Chapitre 23

5.5K 329 73
                                    

Hurricanes - Dido
***

Le lendemain matin

J'ouvre les yeux et ne trouve pas Cael à mes côtés. Évidemment. Je me rhabille en silence et sors de la maison, passant une main dans mes cheveux afin de les démêler. Je grimace en sentant quelques nœuds se bloquer dans mes doigts.

Carlos débarque dans le quartier, Ana à côté de lui. Cette dernière lui tient fermement la main et paraît toute heureuse. Lorsque ses yeux de ce même bleu hypnotisant, un large sourire orne ses lèvres tandis qu'elle court en ma direction.

Je m'abaisse et l'accueille, les bras grands ouverts. Son petit corps se presse contre le mien alors que j'enroule mes bras autour d'elle. Je souris à mon tour, tournant la tête vers Cael qui se trouve à quelques mètres de nous seulement.

Ce dernier ne porte qu'un sweat-shirt sombre et un jean, allant parfaitement avec ses baskets blanches et ses cheveux de ce noir presque irréel. Ses yeux me scrutent alors que ses lèvres tressautent et s'étirent en un petit rictus.

Lorsqu'Ana se recule, je replace une mèche de cheveux derrière son oreille et pose délicatement une main sur sa joue.

— Tu as faim ? lui demandé-je, gentiment.

Ana hoche doucement la tête tandis qu'elle saisit timidement ma main pour la serrer. Je l'amène alors devant la réserve de fruit proche de la maison de Diego et lui tends un fruit qu'elle mange sans ménagement. La voir ainsi me fait sourire. Je la vois en prendre d'autre et les engloutir avec appétit.

Cael vient se poster à mes côtés et me regarde.

— Elle t'adore déjà, dit-il en la fixant d'un air attendri.

Je me tourne vers lui, étonnée. Mes lèvres parviennent néanmoins à s'étirer d'elles-mêmes.

— Je l'ai pris sous mon aile, Cael. C'est normal qu'elle m'affectionne ! rétorqué-je, haussant les sourcils.

Cael rit légèrement et acquiesce, convaincu.

— Tu as raison. Maintenant qu'elle a notre protection, commence-t-il en saisissant mon bras, je voudrais que qu'Ana soit ta principale responsabilité.

Surprise de ce souhait, je fixe Cael, incrédule.

— Quoi ? fais-je, abasourdie.

Cael semble hésiter à me répondre puis, il se décide enfin à parler :

— Diego l'a vu courir vers toi et m'a demandé de venir vous voir. Il voit la soudaine affection que te porte Ana et m'a donné l'ordre de te nommer responsable de la menina (*petite fille).

Je détourne les yeux vers Ana et soupire, souriant tristement.

— J'accepte volontiers, déclaré-je, le cœur soudainement léger.

J'entends alors Cael ricaner doucement et se pencher vers mon oreille pour ensuite me chuchoter ces mots-ci :

— Oh, ce n'était pas une proposition.

Lorsqu'il s'écarte, je roule des yeux et le repousse gentiment. Je reporte mon attention sur Ana qui, entre-temps, a fini ses fruits et se contente de me sourire.

Je n'ose imaginer comment elle a terminé orpheline et seule...

Je m'approche d'elle et lui caresse tendrement la joue. Sa peau est douce telle celle d'un nourrisson. Ses grands yeux me regardent tandis que ses lèvres fines bougent légèrement.

— P... Pourquoi faites-vous ça ? me demande-t-elle prudemment d'une petite voix.

Étonnée du fait qu'elle m'ait adressé la parole, je ne réponds pas de suite et lève les yeux vers Cael. Ce dernier est également silencieux bien qu'un rictus se soit formé sur ses lèvres.

São Paulo (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant