Chapitre 5

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Ensuite tu es morte.
Il faut le dire, il faut que je me le grave dans le cerveau. Mais à la place, je m'enferme dans une bulle. Ce qui t'as tué, mon amour excessif, est devenu un bouclier. Je ne reçois plus rien, et les autres non plus. De toute façon ils ne se sont jamais préoccupés de moi que pour rejeter leurs méchancetés. Je suis toute seule, "je" n'as plus de "tu" à qui s'adresser. Toute seule, et tout tourne autour de moi maintenant, car pour les autres tu n'existes plus.
Je ne suis pas allée voir ton corps. Je ne suis pas allée à ton enterrement. Pour moi tu es toujours là, il faut juste que je trouve où. Au lycée, je me demande, si tu étais encore en vie, est-ce que j'aurais été plus sociable ? Est-ce que j'aurais pu sourire, rire, montrer aux autres que je n'étais pas à rejeter mais à garder ? Si tu étais encore en vie, est-ce que j'aurais pu connaître le bonheur, me sentir bien, me sentir moi-même ? Est-ce que j'aurais pu me détacher de toi et être juste bien dans ma peau, me sentir individu libre de mes pensées, de mon histoire et de ma vie, de mes choix ? Et si j'acceptais ta mort, est-ce que je connaîtrais toutes ces choses-là ? Mais pour moi la mort, ta mort, signifie seulement que tu n'es plus en cours avec moi, que tu n'es pas sur le banc qu'on se serait approprié dans le gymnase du lycée. Ta mort, c'est juste manger seule en guettant ta venue, c'est juste t'attendre dehors en regardant si tu vas un jour sortir de ce bus, c'est juste ton numéro de téléphone avec nos dernières conversations, c'est juste vouloir te faire la passe car tu es toujours là pour moi et donner accidentellement le ballon à l'adversaire. C'est juste mon quotidien, sans toi. Mais j'ai trouvé une solution pour te voir.

Je dois te demander pardon.Where stories live. Discover now