et ne souhaitait pas montrer de faiblesse, se dégagea de son emprise et d'une attaque habile, tint son adversaire en respect. Une brulure lui déchira l'épaule, il relâcha sa garde sous le coup de la douleur.

- Tu es calmé maintenant ?

Il s'apprêtait à revenir à la charge mais quand il releva la tête, il vit enfin véritablement son opposant. Il, ou plutôt elle, avait rassemblé sa longue chevelure noire en arrière, dégageant ainsi un visage qui l'horrifia. Ses dents avaient été taillées en pointe et ses yeux reflétaient une envie de sang presque palpable. Son corps était recouvert de lanière de cuire où était rangées huit dagues et une paire de ciseaux. Certains auraient pu dire qu'elle était dotée d'une beauté sauvage.

- Ne m'oblige pas à reposer la question jeune homme, s'impatienta-t-elle.

Percy fut surpris du ton qu'elle employait, elle n'avait l'air guère beaucoup plus vieille que lui.

- Vous m'avez attaqué, est-ce que je dois vraiment me calmer tant que je ne vous aurais pas battu ? lui répondit-il.

- Personne n'a gagné et au vu de tes cicatrices, tu devrais apprendre qu'un combat ne se finit pas toujours avec un gagnant et un perdant. Cela évite ce genre de désagrément.

- Qui êtes-vous ?

- Je suis la mère de la Mort, je suis Grimalkin, la sorcière tueuse du clan Malkin.

- Ils ne se sont pas embêtés pour vous nommer.

- Ma réputation me précède et mes ennemis doivent savoir que s'attaquer à mon clan, c'est s'attaquer à moi. Les ciseaux que tu as vus ne sont rien de plus qu'un message de ma part, je te surveille, fais attention à toi.

- Que nous voulez-vous ?

- J'appartiens à l'obscur mais je chasse l'obscur qui ne souhaite que ma perte. Je traque votre carrosse depuis quelques lieux déjà. J'ai senti le mal jusque dans mes os, mais ça n'est pas toi, toi tu n'es pas de mes croyances, fils de Poséidon.

- Comment savez-vous qui je suis ? demanda Percy, qui semblait avoir son quart d'heure interrogatoire.

- La magie du sang, des ossements ou des compagnons familiers suffit à la plupart des sorcières. Néanmoins, les pratiques traditionnelles ne sont pas les seules voies du pouvoir. Je n'ai rien contre la tradition, mais j'ai l'esprit ouvert et je sais m'adapter. Mon apprentissage ne doit pas se limiter seulement à mes croyances et ses entités. Je dois connaître chaque ennemi capable de croiser ma route. J'aimerais te dire que ce qui m'a permis de te reconnaître était ton odeur de l'air marin mais tu pues comme un poisson oublié.

- Je ne sens pas du tout cela ! s'offusqua Percy

- Ce n'est pas de mon odorat qui me parle mais mon instinct de tueuse. Tu as beaucoup côtoyé l'horreur, ça dégrade la fraîcheur de l'innocence. A présent, laisse-moi achever celui que je traque, ce monstre doit mourir.

La Princesse de Montpensier IIWhere stories live. Discover now