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Elle n'en croyait pas ses yeux. Assise à côté de Ginny, Hermione fixait le garçon qui venait d'entrer dans le bar, accompagné de Harry.

- Tu étais au courant qu'ils allaient être là ?

Ginny secoua la tête, aussi surprise qu'elle. La brune dévisagea le roux qui s'avançait vers la table en l'ignorant. Le brun lui sourit, heureux de la voir.

- Hermione, ça fait longtemps !

- Salut Harry, dit-elle sèchement.

Il baissa les yeux, conscient qu'elle n'était pas aussi heureuse que lui concernant les retrouvailles. Il fit mine de la comprendre en lui adressant une grimace.

- On peut s'installer ? Demanda-t-il alors que Ron était toujours silencieux.

- Oui bien-sûr, dit Ginny.

Harry l'embrassa tendrement alors qu'Hermione regardait ses pieds, furieuse. Comment osait-il se tenir là, devant elle, comme il le faisait ? A le voir, on aurait dit que tout était normal.

- J'ai des choses à faire, finit-elle par dire en se redressant. On se verra plus tard.

- Mais Hermione tu avais dit...

- Je sais ce que j'ai dit, mais j'ai oublié quelque chose que je devais faire avec... Les préfets.

- Oh tu es préfet ?

Elle répondit d'un bref geste de tête. Saluant d'un coup de main ses amis, elle sortit rapidement du restaurant dans lequel Ginny et elle étaient en train de goûter avant de retourner travailler. Que faisait-il là ?

Elle marchait rapidement en direction de Poudlard quand une main lui attrapa le bras. Elle se retourna, le cœur battant à chamade. Ron la fixait et tenait son bras fermement ; elle tenta de se dégager de son emprise, mais rien à faire.

- Tu me fais mal.

- Je te lâche uniquement si tu ne t'enfuis pas.

Elle leva les yeux au ciel, soupira, et répondit d'une grimace nonchalante. Dès qu'il eut enfin lâché son bras, elle se le frotta de la main comme pour soigner la douleur.

- Il faut que tu arrêtes de te comporter comme ça avec moi Hermione, dit-il l'air grave.

Elle eut un rire nerveux, ou du moins, un cri qui sortit de nulle part. Elle ouvrit grand les yeux et les plongea dans ceux du garçon qui fronçait les sourcils face à sa réaction, ne la comprenant visiblement pas.

- Je suis très sérieux.

- J'ai l'air de rire ? Cracha-t-elle.

Elle s'éloigna de lui, de quelques mètres, alors qu'il tendait le bras dans sa direction. Il serra la mâchoire.

- Tu ne peux pas continuer à m'ignorer comme tu le fais, et puis, cela a des répercussions sur tes relations... Tu le vois bien.

- Arrête de jouer ta fleur bleue avec moi, dit-elle en serrant les dents. Mes relations vont très bien, merci de t'en préoccuper.

Il ricana, levant les yeux au ciel :

- Non mais tu t'entends ? Tu ne te rends pas compte, mais tu es ridicule Hermione.

- Tu as fini ? Dit-elle la boule au ventre. J'ai quelque chose à faire.

- Une vraie gamine... Arrête de m'ignorer.

Elle lui tourna le dos et reprit sa marche, déterminée à le laisser en plan. Mais, comme elle s'en doutait, le garçon lui attrapa le bras de nouveau, le serrant dans sa paume.

- Lâche-moi Ronald Weasley.

- Tu ne peux pas te comporter comme ça avec moi.

- Ah oui ? Et comment veux-tu que je me comporte ? Non mais je rêve. Tu crois que nous sommes les meilleurs amis du monde ? Ouvre les yeux Ronald. Je n'ai aucune envie de te parler.

Il haussa les épaules :

- On pourrait arranger la situation de sorte à rendre l'atmosphère meilleure, tu ne penses pas ? Je ne sais pas moi, on peut se comporter comme avant...

- Rien ne peut redevenir comme avant, et tu le sais très bien.

Un court silence s'installa entre eux alors qu'Hermione se dégageait des mains du roux.

- Je sais que c'est dur...

- Tu ne sais rien, le coupa-t-elle. Tu ne sais pas ce que j'ai traversé, seule, quand tu m'as laissée. Tu ne sais pas qui je suis. Tu ne sais rien, rien du tout !

Des larmes commençaient à couler sur ses joues rougies par le froid. D'un coup de main rapide, elle essuya ses yeux. Mais cela ne suffit pas à faire taire sa peine.

- Tu n'as pas envie que ça s'arrange ?

- Je veux que tu sortes de ma vie, définitivement.

- C'est ridicule.

Elle tourna les talons, et cette fois, il ne la retint pas.

Elle marcha rapidement jusqu'au château, évitant les regards des quelques élèves qu'elle croisa sur son chemin. Ses yeux la piquait, sa gorge nouée était pleine de cette amertume douloureuse. Elle pleurait, vivement, étouffant les sanglots dans son manteau trop grand.

Elle ignorait que le croiser serait aussi douloureux. Visiblement, son chagrin n'était qu'enfoui au plus profond d'elle.

Et ses paroles, blessantes, cette manière de voir la situation montraient qu'ils n'avaient pas vécu la rupture de la même façon.

Elle poussa la porte de l'appartement brutalement, la faisant claquer derrière-elle. Rapidement, elle fonça dans sa chambre.

Elle sentit son regard, en face.

Elle ferma la porte.

Hermione ne dormit pas de la nuit, et ne fit que pleurer. La dépression qui l'avait accablée était de retour, et elle ne savait pas comment l'affronter. La réalité l'avait frappée en plein visage, lui rappelant la guerre, la rupture, et l'été qu'elle avait passé, seule chez elle, loin de tous.

Hermione était seule, et c'était douloureux de revivre ça. 

Les cœurs brisés ⎮ DramioneWhere stories live. Discover now