Chapitre 20 : des changements notables

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Il resta plus curieux encore devant les graines. Il n'avait jamais eu de potager. Souvent, il fallait mettre des protections contre le gel par ici. Il n'était pas équipé pour et ça coutait trop cher pour lui, sans parler du fait que ses deux seuls fournisseurs n'étaient pas orientés vers ce type de produit. Néanmoins dans la caisse, il semblait y avoir de tout. C'était vraiment inattendu.

— Sam a conseillé les parents pour te trouver des choses qui pourraient te convenir. Est-ce que ça te plait ?

Il hocha sèchement de la tête, mal à l'aise. Il ne pourrait plus dire que Sam était un « p'tain de connard d'imbécile sans cerveau ! » à présent. Il se contenterait de le traiter d'idiot. Un gentil idiot qui le connaissait beaucoup mieux qu'il ne le pensait.

Cassy les regardait faire, depuis le lit qui lui servait véritablement de nid, l'air peu intéressée. Elle étouffa un bâillement.

— Oh et j'oubliais le plus important. Le cadeau de Cassy.

Elle leva le nez et écarquilla les yeux, surpris. Elle avait déjà eu un doudou, tout doux comme un chinchimotte. Pourquoi aurait-elle encore autre chose ? Elle regarda Marc sortir de sa veste un truc bizarre et ne comprit pas immédiatement. Marc dû l'ouvrir et lui montrer pour qu'enfin elle s'approche et essaye. Elle semblait n'avoir jamais au grand jamais testé quelque chose comme ça ... c'était pourtant simplement une boite de feutre et un cahier de coloriage qu'il lui tendait là. Sa prise sur le feutre était malhabile et elle gribouillait de partout, sans respecter les lignes épaisses qui définissaient le dessin, mais elle semblait contente et c'était bien le plus important.

Quand Hank descendit ranger les outils dans sa cave, il étouffa un juron. C'était plein à craquer. Il y avait de la nourriture de partout, en pagaille. Il tourna certains bocaux pour comprendre ce qui était dedans et se sentit très bête : il ne savait même pas quel goût avait certains de ces trucs. Tout ce qu'il pouvait dire c'est qu'il avait soudain l'impression d'être au cœur d'une caverne aux trésors. L'idée qu'il n'aurait pas à souffrir de la faim en cas de mauvaise chasse était vraiment douce. Ça l'avait inquiété d'avoir du mal à nourrir la petite, il était maintenant pleinement rassuré.

Le soir, après avoir diné avec l'un des nouveaux trucs, étranges mais franchement pas mauvais, qu'il venait de découvrir, Marc toussota, puis prit la parole d'une voix gênée.

— Ecoutes Hank ... Je sais que tu fais déjà beaucoup d'efforts ... mais j'aimerai que nous troquions encore.

Le sauvageon l'observa froidement. C'était sa manière de lui annoncer qu'il allait devoir faire d'autres concessions. Il voyait bien à la façon dont Marc agitait l'idée d'une récompense, que ce ne serait pas agréable, alors il se renfrogna.

Le pire, c'était qu'il ne pouvait pas refuser. Tout les changements et les trucs que Marc réclamait, c'était toujours pour le bien des gosses, alors pour Cassy, il accepterait au bout du compte. Avec ou sans troc. Le flic tentait juste de lui rendre un semblant de contrôle pour qu'il ne panique pas.

- Qu'tu veux ?

La réponse ne lui plut pas. Mais alors, pas du tout. Cette nuit-là, alors que Marc dormait enfoncé dans un sac de couchage dans un coin, Hank se tournait et se retournait dans son sac de couchage. Ce que demandait Marc lui pesait sur l'estomac.

Il se demandait si ça voudrait dire qu'à présent, sa cabane ferait parti de la ville ? Est-ce que le béton et le reste viendrait les gangrener ? Marc disait que non, mais ça reviendrait au même. Y'avait qu'en ville qu'on faisait ces trucs-là. Marc avait insisté, expliquant que la petite en aurait besoin et qu'il ferait l'installation. En échange, Hank gagnerait ces fameuses installations et tout ce qui irait avec ... Tout ça, un truc dont il ne voulait pas. Mais si c'était pour la petite ... il prendrait sur lui. Enfin ça, c'était sa décision consciente, ça n'empêchait pas ses bras de le démanger terriblement.

Le lendemain néanmoins, Marc se mit au travail sans attendre, trop content de ne pas juste avoir reçu un « non » ferme et définitif. Pendant l'installation, Hank marcha dans sa forêt en parlant aux chinchimottes, leur expliquant pourquoi ça ne lui plaisait pas, pourquoi ce n'était pas honnête, pourquoi ça n'avait rien à faire dans la forêt ... C'était peut-être idiot de sa part, mais ça restait si étrange. Quand il rentra, il eut l'impression de n'entendre que le bourdonnement, pourtant particulièrement léger de l'appareil. Marc avait ajouté un petit abri, prémonté, près de sa cabane et à l'intérieur, il avait enfermé un groupe électrogène dernier cri. Le but était de faire dans les prochains jours un raccordement basique pour leur permettre d'avoir de la lumière et de l'eau chaude facilement pour que la petite - et eux aussi - puissent avoir une bonne hygiène sans risquer d'attraper froid.

Marc était encore en train de travailler là-dessus quand Hank finit de préparer le repas. Comme il ne voulait pas voir ce « p'tain de moteur », il était allé chasser et avait ramené un lapin dodu. C'était largement suffisant pour eux trois. Hank appela Marc pour qu'il vienne manger, l'air peu aimable et fatigué d'une nouvelle façon.

Cassy les regardait alternativement. Elle n'avait pas trop aimé cette journée. Elle avait dû passer une heure avec Marc, qui bricolait et qui tenait à la garder éloigner des outils. Il lui avait proposé de se remettre à son coloriage. C'était un peu nul quand il n'y avait pas Hank, mais petit à petit, le papier et les couleurs variées avaient fini par l'absorber. Elle n'aimait pas trop la tension qu'il y avait dans l'air et elle n'en comprenait pas la raison. Hank râlait tout le temps, mais il aimait beaucoup Marc. Et Marc faisait un peu peur, mais il était plutôt gentil. Alors pourquoi n'étaient-ils pas comme d'habitude ? 

L'homme de la montagneWhere stories live. Discover now