Les trésors du passé

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Je jetai un coup d'œil à Galaad, qu'attendais-je de lui ? Il ne m'avait jamais défendu, pourquoi le ferait-il aujourd'hui ?

-Era...

Contre toute attente, il s'approcha de moi et me toucha l'épaule, je fis un bond et le fusillai du regard.

-Ne me touche pas !

La douleur passa dans ses yeux d'or, il me fixa longuement, puis la cruauté habituelle qui l'habitait revint et il tourna les talons, sans un regard en arrière.

-Très bien. Débrouille-toi.

Je tentai de contenir la colère qui bouillonnait dans mes veines, mais c'était peine perdue. Toutes ces années à me taire, à subir...

Je me relevai fièrement, et me plantai devant mon père. sous ses épais cils blonds, ce dernier m'observa calmement,

-Tu me dégoutes. Heureusement que grand-mère n'est plus là pour voir quel monstre tu es devenu.

Ses pupilles se dilatèrent et un sentiment que je ne réussis pas à interpréter sembla soudain illuminer ses yeux. Je ne pus le regarder plus longtemps.

    Ma mère me gifla violemment, à tel point que je chancelai et dus me rattraper à un des fauteuils pour ne pas m'écrouler. La douleur explosa dans ma joue, ma vision se brouilla momentanément.

    Les joues en feu, je me précipitai dans ma chambre, j'entendis ma mère se lancer à ma poursuite, mais mon père l'en empêcha en la retenant pas le bras.

    J'entendis encore leurs voix à mesure que je m'enfonçais dans le dédale de notre appartement.

    -Azel, qu'est-ce que tu fais ?

    -Laisse-là.

    -Mais pourquoi ?

    - Laisse-lui ces derniers instants de solitude. Tu peux au moins lui octroyer ça.

    -Mais je dois lui parler. Elle doit savoir qu'elles seront ses devoirs d'épouse !

    -Elle sait déjà tout ça, Magdalena. Tu l'as bien élevée.

    -Oui... j'ai fait ce que j'ai pu. Mais elle doit y arriver, c'est vital.

    -Je sais, je le sais aussi bien que toi...

    Arrivée dans ma chambre, je fermai ma porte à clé, retirai rageusement cette maudite robe et me jetai sur mon lit, avec mes sous-vêtements comme seuls habits. Ma mère serait folle si elle me voyait. Au diable ma mère, mon père, les quatre Familles et leurs maudites règles ! Au diable la famille Malkam !

    Je pleurai pendant ce qui me semblait être des heures. Pleurer était si étrange, aussi loin que je m'en souvienne, je n'avais jamais pleuré, pas la moindre larme. Nous devions être forts, sans peur, sans aucune faiblesse.

Lorsque je n'eus plus aucune larme à verser, je me relevai et mis une des robes-pulls qui avaient appartenu à ma grand-mère, une grise, douce et chaude. Je mis le nez dedans, son odeur était encore là. Un miracle. Cela suffit à me calmer.

Tu me manques tant grand-mère....

Je me mis à arpenter ma grande chambre, je contemplai ses murs blancs et or que j'avais déjà longuement regardés tout en pensant à ce qui allait advenir de ma vie, ce qu'ils allaient bien pouvoir faire de moi.

Mes yeux se posèrent sur tous ces somptueux meubles nacrés, luxueux et aussi vieux que le Tour d'Ivoire elle-même, datant d'un faste lointain. Ma chambre était somptueuse, majestueuse, lumineuse. Mais moins pompeuse que le reste de notre appartement ou bien que la demeure des Malkam, avec ses teintes rouges et noires, qui me faisaient penser à tout le sang versé par les miens.

La Tour d'Ivoire - Tome 1 Where stories live. Discover now