Les cœurs brisés ⎮ Dramione

3

Drago se réveilla lentement, plissant les yeux pour les protéger de la luminosité éclatante dans laquelle baignait le dortoir. Autour de lui, tous les garçons étaient en mouvement ; certains s'habillaient tandis que d'autres parlaient d'un bout à l'autre de la pièce. Le blond passa la main dans ses cheveux puis repoussa la couette verte qui le recouvrait.

Ses cuisses étaient recouvertes de cicatrices, certaines plus marquées que d'autres. Il enfila un pantalon à pince noir, une chemise blanche et serra le nœud de sa cravate verte autour de son cou.

- Bien dormi ? Lui demanda son voisin.

Il hocha la tête. Blaise Zabini, assit en face de lui, fronça les sourcils. Le silence fut de marbre, jusqu'à la salle commune des Serpentard. Pansy Parkinson, l'ex-copine de Drago, les attendait dans un des fauteuils sombre. Quand elle les vit enfin apparaître dans les escaliers en colimaçon, elle se hâta.

- Bonjour les garçons, dit-elle en adressant un sourire charmeur au blond.

Il ne répondit que d'un geste de main. Visiblement, Pansy n'avait toujours pas lâché l'affaire. Ce qu'elle pouvait l'agacer.

- On va manger ?

- J'ai oublié quelque chose dans les dortoirs, je vous rejoins, mentit Drago.

Ses deux amis le regardèrent avec interrogation, mais finirent par quitter la pièce. Il soupira, passant une nouvelle fois la main dans sa chevelure. Il avait besoin d'être seul, et il ne supportait plus la jeune Serpentard, ce que Blaise savait pertinemment.

Il attendit un moment avant de sortir. Quand il poussa enfin la porte de la salle commune, il se pencha légèrement pour vérifier que personne n'était dans le couloir.

Tu as l'air ridicule.

Il se redressa et se remit en marche, toujours sur ses gardes. Il erra un moment dans le château avant d'atteindre l'extérieur. Le chemin parut à la fois long et court ; en réalité, Drago s'était perdu dans ses pensées, à en perdre la notion du temps.

Dehors, l'air était frais. Un petit vent s'était levé en ce matin de septembre.

Il apprécia la vue, fermant quelque fois les yeux pour respirer l'air frais. C'est ici que tout s'était fini et que tout recommençait pour lui.

Cette nuit-là, Drago avait mieux dormi : pas d'insomnies, pas de cauchemars. Un sommeil ininterrompu, et surtout reposant. Il marchait, tenant sa sacoche de cuir sombre contre lui.

Il marchait dans la cour, regardant tout autour de lui. Et c'est à ce moment qu'il croisa son regard.

Hermione Granger était assise à l'autre bout, derrière la fontaine, un livre à la main. Ses cheveux lâchés en une crinière fauve s'entremêlaient face au vent. Son regard insistant resta un moment dans celui du garçon, avant d'être détourner timidement en direction du manuel qu'elle ouvrit. Il ne la connaissait pas bien, mais il était facile de deviner qu'elle faisait semblant de lire.

Il continua de marcher, jetant quelques coups d'œil dans sa direction. Pourquoi passait-elle la majorité de son temps seule ? Où étaient ses amis ?

Arrête de te poser des questions, idiot.

Puis il repensa au dernier cours qu'il avait eu en commun avec la Gryffondor : la jeune fille, de ce qu'il avait pu remarquer, n'avait rien écrit. Peut-être même qu'elle n'avait rien écouté. Quelque chose de bizarre se passait de son côté, s'était facilement devinable avec elle. Hermione Granger qui n'écrivait pas dans un cours, et puis quoi encore ? C'était le monde à l'envers.

Il passa devant elle en la regardant de nouveau, jetant un coup d'oeil au livre qu'elle lisait. Elle le dévisagea un instant.

- Qu'est-ce que tu veux Malefoy ? Finit-elle par demander.

Elle avait dit cela d'un ton agressif. Il haussa les sourcils. En fait, cette réaction était plutôt prévisible, lui qui n'avait jamais été agréable avec elle.

- Rien de spécial.

- Alors arrête de me tourner autour et laisse-moi tranquille, j'essaye de lire.

Il se mit à rire :

- D'accord.

Il tourna les talons, sous le regard surpris d'Hermione. Habituellement, il n'aurait pas bougé d'un poil.

***

Drago était assis à la grande table des Serpentard quand Blaise le rejoignit. Le garçon s'était à peine assit qu'il dit :

- Elle est insupportable, il faut trouver un moyen de la virer.

Drago sourit :

- Tu ne le remarques que maintenant...

- Sérieusement, comment tu as pu sortir avec elle ?

Le blond haussa les épaules :

- Je me pose la même question à chaque fois que je la vois.

- Ne me laisse plus jamais avec elle. Elle est si... Inintéressante ?

Il hocha la tête, prenant une bouchée de pain. Le garçon à la peau mate à côté de lui se servit et l'imita.

- Comment tu vas sinon ?

Drago plongea son regard clair dans celui de son ami.

- Ça va.

- Je vois bien que quelque chose te tracasse, si ce n'est des milliers. Tu sais que tu peux m'en parler.

- Je sais, soupira Drago.

Le reste du repas fut silencieux.