CHAPITRE 18 (NV)

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Jonathan

Le dîner passé, je pouvais enfin l'oublier. Plus jamais je ne passerais du temps avec ces trois-là. Épuisé et fatigué, je m'installai sur le canapé de mon vrai chez-moi, attendant le retour de Kalie. Aujourd'hui, c'était son rencard avec Victoria et elle ne devrait pas tarder. Mon père a emmené Damien aux arcades pour se détendre. Quant à Kalie, elle m'avait demandé de l'attendre à son retour. Un paquet de pop-corn dans les mains, je visionnais un épisode de Buffy contre les vampires qui repassait sur une des chaînes.

Une heure plus tard, le bruit de clés dans la serrure m'interpella. Je fermai la télévision et Kalie pénétra dans le salon. Son expression, à ma grande surprise, n'affichait aucun dégoût. Elle était plutôt normale. Je craignis le pire.

— Ça s'est mal passé pas vrai ? demandai-je, en fronçant les sourcils.

Elle jeta les clés sur la table puis vint s'asseoir à côté de moi.

— Non, en vrai, c'était bien.

Je haussai les sourcils.

— On ne s'est pas embrassé, imbécile. On a juste parlé. J'ai réussi à éviter le cinéma.

— Bien joué.

Malgré sa petite victoire personnelle, elle semblait préoccupée par toute autre chose. Je m'autorisais à lui poser la question :

— Il y a un truc qui ne va pas ?

Elle enleva sa veste et s'humecta les lèvres, puis me fit face.

— J'ai quelque chose à te dire.

Pendant un quart de seconde, je pensais à ce qu'elle avait écrit dans son journal et de ses sentiments pour moi.

— C'est à propos de Damien.

Mes yeux s'écarquillèrent. La seule mention de son prénom et j'étais déjà alerte.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il a ?

— Il va bien, mais il se faisait racketter.

— Racketter ?! m'enflammai-je.

Elle leva les mains en l'air.

— Ne t'en fais pas, je m'en suis chargé hier. J'ai fichu la frousse aux gamins, ils ne l'embêteront plus. Mais, je te préviens que l'un d'entre eux à un frère et il t'en veut beaucoup. Je tenais à te prévenir si jamais on retrouve nos corps.

Mon air choqué devait se dépeindre sur tout mon visage. Kalie me mettait vraiment en garde après avoir défendu mon frère ? J'inspirai et expirai le plus fort possible, mon sang encore en ébullition.

— Tu as vraiment pris la défense de Damien ?

Elle parut étonnée.

— Évidemment, Jonathan. Tu en doutais ?

— Je...

— On a passé ce stade du « je te cache des choses importantes ». Je sais que Damien est ton frère et j'aurais pu le laisser se débrouiller seul ou tout simplement ne pas t'en parler, mais quand on a parlé de repartir de zéro, j'étais sérieuse.

Kalie n'avait pas hésité une seule seconde à prendre la défense de mon frère. Elle n'avait pas hésité à m'en parler et me mettre en garde contre un grand-frère potentiellement en colère qui allait me mettre une râclé (si jamais on retrouvait nos corps).

— Mais pourquoi tu me préviens ? Pourquoi tu me mets en garde contre le grand-frère du gosse ? Pourquoi tu protèges ma famille ? Après tout ce que je t'ai fait.

Elle rit légèrement, étonnée par ma réaction.

— Déjà, Damien est différent de toi. Ce n'est pas parce-que tu m'as fait du mal que je dois lui en faire. Et puis quand bien même, ma non-intervention t'aurait fait du mal, ce n'est plus ce que je cherche. Même si je ne te supportais pas Jonathan, ces temps-ci ont été assez dingues. Assez dingue pour qu'on se rapproche un minimum. Te mettre en colère, t'énerver, faire de cachotteries par peur de t'énerver ou te rendre triste... je veux changer tout ça.

Mon cœur tambourinait dans ma poitrine et impossible de le faire taire. Qu'est-ce qu'il m'arrivait au juste ?

— Et puis, je suis sûre que tu aurais fait la même chose.

Non, Kalie. Je suis un connard sans cœur. Tu as protégé ma famille, mon petit-frère et as eu le courage de m'en parler, de me mettre en garde, alors que moi j'ai violé ton intimité en lisant ton journal et je te cache depuis quelques semaines que ta copine est une manipulatrice et que j'ai couché avec elle.

Aucun son ne sortit de ma bouche et pour la première fois depuis longtemps, je sentis les larmes me monter aux yeux. Bordel de merde, je fais quoi maintenant ? Kalie avait raison, elle faisait des efforts et elle seule en faisait. Moi ? Aucune évolution de mon côté et je m'en voulais plus que je ne l'aurais pensé. La culpabilité refit surface de plus belle. Pour couper court à a conversation, je me retournai vers Kalie :

— Merci Kalie, je... je dois y aller.

Ce n'était absolument pas naturel, mais peu importe, j'avais l'impression de suffoquer dans cette maison, cette vie, ce corps. Sans aucun contrôle, quelques larmes tombèrent. À la fin, je me retrouvais toujours coupable envers elle. 

Rends-moi mon corps ! TOME 1 #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant