Doux amour d'une nuit, douce folie d'une vie.

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« Ah, si on m'avait dit ça. Si on m'avait qu'un jour ma vie tournerait telle les romans policiers américains, je n'aurai jamais cru l'imbécile qui me l'aurait crié. Pourtant...

Pourtant j'ai bien rencontré cette fille à cette soirée, celle un peu trop cool et à l'ouest pour s'intégrer à un groupe. Elle n'était pas particulièrement jolie mais avait un certain charme de par son style vestimentaire, ouais c'était ça, elle avait un putain de charme.

Elle l'était un peu moins lorsqu'on la retrouvée dehors à vomir ses tripes parce qu'elle avait trop bu. Je suis venue la soutenir, lui tenant les cheveux et appelant d'autres pour qu'ils m'aident. On est restées peut-être une heure ou deux, dans le froid de la nuit, à attendre toutes les deux qu'elle aille un peu mieux. Et chose à laquelle je n'avais pas prêté attention c'était son parfum.

Elle sentait un mélange de produits d'entretien et de menthe, un peu comme du dentifrice. C'est pas vraiment un compliment dit de cette manière, il est vrai... Mais quelque chose m'avait bouleversée cette nuit-là et, et... je ne savais pas ce que c'était à ce moment-là.

En y repensant c'était agréable cette sensation, celle qu'il y avait quand nos regards s'accrochaient ensemble et que l'ambiance devenait comme électrique. Une tension prenait place jusqu'à ce quelqu'un l'interrompe. Elle avait quelque chose, ce quelque chose que personne n'avait jamais eu à mes yeux.

Bien sûr, j'avais eu quelques relations dites « amoureuses » mais aucune ne m'avaient affectées, ça n'avait été que divertissement et découverte. Mes amis pensaient que j'étais amoureuse des garçons avec qui je sortais, mais peut-être en dehors d'un ou deux, jamais. J'avais juste ce besoin d'avoir quelqu'un à prendre avec moi en soirée ou en vacances de temps en temps. Cependant, elle, cette fille, j'ai finalement su ce qu'elle m'avait fait. Elle m'avait séduite en l'espace de quelques heures. Et impossible de me souvenir de son prénom. Néanmoins son visage et son parfum me hantaient sans cesse, ils étaient là, partout autour de moi tous les jours. Durant des mois.

Jamais je n'ai osé demandé qui elle était à ceux présents ce soir là, jusqu'à il y a cinq mois. Et j'ai eu comme besoin de coucher sur papier tout ça, juste pour y croire tellement ça paraît improbable et tiré par les cheveux : personne, j'ai bien dit, personne ne se souvient de quelqu'un qui a vomi à cette foutue soirée. Même celle qui a tout organisé affirme qu'il n'y a rien eu de tout ça. C'est incroyable. Pas dans le bon sens parce que j'ai l'impression d'avoir complètement déliré le temps d'une nuit. Alors, alors... Alors... j'ai cherché dans mon téléphone les vidéos, et évidemment – ce serait trop facile autrement – on ne la voit sur aucune. Mais en grande génie que je suis, j'ai demandé à tout le monde de m'envoyer toutes les vidéos et les photos de ce soir-là. Il n'y avait pas d'autres choix. Elle devait bien apparaître quelque part même une demie-seconde.

Comment ils ont fait pour oublier cela alors qu'on a passé notre temps à s'occuper d'elle, en la consolant parce qu'elle avait l'alcool triste ? Ça n'a aucun sens, définitivement aucun. Et après visualisation de chaque chose, on ne la voit jamais alors qu'on me voit moi, lorsque j'étais supposée être avec elle.

Aujourd'hui, là, en ce jour le 15 décembre 2018. Ça fait un an que ça s'est passé. Une année que l'odeur d'un dentifrice à la menthe me hantait – c'est de plus en plus ridicule comme histoire bordel –. Maintenant, je peux enfin dire, écrire, crier ce qu'il s'est passé. Le vendredi 15 décembre 2017 à l'heure où je l'ai vue pour la première fois, l'heure où elle m'a fait tombée amoureuse d'elle ; Hélène âgée de 21 ans étudiante à la faculté de Lettres de Tours, venait de mourir suite aux blessures d'une agression qu'elle venait de subir. Elle n'a jamais pu venir. Au moment où je l'ai vue, elle venait de mourir dans une rue déserte et mal éclairée...

Aujourd'hui, mon meilleur ami va m'emmener à l'hôpital, je lui ai dit ce matin parce que je viens à peine de réaliser. J'ai à peine remarqué que j'ai couché avec quelqu'un qui n'est jamais venu, avec quelqu'un de décédé. Mon meilleur ami dit que je débloque un peu mais que c'est normal d'être traumatisé de la mort d'une personne qu'on connaissait.

Le problème c'est qu'avant ce soir-là, je n'avais jamais vu son visage quelque part. »

Les Nuits Sans Etoiles.Where stories live. Discover now