La Tour d'Ivoire - Tome 1

Vert Emeraude

​Je me retournai vers eux, et Gabriel hocha la tête.

​-Bienvenue à Amidror, capitale de la Nation d'Émeraude, Lévana Sildek.

​Je pus alors voir les deux autres hommes, le premier me souriait ironiquement, il avait de longs cheveux blond foncé qu'il avait tressés, un corps musclé et puissant tanné par le soleil, il était torse nu et arborait fièrement multitudes de cicatrices. Ses yeux bleus brillaient d'une arrogance qui semblait tout à fait convenir avec son côté guerrier. Du moins, l'image que je m'en faisais.

​L'autre avait des cheveux noirs, mi-longs, qui ondulaient légèrement à cause de la transpiration, sa peau était encore plus bronzée que les deux autres, il était plus musclé que Gabriel, et était encore plus grand. Il était très beau, son visage dégageait, tout comme le guerrier blond, une virilité purement masculine que je n'avais encore jamais vue à la Tour et qui différait radicalement de la raffinerie de Melech ou d'Ayaan. Ils n'avaient peut-être pas leur beauté parfaite, mais ils l'étaient quand même.

L'homme me regarda et je restai sans voix, je n'avais jamais vu des yeux aussi impressionnants que les siens. Il avait des iris vert aussi clair que Gabriel les avait foncées, j'étais muette devant tant d'harmonie. Son visage était d'une beauté qui me laissa toute pantoise, ses traits étaient durs, froids, mais d'une attirance presque douloureuse. Un bandana vert foncé était noué autour de sa tête. Il haussa un sourcil et me lança un regard mauvais.

​-Que regardes-tu, l'Ivoirienne ?

​Il fallait vraiment que j'arrête de m'extasier sur chaque être humains d'En Bas, sinon je vais passer pour une folle, pensai-je.

​-Rien... c'est juste que... non rien, du tout, réussis-je à balbutier.

​Sa voix me suffit à savoir que c'était lui qui avait été si brutal avec moi, en sortant des souterrains. Je le détestai au premier regard, il ne m'aimait pas, c'était évident.

​Le blond lui dit quelque chose dans leur langue, et il le foudroya du regard.

​Yeux verts passa devant nous et entra dans le village, Gabriel soupira et se tourna vers moi, un sourire las sur les lèvres.

​-Viens, je vais te conduire auprès de notre chef.

                                                                     ***

Les gens se retournèrent sur mon passage, il suffisait de regarder mes vêtements, ma peau bien trop pâle pour savoir que je n'étais pas des leurs. Tous arboraient cette peau parfaitement hâlée des gens habitués à travailler à l'extérieur. Comme les trois hommes qui m'accompagnaient, la plupart étaient habillés de verts. Aux vues des drapeaux de la même couleur visible un peu partout dans le paysage, j'en concluais que cela devait être leur symbole.
​
J'essayai de ne pas me formaliser de tous ces regards curieux, voire hostiles sur mon passage, et me rapprochai de Gabriel, qui semblait si sûr de lui. Je ne tardai pas à comprendre qu'ils étaient importants dans le village, tout le monde les saluait respectueusement. Le blond était derrière nous, et nous suivait sans un mot.
​
Je restai ébahie devant ces gens, leur différence physique, ces yeux, ces visages, marqués par la vieillisse, le travail, la fatigue, les citatrices, ses êtres humains respirant la vie, la vraie, sans artifices, et qui vivaient, ensemble, en harmonie et ne cherchaient pas à me tuer, ni à me dévorer.

​-Pourquoi me regardent-ils tous ainsi ? demandai-je à Gabriel.

​Il sourit, ravi que je lui parle.

​-Ils sont juste curieux, mais pas hostiles. Tu es une étrangère, ils le voient bien, ils se posent des questions, ce n'est pas tous les jours que l'on ramène une fille de Là-Bas. Une Ivoirienne.