Amour.

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" Une nuit d'été de août. La fraîcheur qui donne la chaire de poule. Les étoiles scintillantes tout juste visible par delà les lumières des lampadaires et des fenêtres. Quelques cris se discernant parmi le bruit des automobiles. La vie citadine. Une vie bruyante et pleine d'yeux et d'oreilles ; sans vraiment d'intimité nous vivons là, nous deux. Est-ce que toi aussi, tu la perçois ainsi la vie ici ? J'aimerais entendre encore ta voix, ta voix me murmurant doucement des mots imperceptibles pour les autres. J'aimerais revoir tes yeux qui semblaient détenir en eux toute la bonté du monde, comme s'ils ne pouvaient mentir, un sentiment de sécurité m'envahissait à tes côtés. Dès que je doutais tu me ramenais un pied sur terre, alors que toi-même tu ne savais pas où tu étais. Mais tu as toujours été comme ça, tu faisais passer les autres avant toi, et intimement je le sais que tu le fais encore.

Tu ne liras jamais ces mots, et ce n'est pas bien grave – car je ne veux pas que tu les lise. J'ai essayé de t'écrire il y a quelques temps, mais rien n'est venu, rien, seulement le vide. Pourtant il y avait tellement de choses à te dire ; te dire comment tu m'apaise, comment le monde est si différent avec toi, comment le sourire de quelqu'un ne m'a jamais parue aussi beau jusqu'à ce jour. Mais, tout ça je te ne l'ai pas dit. Et je te ne le dirai probablement jamais. Pour trouver les mots ce soir, il a fallu que la nuit envahisse mon cœur et mon corps, qu'elle me ramène auprès d'elle car elle ne berce plus. La lune a disparu et parfois, j'aimerais que toi aussi tu disparaisse de mes pensées. Tu étais et es toujours mon bonheur depuis un long moment maintenant, mais je ne veux plus. Je ne veux plus que mon cœur s'accroche à toi et que tout mon esprit ne fasse que tourner autour de toi. Je veux vivre pour moi et non plus pour quelqu'un d'autre.

Tu ne liras jamais ces mots et je ne compte pas te les montrer ni même t'en parler. Nous ne sommes qu'amies alors pourquoi te dédier des mots d'amour. Ah. Amour. Ce mot si fantaisiste et qui nous fait rêver depuis si longtemps. Si tu savais. Je sais être déjà tombée amoureuse, fort, peut-être pas autant qu'avec toi mais... même si c'est cliché, avec toi tout est si différent, si sincère. Avec toi, j'ai su oublié que le monde était assez mauvais, sombre. Tu m'as remis sur la route, ou tout du moins tu as essayé de m'y remettre parce que tu savais que j'en avais besoin. Et j'aurai aimé t'apporter autant que tu m'as apportée, mais ça n'est ni ma place ni ma destinée. Nous ne sommes qu'amies pas amoureuses. Qu'amies. Oui, seulement ça. Et si parfois ça me blesse de me dire que je ne pourrai juste jamais te tenir la main et te regarder comme si le soleil émanait de toi, je me dis aussi que c'est bien. Car ni toi, ni moi ne sommes prêtes à se dédier à une relation ou même à l'autre. Pour toi je n'en connais pas les raisons, et peu importe tu as le droit de juste ne pas le vouloir, quant à moi c'est... plus compliqué. Car je ne sais pas où j'en suis, je me cherche encore, je cours après moi-même. Et quand j'aurai fini par me trouver, et toi par te sentir prête nous ne saurons toujours que amies, c'en est sûr. Car le temps n'est pas infini, et je n'ai pas envie de te demander de m'attendre, et je n'ai pas envie que tu le fasse – si jamais tu m'aime comme je t'aime.

Tu ne liras jamais ces mots car ta réaction m'effraie. Si tu les lisais que ce passerait-il ? Je sais que tu ne veux pas d'une relation, et moi aussi. Ce qui me suffirait ce serait juste de te savoir heureuse, même avec une autre personne. Le fait de t'imaginer un jour aimer quelqu'un est bien sûr désagréable, mais ce n'est rien. Rien comparé à tout le positif que tu m'as donnée. Tu ne te rends pas compte à quel point ton épaule sur laquelle j'ai pu pleurer m'a aidée. Tu me fais voir l'amour d'une autre manière. Et j'aimerais m'adresser à toi en des termes plus osés, plus proches de ce que mon cœur veut, mais « mon amour », est inexact. Alors peut-être que juste « amour » suffirait ici. Car après tout nous ne sommes qu'amies, bien qu'à mes yeux tu ne sois que amour. Ces mots très clichés peuvent sonner terriblement niais et faux, pourtant il n'y qu'eux qui me viennent pour te décrire. Et toi, comment pourrais-tu me décrire ?... Je n'en sais rien, et peu importe. Peu importe encore une fois car il me semble que c'est la première fois que tu es ma muse, et j'espère bien que ce soit la dernière. Amour, je veux te laisser partir. Je ne veux plus te voir comme celle qui illumine mon monde ainsi, bien sûr que le désir que tu sois dans ma vie est fort, mais j'en ai assez de ne voir que toi. Toi. Toi. Seulement toi. Tout le temps. Nous sommes tellement, et tu es la seule.

Tu ne liras jamais ces mots, car tu n'as aucune idée qu'ils te sont adressés, amour. Tu sais pourtant que j'écris, que c'est une part de moi, mais tu ne sais rien d'autre. Et tu n'en saura jamais rien. Tu sais amour, j'ai déjà aimé passionnément, beaucoup même – les gens sont incroyables, tu ne trouve pas ? Cependant lorsque j'écris ces mots, un pincement au cœur me vient, mes mains tremblent, comme si c'était une maladie terrible l'amour. Tu sais amour, j'aimerais que tu saches que j'ai l'impression de tomber amoureuse pour la première fois. Comme si c'était tout nouveau, et ça me fait de la peine, car si c'est toi mon premier amour, qu'était-ce les autres? Ces autres que je suis tant persuadée avoir aimé, et à qui une fois même j'ai offert mon cœur. J'aimerais que tu réponde à toutes mes questions, questions dont tu n'as pas idée.

Tu sais, il y a toutes ces fois, amour, où je me demande ce à quoi tu pense quand on est ensemble. Quand tu souris juste comme ça, alors que le silence nous couvre de son voile. J'aimerais savoir si tu m'apprécies un peu comme moi je t'apprécies, même si rien ne se passe. Car tu sais, amour, dès fois je me demande si quelqu'un m'aimera comme je l'aime. Et ça me paraît impossible. Puis dès fois, j'aimerais savoir pourquoi le destin t'a mise dans ma vie comme ça, sans prévenir ; comme s'il se jouait de moi, de me voir languir des tes paroles ou de tes sourires.

Tu sais, il y a toutes ces fois, amour, où une journée passe et la nuit se découvre – comme ce soir, et je me demande si toi aussi tu y pense. Tu pense à ces soirées passées ensemble, oubliant un peu le reste du monde, il n'y avait plus que nous. Tes yeux brillants à chaque instant, ton rire s'envolant dans l'air si souvent, c'était un brin d'amour en moi qui fleurissait à chaque fois. Le crépuscule reflétant sur ta peau blanche, le vent t'enveloppant doucement, et tes paroles qui perçaient un peu plus mon cœur pendant que ta voix me berçait. Était ce juste moi, ou toi aussi tu ressentais cela ?

Tu sais, il y a toutes ces fois, amour où la voiture me berçait au rythme de la vitesse, j'aurai pu regarder ton profil, ta concentration pour nous amener ou nous ramener, pourtant je n'en ai rien fait. Mes yeux regardant droit devant ou bien fixant le paysage ; tout ça pour calmer mon cœur et mes pensées qui fusaient à toute allure. C'était presque une habitude de se voir les soirs d'été, de rentrer au cœur de la nuit après avoir quitter la fraîcheur du bord de mer, le brouhaha de la ville nous accueillait de nouveau. Pourtant, je ne me souviens pas du fracas qu'il y avait, mon esprit occupé par la soirée qu'on venait de passer. Tout me semblait être un délicieux rêve, un sourire béat aux lèvres et je tombais un peu plus pour toi. Sans cesse.

Tu sais, il y a toutes ces fois, amour où j'ai nié mes sentiments pour toi alors que tout le monde les voyait, et est-ce vraiment ma faute lorsque tu me fais découvrir la vie ? J'ai eu peur, refusant d'admettre que quelqu'un pourrait me sortir de mes habitudes, et maintenant même en l'admettant j'ai peur. Car je ne veux juste plus être déçue ; je veux être heureuse, heureuse par moi-même. Et je sais que même si mon amour était rendu, tu comprendrais mon rejet. Tu comprendrais tant que tu m'encouragerais, car tu es comme ça. Tu crois toujours en moi, sans cesse.

Tu sais, il y a toutes ces fois, amour où j'ai souhaité qu'il parte, cet amour. Car il m'épuise horriblement. Parfois il devient un poids, un fardeau à porter et il me fait mal. Me demandant si je mérite vraiment de t'avoir dans ma vie, et si j'ai le droit de t'aimer comme je le fais. Me demandant si tu ne fais pas ça par pitié, tu sais, m'apprécier. Me demandant si un jour tu ne va pas juste m'ignorer comme tant l'ont fait avant toi. Me demandant si tu n'as pas déjà quelqu'un dans ton cœur à qui tu voudrais dire des mots tendres et à qui tu voudrais tenir la main. Me demandant si un jour nous allons plus loin ensemble, tu ne va pas subitement me quitter pour une autre personne. Ces questions ont quasiment toutes une réponse, cependant elles continuent d'être au fond de moi et de scier mon cœur en morceaux comme une chose vulgaire ; les larmes étant sur le point de tomber, car elles me font mal physiquement. Mon cœur se serre autant que ma gorge, alors que cela ne changera rien, et que ces interrogations ne sont qu'éphémères.

Tu sais, il y a toutes ces fois, amour où juste en te regardant j'ai su que tu ne m'étais pas destinée de la manière dont j'espérais pendant longtemps. Mais ce n'est de la faute de personne. Il est juste temps pour moi de te regarder autrement, le monde avancera tout de même avec ou sans toi, amour. Il existe tellement de personnes ici, là-bas que nous pouvons rencontrer et aimer, alors même si je t'aime plus que tout, amour. Il est temps de te laisser t'en aller, partir, dans une autre direction. Même si tu me disais que tu m'aimes comme je t'aime maintenant, je n'en voudrais pas plus que ce que nous avons actuellement. Car j'en suis heureuse, mais cela me blesse tout de même. Alors, va t-en. Merci amour, merci d'avoir été dans ma vie. "

Les Nuits Sans Etoiles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant