Chapitre 9: Brienne

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Chapitre 9 :Brienne

-Il faut que tu manges sermonna pour la énième fois Brienne.

-Je n'ai pas faim gromela Jaime.

-On voyage dans le froid depuis des jours, tout le monde est affamé, il faut que tu manges poursuivit Brienne, en poussant vers lui un morceau de viande séchée.

-Je ne sers à rien ici Brienne, vous feriez mieux de me laisser mourir ici dans un trou, se plaignit Jaime, il y avait quelque chose comme une tentative de plaisanterie dans sa voix mais surtout de la douleur.

-On ne restera pas ici pour toujours rassura Brienne, elle l'espérait en tout cas, elle voulait revoir les eaux purs de Torthe, et son père.

L'expression de Jaime s'était remplie d'espoir, il la regardait avec cette intensité qui donnait à la jeune femme le besoin urgent de cacher son visage, son nez cassé et ses tâches de rousseurs, pour ne pas qu'il réalise son erreur. Car il n'était pas possible que se soit pour elle, que son visage s'éclaire, n'est-ce pas?

Jaime avait maigris, de petites rides commençaient à ourler ses paupières, ses cheveux blonds étaient couvert de givre, et pourtant Brienne aurait pu passer des heures à le contempler, ou juste à être près de lui, parce qu'il lui donnait un sentiment de sécurité inouïe

Avec reluctance, Jaime se mit à mâcher ostensiblement la faisant soupirer d'agacement. Sans doute exprès pour la faire enrager il demanda:

-Je peux en ravoir? J'ai faim maintenant.

Un rire cristallin retentit dans son dos et bientôt une fillette se jeta par terre, près d'eux, toute tremblante croulant sous une immense chevelure brune.

-Tu es trop jeune pour faire partie des recrues pour le mur, toi s'étonna-t-elle en enroulant autour de la petite une de ses fourrures.

-Maman a dit que je devais y aller, qu'il n'y avait pas d'autre solution précisa l'enfant.

Brienne passait la moitié de son temps à s'occuper des petites recrues comme celle-ci, bien qu'un peu plus âgées, cela lui fendait le coeur quand elle se rendait compte qu'ils passeraient plus de temps au mur qu'elle-même, peut-être pour le restant de leurs jours.

L'autre moitié de son temps, elle veillait à ce que Jaime ne meurt pas. Elle exagérait à peine. De plus, même s'il ne le savait pas, Brienne avait autant besoin de lui, que lui d'elle.

-Vous, vous êtes un lannister ! lança brusquement la petite en pointant un doigt accusateur sur Jaime, Maman disait que se sont des méchants, qu'ils tuent des enfants.

-Ne dis pas de bêtise corrigea fermement Brienne, Ser Jaime est un chevalier, il a défendu le royaume des marcheurs blancs.

-Et j'ai sans doute causé la mort de beaucoup d'enfants ajouta le chevalier d'un ton morne.

Ce qui faisait vraiment peur à Brienne, plus que le froid, la reconstruction du mur, l'éloignement de tout, étaient les cauchemars de Jaime. Toutes les nuits, elle savait que son cerveau le torturait d'images de feu et de sang. Son père, Aerys, et surtout Cersei, hantaient ses rêves et il les suppliait dans son sommeil de lui pardonner, de l'épargner, de le laisser partir. Brienne les en abjurait tout autant.

Brienne aurait voulu être assez forte pour s'approcher, pour le serrer dans ses bras, ils n'étaient jamais à plus d'un mètre l'un de l'autre, mais la douleur lui faisait voir une barrière l'empêchant de venir plus près malgré les bras que Jaime tendait convulsivement dans les ténèbres et qu'elle serrait de loin.

Cette nuit-là elle vit une telle détresse en lui qu'elle décida qu'il fallait en parler:

-Si tu veux en parler Jaime, tu sais que je suis là dit-elle maladroitement.

Chroniques d'une chanson innachevéeWhere stories live. Discover now