Chapitre 25 : Perdue dans le cœur

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Ioann.

Sa carrure mince et ses cheveux en bataille étaient reconnaissable, tandis qu'il marchait lentement et tête baissée en direction de la porte blindée située à l'ouest. En revanche, je ne pouvais pas voir un trait de son visage. Les ampoules n'étaient pas assez puissantes et j'étais trop en hauteur.

Sous le cœur qui s'emballait et les yeux remplis d'espoir, heureuse de le voir indemne, je poussais presque Juna en passant à coté d'elle rapidement dans le but d'atteindre les escaliers et de rejoindre Ioann. Je laissais derrière moi l'interrogation de ma partenaire, suivit de ses mots :

"Mieko ! Mais où tu vas ?! Hé, Mieko ! Reviens !"

Sous ma hâte en descendant des escaliers, je ne réalisais même pas qu'il y avait une maigre logique. "Comment Ioann a pu s'en sortir ?" Je ne réalisais même pas, dans ma précipitation, que je laissais tomber mon amie.

Elle m'avait promis qu'on resterait ensemble...

Mais j'ai brisé cette promesse.

Une fois à l'étage en dessous, je me tournais immédiatement en direction de la porte où Ioann s'y dirigeait. Celle-ci était grande ouverte mais trop sombre pour y voir quelque chose. Ioann était sûrement passé par là.

En ignorant les appels de Juna, je m'y dirigeais en courant tout en appelant l'âme Russe :

"Ioann ! Ioann, attendez !"

Et ainsi, entendant mes talons claquer contre le sol en écho et sentant un vent froid souffler contre mon visage et mes cheveux...

Je passais la porte blindée.

Atterrissant sans le savoir au cœur des limbes.

Ce qui était l'extérieur de la prison était en réalité... Un lieu mort.

Ou plutôt un lieu figé.

J'étais entrain de marcher sur une petite route entouré d'arbres et de maison. Un quartier au ciel nuageux, quoi.Et tout était de couleur gris. Le ciel, les arbres, les maisons... Tout... A part moi, bien sûr. Je fus également surprise de la beauté des lieux. On aurait dit que le temps était bel et bien arrêté... Comme dans un décor inactif.

Je marchais doucement, en observant les environs. Je ne savais pas pourquoi mais j'étais éblouie.

Je me sentais bien.

En revanche, aucune trace de Ioann. Ni même de quelqu'un d'autre. J'étais plongée dans une solitude profonde auquel je ne m'y attendais pas.

"Est-ce que cette endroit fait partie du monde de l'échappatoire ?" me demandais-je à voix haute.

Et bien sûr, personne n'était là pour me répondre. D'ailleurs, c'est à ce moment que je réalisais que j'avais laissé Juna derrière moi, ainsi que la recherche des perles de souvenirs.

Mais quand je me retournais, l'entrée par lequel j'était passé avait disparue.

"Mince ! Comment je fais, maintenant ?" me demandais-je en me retournant à nouveau.

Je regardais une nouvelle fois les alentours, où rien ce qui était autours de moi était vivant.

En me souvenant que le MAITRE DU JEU était le responsable du monde, je levais alors ma voix afin de me faire entendre :

"Hey ! Vous êtes là ?! Je crois que je suis bloquée ici ! A moins que ce soit un de vos petits jeux ?"

...

...

...

Pas de réponse.

Je lâchais un soupir, regrettant immédiatement cette pulsion qui m'a poussé à suivre Ioann. Mais était-ce vraiment lui...?

Ne sachant pas quoi faire, je décide de continuer à marcher le long de cette route. Mes pas me conduisaient au loin, et j'espérais ne pas être bloqué ici très longtemps.

J'avais un temps limité, après tout.

Cependant, je compris très vite l'entourloupe. Le décor se répétait. Les mêmes maisons longeaient le paysage, ainsi que le même scooter qui était garé sur le trottoir à ma gauche où je passais devant plus d'une fois... Sans oublier cette bouche dégoût à droite entouré de banderoles avec un panneau de travaux à ses cotés.

Ou j'étais dans une boucle, ou ce monde était très répétitif.

"Mais où est-ce que je suis...? Ça va durer longtemps ? Où est la sortie...?"

Au bout d'un moment, je commençais à perdre espoir. J'avais même essayé d'aller vers les maisons, mais quand ce n'était pas le portillon qui était fermé... c'était la portes d'entrée.

Dépitée, je finis par tomber à genoux en plein milieu de la route. Mes mains touchaient ainsi le sol de goudron sec tandis que mes mèches de cheveux couvraient mon visage à tête baissée. Mon regard restait sur ce bout de route.

"Je suis bloquée... C'est ça, hein ? C'est comme la cave du monde de la tromperie. Un piège. J'ai plus qu'à attendre que l'heure passe et à... sombrer."

Petit à petit, des idées noirs envahissaient mon esprits au point d'en venir aux larmes.

J'étais morte... Et j'allais sans-doute périr en n'ayant même pas la moitié de mes souvenirs. Voilà mes pensées.

Mais alors que je fermais les yeux pour pleurer presque silencieusement...

Une soudaine voix me sortit de la dépression.

"Tu abandonnes déjà ?"

Mes paupières s'ouvraient à la vitesse de la lumière avant que je relève la tête. Et c'est ainsi que je vis quelqu'un placé juste en face de moi. Si il y avait du soleil, la corpulence forte aurait fait de l'ombre.

"Player-san ?"

Je reconnaissais bien cette silhouette, ces cheveux et cette tenue. C'était la femme qui m'avait apprit à contrôler la vision de l'aura.

Sans attendre qu'elle dise autre chose, je me relevais en ne la quittant pas des yeux. Cette étrange femme continuait néanmoins à m'intimider avec son regard... Toujours ses yeux de couleur vert...

Je n'avais pas non plus oublié qu'elle avait disparue d'un coup à notre dernière rencontre. Puis je me demandais si cette femme n'était pas aussi un guide...

Bref.

Player-san regardait autours d'elle, explorant visuellement les yeux tout en disant d'une voix grave et basse :

"Cette endroit me rappelle la fois où une jeune fille explorait les souvenirs de sa sœur... C'était quelque chose."

-Vous savez comment on peut sortir d'ici, alors ?

-Mieko, rappelle-moi le nom de ce monde, s'il te plait.

-Pardon ? Hum.. Le monde de l'échappatoire ?

-Exact, donc ça vaut tout dire.

Sur cette dernière phrase, Player-san tournait sa tête vers moi, avant d'esquisser un très léger sourire confiant. Je n'ai pas pu m'empêcher de détourner le regard, gênée.

"Écoutes-moi, ajouta-t-elle, cet endroit représente globalement ce que les vivants pensent croire à propos des limbes. Un endroit vide, et sans sortie où les âmes ne peuvent pas reposer en paix... Mais ça tient un peu du monde de la tromperie car il y a bel et bien une sortie. Tu te doutes bien que je ne vais rien te dire... Mais si je peux te donner un conseil pour le début : Regarde bien l'inhabituel. "

-L'inhabituel ?

-L'inhabituel.

Limbes of Curse [FR]Where stories live. Discover now