Forêt.

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Quelque chose se perdait dans tes yeux, une lueur. Impossible de savoir à quoi elle correspondait, mais c'était si doux, si beau que cela atteignait mon cœur.

Au sein de cette forêt brumeuse, tout était silencieux et froid — même les couleurs de l'été laissaient penser à une nuit tombante en pleine journée. C'était indescriptible, ce sentiment demeurait indescriptible.

Tu t'étais enfuie, effrayée, ton sang sur l'herbe fraîche apportait une nouvelle couleur. Complètement. Perdu. Entre tes traces et ma raison. Tu semblais être partie pour une raison particulière qui m'échappait.

Elle était si apaisante, quelques lueurs sombres passaient entre les feuillages et se répendaient sur ces pierres apparentes. Pourtant tout était si froid. Quelques craquement de petites branches se faisaient entendre, se métamorphosant en écho soudain. Créant un trouble dans cet étrange atmosphère.

Ton fantôme arpentait encore les alentours. Parfois, ta main rencontrait la mienne comme si tu la tenais encore. Encore et encore. Comme quand tu avais peur, peur au point de fermer les yeux, le visage crispé, le regard larmoyant. Ça faisait si mal quand cela arrivait. Ça faisait si mal au cœur. Ça faisait si mal à la main. Tu t'en souviens de cette fois là lorsque...

La nuit était presque tombée, alors que le soleil avait été à son apogée il y a si peu de temps. La forêt avait changé d'apparence. Les fleurs se fermèrent sur elles-mêmes, la brume devint plus épaisse. Et quelque chose apparu.

Tu avais tellement serré ma main, entrant tes ongles dans ma peau. Mon sang s'était écoulé par terre, goutte par goutte, au même endroit pendant plusieurs minutes. Moi aussi, moi aussi. La douleur et la peur s'emparaient de plus en plus de moi. Pourtant aucun mot ne s'était évadé de mon esprit. Et ton regard sur moi, quand tu rouvrais les yeux …

Cela disparut presque aussitôt qu'il fut aperçu. Incompréhensible. Incensé. De quoi troubler l'âme de personnes innocentes. La brume changeait de teinte — maintenant plus violacée. Cela semblait être un poison merveilleux. Effaçant les traces qui n'avaient rien à faire là, les faisant disparaître tel un souvenir lointain. Tout redevenait innocent et pur, beau et jeune. C'était incroyable.

Tu avais cette lueur au fond, elle brillait trop. Comme si tu étais sur le point de pleurer tes yeux s'étaient injectés de rouge, et très vite tu m'as fait comprendre que tu étais effrayée. Alors tu disparus de mon champs de vision. Et moi, et moi... Il m'était impossible de bouger. Incompréhensible. Incensé. Encore et encore. Tu n'es jamais ré-apparu devant moi.

La forêt était sombre à présent — sans lumière, sans rien. Troublé, perdu entre tes traces et la brume qui les effaçait. Se dépêcher, courir pour ne pas t'oublier, pour te retrouver. Tu t'étais enfuie, sans raison apparente. Ça m'avait blessé plus que ce qui était attendu. Voulant ignorer que tu étais partie dans cette forêt, blessée à cause des rochers et des ronces veineuses.
Les fleurs n'existaient presque plus, disparaissant du monde tel un mirage. Comme ce sang rouge frais, tout revenait à son état d'origine : les êtres floraux devenaient des graines, les animaux étaient bientôt des œufs et pour d'autres des particules. C'était déstabilisant.
Tu devais rester à la maison, protéger de tout, mais tu es partie si vite et si loin. Tu m'as effrayé. Mais saches que lorsque tu es blessée, il en est de même pour moi. Reliés par cette forêt — cette forêt qui nous tue sans cesse. Tu es mourrante comme tu m'as échappé. Sous cette lune l'orage éclate et le feu se répand. Le feu se répand autour de moi, de toi et m'embrase. Et lorsque je disparais, je sais que toi aussi tu as disparu dans les limbes profondes. À jamais.

Les Nuits Sans Etoiles.Where stories live. Discover now