Chapitre 2

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Nous avons grandi. Je me sentais plus moi-même, j'étais heureuse avec vous. Avec toi. Sans que l'on ne se le soit jamais avoué, je te considérais comme ma meilleure amie. On se confiait tout, sauf nos panchants sentimentaux. Je regrette tellement. Nous aurions dû en parler, j'aurais dû au moins te faire comprendre, même implicitement, que je ne pouvais pas t'aimer. C'était impossible. Aucun moyen. C'est la malédiction des homos et des heteros.
Tu me faisais rire, je pouvais toujours compter sur toi pendant le sport. Je savais constamment où tu étais, ce que tu faisais. Pas comme une psychopathe mais comme ta meilleure amie. Les autres n'existaient pas. Mais je t'ai vu parler à ces autres, sourire avec eux, et moi je restais enfermée avec les mêmes personnes. J'avais ce besoin de plus en plus pressant d'aimer quelqu'un, d'avoir un petit-ami. J'avais beaucoup d'amour en moi, mais les gens ne m'ont jamais aimée, s'ils ne me rejetaient pas ils se servaient de moi. J'étais souvent le lien entre les garçons et les filles pour leurs histoires. En même temps j'étais ce qu'on appelait à l'époque un "garçon manqué". Je me faisais harceler, on me traitait de mocheté. Étonnamment, ce n'était pas de la discrimination sur ma couleur de peau. Je n'étais juste pas belle, pas attirante. Mais toi tu ne m'as jamais rien dit. On ne s'est jamais jugée sur l'apparence, car à l'intérieur il y avait tellement plus intéressant ! Je te jure, quand tu étais là on ne te manquais pas. Tu étais si drôle, ingénieuse et intelligente ! Au sport, sans avoir de particulières aptitudes physiques, tu semblais toujours faire la passe au bon moment, à la bonne personne ! Les gens ont commencé à devenir moins bêtes, ils n'ont plus fait attention au physique mais bien à ce qu'il y avait au-delà. Mais malgré tous mes efforts pour être intéressante, pour venir vers les gens, paraître à l'aise, j'étais dans ton ombre. Les gars continuaient de dire que j'étais dégueu, pendant les gages, ils ne pouvaient pas m'embrasser sans en faire tout un cinéma et en affichant une grimace de dégoût. Tu étais absente dans ces moments. Parce que je t'ai rejetée. J'ai voulu que les gens me remarquent moi. Mais ça n'a apporté que ma perte. Je vivais une bonne dépression. Et parmi tous mes autres amis, il n'y avait que toi que je voyais encore. À quel moment ça a changé ? A quel moment je me suis sentie différente avec toi ?

Je dois te demander pardon.Where stories live. Discover now