Chapitre 1

22 1 2
                                    

Pour commencer, je souhaiterais te demander pardon. Pour ce qui va suivre, j'aurais tellement aimé que ça se passe autrement. Je t'aime, je tiens à toi. Tu étais ma meilleure amie.
Non, désolée, ce n'est pas comme ça que je vais commencer l'histoire. Je vais commencer par notre rencontre. Au collège. Il fallait faire connaissance avec les autres car aucune de nous deux n'avait d'amis ici. Nous étions dans une classe un peu spéciale : la Classe à Horaires Aménagées Basket. Une classe dans laquelle les mêmes élèves restaient quatre ans, avec des cours de basket en plus dans l'emploi du temps. Je n'aimais pas beaucoup notre collège, mais tu m'as aidée à m'y sentir bien. C'est tout simplement en sport que nous avons parlé pour la première fois. Les associables doivent se faire repérer comme un phare dans la nuit j'imagine, car nous étions les dernières choisies de notre équipe. Je ne sais plus qui a commencé à parler. Tu étais sympa, renfermée, mais je t'aimais bien, en tout cas suffisamment pour rester avec toi. On s'asseyait toujours au même endroit sur les tribunes toutes les deux. Tu m'as raconté que toutes tes amies étaient restées ensemble dans un autre collège. Moi j'avais déménagé de la Bretagne jusqu'à Bordeaux dans l'été. C'était très beau ici, mais mon chez-moi me manquait. Nous avons eu le temps de nous faire d'autres amies avant nos anniversaires. Je n'imaginais pas encore à l'époque à quelle point cette amitié allait durer et se renforcer. À l'école, les amitiés n'étaient que disputes et réconciliations dans la même journée. L'arrivée au collège a changé du tout au tout ma relation avec les autres. On se connaissait tous en primaire, personne n'était vraiment plus amis avec certains qu'avec d'autres. Au collège, il y avait près du triple d'élèves, avec mon déménagement je ne connaissais personne. Je me suis soudain renfermée sur moi-même, découvrant ces anciens enfants se battre pour être le plus connu. Les cours ont commencé, difficiles, les profs rudes. Les autres élèves traitaient notre classe différemment, nous étions les CHAB et pas autre chose. Nous étions un groupe qui ne pouvait être approché, trop différents. On avait notre table, notre car, notre hiérarchie. Mais avec le temps on s'est tous supportés dans la classe. Le sport était ma raison de vivre. Et puis l'adolescence pure arriva. J'ai eu besoin d'amour. Qu'on m'aime, mais aussi que je donne tout l'amour que j'avais en moi.
Tu étais si proche de moi, je suis tellement désolée que ça soit tombé sur toi...

Je dois te demander pardon.Where stories live. Discover now