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P.d.v. de Mously

-Dis-lui que je ne suis pas là!

Répondu-je à Amina qui vient m'annoncer la visite de Bachir à laquelle je m'attendais déjà.
Je sais déjà pourquoi il est là et ne veux surtout pas en parler avec lui car il a beau essayer de m'interdire d'approcher mes enfants : jamais je n'accepterai de le faire.
Hier, je n'avais pas prévu qu'il pouvait être dans la boutique de Mareme.
En fait, il y a à peine un mois de cela, je suis passée dans celle-ci, comme une simple cliente.
Intérieurement, j'espérais qu'elle me reconnaisse en me voyant mais elle s'était contenté de me servir son magnifique sourire, toute joyeuse. Après tout, ç'aurait été un miracle, quand je la quittais, elle n'étais encore qu'un bébé: j'ai alors joué le jeu, ayant voulu omettre mon prénom pour ne pas qu'elle soupçonne dans ce cas celle que je suis pour elle,mais je suis déjà assez connu pour qu'elle sache que je suis Mously Sarr Sylla et depuis, je passe la voir, prétextant acheter rien que pour pouvoir passer du temps avec elle et heureusement, elle semble apprécier ma compagnie, ma petite dernière.

Je me suis tenu à l'écart ces trois dernières années mais je n'y peux plus rien; j'ai ce besoin de savoir dans quoi ils sont, j'ai ce besoin de les voir, de partager, bien qu'à ma manière leur vie.
J'ai arrêté avec les détectives comme Bachir me l'avait ordonné mais peux t-il m'interdire d'aller dans la boutique que je veux pour m'acheter des vêtements, même s'il s'agit de celle de ma fille!

Je continuais à préparer la marinade: j'ai pour coutume de cuisiner moi-même les Vendredi soir car c'est une habitude que j'ai pris avec mon défunt mari: Hamid Sylla.

Je me souviens que nous partagions la cuisine et le camis blanc qu'il avait l'habitude de mettre terminait toujours à la machine à laver, tellement il était maladroit!

A cette pensée, un bref sourire se dessine sur mes lèvres.

-Ha! Hamid! Si tu savais combien ma vie est devenue fade depuis que tu es parti!
Je suis seule au monde: mes parents me rejettent toujours et racontent partout que je suis morte. Ta famille me déteste et a coupé tout contact avec moi, tes cousins me rendent la vie impossible juste parce que j'ai hérité de tes actions et que je les dirige malgré eux; je suis seule au monde Hamid! Seule au monde; alors comment Bachir peut-il m'en vouloir d'essayer au moins de me rapprocher de mes enfants? Hein Hamid, comment?
Comme tout le monde, il n'a pas pitié de moi, mis à part toi, Hamid, personne sur cette terre n'a pitié de moi, tous pensent que je suis comblée et pourtant je souffre! Je souffre et je sombre chaque jour un peu plus dans les regrets: je regrette Hamid! Je regrette tellement de ne pas avoir su t'aimer comme tu le méritais, comme toi tu m'aimais. Seigneur! Pourquoi mon cœur a t-il préféré la souffrance? Pourquoi préfère t-il ce démon qui n'a fait que me faire souffrir à l'ange qui m'a sauvé et m'a fait sortir du calvaire dans lequel j'étais, pourquoi?!

-MOUSLY! SORS DE LÀ! JE SAIS QUE TU M'ENTENDS!

La voix de Bachir qui aboie devant la porte, me fait sortir de mes pensées.
Depuis la fenêtre qui donne sur le seuil, je le vois debout, Moussa, le gardien devant lui, sûrement pour ne pas qu'il entre, ce qui a dû déclencher sa colère.

J'enlève alors mon tablier pour me mettre sur le balcon car tel qu'il est, je n'ose pas me présenter devant lui.

-Bon sang, que diable me veux-tu?

Lui crié-je assez pour qu'il puisse m'entendre de là où il est.
Il lève les yeux vers moi, une main sur la hanche, l'autre me toisant.

-Je vais te tuer! Je te jure que je vais te tuer!

RegretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant