Secret.

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« J’aurai pu t’écrire une lettre. J’aurai pu t’écrire des vers. J’aurai pu t’écrire avant. Mais je n’aurai pas pu t’écrire plus tard. Il y au-delà du désir un besoin insatiable de t’écrire. Sur quoi ? Sur toi, sur moi, sur ce « nous » que j’espère et qui ne viendra jamais. Je ne suis pas rancunière, loin de là, c’est juste moi qui me suis convaincue que c’était toi. Toi celui que j’attendais depuis tant d’années d’errances dans le froid glacé des pseudos amours que j’ai eu. Pourtant j’ai cru il y a quelques années avoir détruit mon âme sœur, et me revoilà à espérer ! Quelle idiotie. Je connais le mal mais ne peux m’empêcher de vouloir m’en approcher tel Icare près du soleil. Et c’est ainsi. J’aurai aimé beaucoup de choses. Mais par dessus tout j’aurai aimé que tu sois celui qu’on m’a promis. Cet être qui devait m’accompagner toute ma vie, sans jamais douter. Et me voilà, face à la vérité tu n’es pas mon promis et je ne peux rien y faire. Ça n’est pas encore de l’amour parce que je fuis, je m’enfuis de ses bras qui essaie de me rapporter à toi sans cesse. J’ai peur, tu sais. Peur de t’aimer. Peur de brûler mes ailes encore une fois. Peur que ça ai déjà commencé. Brûler mes ailes et tomber ce n’est pas si grave. Rien ne l’est si ce n’est que cette fois-ci je ne me relèverai pas. Pas comme j’ai pu le faire auparavant ; je ne serai plus rien que poussières et regrets, tandis que toi tu sera désespoir et mal être. Parce que je sais. Je sais que tu ne voudrais pour rien au monde nous blesser mon cœur et moi, mais cela semble de plus en plus inévitable.
Il faut se rendre à l’évidence, cela est juste du dénie car t’écrire mais insupportable mais nécessaire. T’entendre prononcer le nom d’autres rend mon cœur un peu plus en cendres et mes espoirs à néant. Mais que veux-tu ? Puis-je vraiment t’en vouloir ? Bien sûr que non voudrait la raison, bien sûr que oui voudrait mon cœur. Car au fond je sais que tu sais et que tu attends juste que j’avoue ce qui me brûle la gorge et presque la langue. Tu sais, je n’en ferai rien. Je resterai silencieuse et te regarderai grandir, prendre ton envol comme tu cherche à le faire depuis si longtemps, et moi je ne ferai rien, rien que pleurer mon amour et mes regrets. Tu sais tout ça, tout ces mots, toutes ces lettres alignées ne sont rien d’autres que le fruit de mes sentiments, que la dague qui transperce mon âme à n’en plus finir. C’en est si douloureux que je préfère l’ignorer et me blesser autrement.
Tu sais, parfois je pense à la chaleur de tes bras et à cet amour que l’on pourrait vivre toi et moi. Puis je sais que ça ne va pas. Rien ne va. Que ce soit toi et moi, l’amour ou la chaleur de tes bras. Ce tableau ne peut exister, c’est juste une sorte de fantasme mal fait, mal amené. Ne m’en veux pas pour tout cela. Je fais au mieux, tu restera mon secret, une personne que les autres ignorent. Et moi je ne serai pas mieux qu’eux. Je partirai avec ma fierté sans toi. Sans cet amour destructeur. Avec mon âme transpercée de cette dague et les souvenirs brûlants d’un amour non réciproque. »

Les Nuits Sans Etoiles.Where stories live. Discover now