Le secret

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En entrant dans cette maison, Judith eut l'étrange impression que le temps était suspendu. Une fois la porte fermée, toutes les interférences extérieures s'effacèrent pour laisser place au calme et à la sérénité. L'entrée donnait directement sur un salon plongé dans la pénombre. Les volets des fenêtres étaient clos et seuls quelque rares rayons du jour passaient à travers les battants. La poussière ambiante qui flottait dans l'air donnait à la pièce un aspect féerique. La jeune femme supposa que cette famille venait à peine d'emménager, car dans un coin de la pièce se trouvaient des cartons éventrés. Sur le mur qui lui faisait face était accroché un cadre dans lequel se trouvait un énorme papillon aux ailes améthystes.

– Installez vous, j'arrive dans un instant, lui suggéra son hôte.

Judith acquiesça sans le moindre mot et s'assit sur une chaise non loin d'une table basse. Elle continua d'observer le décor, émerveillée par l'ambiance mystique qui y régnait. La jeune femme faillit oublier la raison qui l'avait poussée à entrer et se mit alors instantanément à la recherche d'une cachette potable pour la fameuse plume. Elle se leva de sa chaise, marchant sur la pointe des pieds.

La plume à la main, elle parcourait la salle, scrutant chaque recoin et chaque meuble, tel un voleur à la quête d'une relique abandonnée.

En zieutant çà et là, un bout de papier jauni par le temps intrigua l'œil de Judith. Le vieux manuscrit s'échappait péniblement d'un carton. De là où elle se trouvait, la jeune femme ne parvint pas à déchiffrer les écrits. Sa curiosité bouillonnante l'emporta sur sa raison. Elle tira donc délicatement le papier de telle sorte à ne pas le froisser ou pire encore le déchirer.

Judith se souvenait bien de ses années à la fac où elle remplissait des pages et des pages, avec des mots et des phrases quand une aurait suffi. Elle eut une sensation familière en parcourant cette feuille. Les lettres se suivaient, mais aucun sens n'en ressortait. Dans un premier temps, elle pensa à du latin ou du lorem ispum, mais certaines lettres ne faisaient partie d'aucun alphabet qu'elle connaissait.

– Qu'est-ce que vous faites madame ? demanda soudainement une petite voix derrière son dos.

– RIEN ! rétorqua-t-elle dans la panique, en cachant la plume derrière elle.

– Oh qu'elle est belle ta plume madame !

– Ma quoi ? dit elle en se retournant, non il n'y a pas de plume ici ! Moi une plume ? Non !

– Si tu as une plume ! En plus, elle est trop belle ! ajouta-t-elle les yeux pétillants de bonheur.

– Chute petite ! Parle moins fort veux tu ?

– Tu me donnes ta plume... S'il te plaît ? Elle est vraiment trop trooop belle !

Voilà qu'une idée venait de jaillir dans la petite tête de Judith. La solution à son problème venait tout juste d'apparaître devant ses yeux. Finalement cacher cette plume s'avérait bien plus facile qu'elle ne le croyait. Elle devait agir vite.

– Ok petite, comment tu t'appelles ?

– Anna ! répondit-elle instantanément.

– Je peux te donner ma plume Anna, mais à une seule condition...

– Oh ! Tu vas vraiment me donner ta plume ?

– Mais ça sera notre petit secret d'accord ?

– Oui ! Trop bien, j'adore les secrets ! J'en ai plein, par exemple mon frère lui, il dit qu'il aime pas les filles et que les filles, c'est nul, alors que pour de vrai, il a une amour-

– D'accord Anna, l'interrompit-elle, tu sais, normalement, les secrets il ne faut pas les répéter...

– Ah oui ch'est vrai ! hurla-t-elle, les deux mains plaquées contre sa bouche.

Chrysalide [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant