Il est démonique d'oublier

Chapitre 2

Il poussa les immenses portes du temple de la lumière, un soulagement énorme le pris lorsqu'il fit son premier pas dans ce lieu sacré avant que ses jambes ne le lâchent et qu'il ne s'écroule au sol. Plus d'une fois il avait renoncé à l'espoir d'arriver ici, traverser la mer dans une embarcation de fortune dérobée était une tache difficile, mais elle l'était d'autant plus pour lui qui pouvait disparaître à la moindre goutte d'eau. En repensant à son périple et à la tempête qui avait bien failli mettre fin à son existence il fût pris d'un rire nerveux, qui se transforma bien vite en rire fou. Il l'avait fait ! Il était parvenu jusqu'au temple ! La puissance était à porté de main ! La lumière que la porte ouverte laissait entrer lui permis de les voir, les pierres, toutes incrustées le long du mur par ordre de puissance. Chacune avait sa propre couleur, chacune avait son propre pouvoir. Clouse se leva maladroitement et quelques rires nerveux lui échappèrent alors qu'il tituba vers la première d'entre elle. Il l'agrippa pour tenter de l'arracher à sa prison de pierre, elle ne bougea qu'à peine mais le banni persista et dans un hurlement de rage il fini par la libérer. Il fût pris d'un nouvel éclat de rire, posa son précieux au centre de la pièce et réitéra l'opération avec les cinq pierres restantes. Lorsqu'elles furent toutes alignées, il s'assit devant elles pour contempler son butin, un sourire gigantesque sur son visage d'ordinaire si stoïque déformait ses traits fantomatiques. 

"Enfin, je les ai toutes ! Leur puissance est à moi ! La puissance des guerriers les plus redoutables d'Overlord est à moi !"

Il se mit à les effleurer du doigt, comme si le moindre contact trop brusque risquait de les briser en milles morceaux, puis il se mis à lentement les caresser tel le plus précieux des trésors, se remémorant leurs supposés pouvoirs à chaque touché : verte pour l'espace, une grise pour la forme du vivant et une grise pour la forme de l'inanimé, bleue pour l'esprit, violette pour l'énergie et enfin rouge pour la télékinésie. Son livre de sortilège était perdu, il n'avait pas trouvé la moindre lampe, mais finalement il avait enfin le moyen de se venger de ces foutus ninjas ! Il les imaginait déjà rampant à ses pieds lui demandant grâce, et se fera un plaisir de les écraser, tout particulièrement le fils de cet enfoiré de Garmadon et cet enculé de ninja rouge qui avait retourné Skylor contre lui et son maître ! 

L'ancien sorcier resta longtemps ainsi, accroupit devant ses précieux à imaginer sa future victoire. Soudain, il mit toutes les pierres dans son sac de voyage sans aucune douceur, trop pressé pour être consciencieux, se dressa aussi droit qu'un lampadaire et brandi la gemme verte au dessus de sa tête. Il resta ainsi plusieurs secondes avant de baisser le bras pour regarder la pierre d'un air septique, il n'avait tout de même pas fait tout ce voyage pour rien ? Puis il réalisa qu'il se trouvait toujours dans le temple de la lumière, temple créé pour bloquer leurs pouvoirs, il était si absorbé par ses idées qu'il avait oublié d'en sortir. Il se dirigea donc à l'extérieure du temple puis réitéra son geste, moins sûr de lui qu'au premier essai. Il s'écoula quelques secondes où rien ne se produisit et Clouse sentit une sueur froide le prendre, ce n'était tout de même pas juste des bijoux sans valeur, ça ne pouvait pas être juste des bijoux sans valeur ! Pas après tout ce qu'il avait enduré pour arriver ici ! C'était injuste ! Mais soudain, une lueur verdâtre, faible mais présente, émana de la pierre en même temps qu'un sourire fou de joie et de soulagement sur le visage du fantôme. Il fallait juste le temps qu'elles se réveillent, rein de plus ! Ça allait marcher ! Il était sur le point de se rendre chez les ninjas mais il se ravisa vite, il ne connaissait pas assez ses nouveaux pouvoirs à contrario de ses ennemis qui connaissaient les leurs sur le bout des doigt, il lui fallait de l'entrainement. Le souvenir des habitants de Styx le pourchassant lui revint en mémoire et une rage folle l'envahit. Il avait trouvé son camp d'entrainement. Son regard - qui s'était perdue dans la vague - revint sur la pierre qui brillait de plus en plus et s'adressa à elle d'une voix emplie d'une autorité froide, comme s'il s'adressait à un sous fifre.

"Emmène moi à la ville de Styx."

Et dans un éclat de lumière verte la pierre le téléporta.