Chapitre 17 : accomplir la mission

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Ils finirent d'équiper les chevaux tous ensemble et durant tout ce temps-là, il garda son doute. Il lui avait prévu Dipsy. C'était une jument d'un certain âge qu'ils utilisaient surtout comme poulinière ou parfois pour faire monter les enfants. Elle était très douce et très calme, elle sortait sans soucis mais il fallait néanmoins que son cavalier sache faire preuve d'une certaine douceur. S'il délirait en selle et s'énervait, elle suivrait les commandes, toute aussi incohérentes soient-elles. Néanmoins elle ne partirait pas bien loin, elle aimait le contact du groupe et répondait facilement à sa voix. Il s'en voulu de lui imposer ça.

Ce fut d'une voix hésitante qu'il tenta d'introduire le futur cavalier auprès de la jument avec l'aide de Sam. Il n'osa pas demander s'il était déjà monté, mais il n'eut aucun mal à se glisser sur la selle. La façon dont il tenait les rênes par contre semblait indiquer qu'il ne montait pas comme les gens du coin. Peu importe s'il savait un minimum guider son cheval.

Quand ils furent tous en selle, attendant que Hank s'avance vers l'endroit d'où il était sorti de la forêt, il y eu un instant d'hésitation. Hank regarda autour de lui puis lâcha :

— Il faut aller au panneau. A l'entrée d'la ville.
— D'accord, Hank. Je vais nous y conduire., proposa le shérif.

Il prit la tête du convoi, calmement et donna un rythme rapide mais confortable pour les chevaux. Chrissy lui fit remarquer, au bout de quelques dizaines de minutes que Hank était de plus en plus calme. Ils le virent tous d'ailleurs. Il s'agitait moins. A moitié pencher sur sa monture, il la caressait en douceur, la laissant suivre le groupe sans rien lui demander. Le contact des chevaux était visiblement une très bonne idée pour le canaliser et l'amener à se détendre.

Arrivé au panneau, il prit tout naturellement la tête et s'engagea entre deux arbres, se couchant sans difficulté sur sa monture pour éviter les branches les plus basses.

Emric montra les croix faites dans le bois, marquant le trajet qu'ils suivaient. Hank avait visiblement été prévoyant. Peut-être sous les conseils de Marc d'ailleurs. Ils avancèrent lentement mais plus vite qu'à pied malgré tout et furent surpris de la distance parcourue quant au bout d'une heure, sur un terrain dégagé, ils virent des arbres à perte de vue et ce chemin de croix qui continuaient. Ils trottèrent peu pour économiser leurs montures et ce fut en milieu de matinée qu'ils arrivèrent enfin à vue d'un feu de camp.

Ils étaient tous angoissés, pour des raisons différentes cependant. L'agent était blessé, peut-être n'avait-il même pas passé la nuit ? Ils avaient fait tout ça sur les dire d'un fou, peut-être avait-il semé Marc dans la forêt, quelque part, loin, et l'agent est-il en réalité simplement perdu dans les mystères de la montagne ? Et il y avait les enfants ... avaient-elles survécu ? Les chiens à moitié sauvages n'avaient pas peur des hommes, ils avaient pu revenir pour finir le travail. C'était une source d'angoisse supplémentaire.

Pourtant ils trouvèrent juste ce qui était annoncé. Un campement avec un agent fatigué et blessé, tenant trois fillettes épuisées.

Quand Marc entendit le pas des chevaux un vif soulagement l'étreint. Il avait confiance en Hank ! Bien-sûr, après une telle aventure, comment ne pas avoir confiance en lui ? Seulement ... Il savait aussi que Sam allait devoir se dépasser et être très courageux pour faire confiance à cet homme. Et puis il y avait le shérif de cette ville inconnue, si c'était le dernier des rustres, il pourrait faire fuir Hank sans que celui-ci ne sache comment faire ... Le fait que son ébauche de plan ait fonctionné tenait littéralement du miracle à son sens !

Hank fut le premier à mettre pied à terre, il ne chercha pas à tenir la jument et s'en éloigna rapidement pour capter le regard de Marc. Il reçut en réponse un véritable plaisir de soulagement et s'approcha des fillettes. Elles se réveillaient. Quand Cassy ouvrit les yeux et qu'elle vit tous ces gens, elle eut d'abord très très peur, si peur que cela se vit clairement sur son visage, puis elle remarqua Hank et s'extirpa du duvet élimé pour sauter dans ses bras. Elle s'accrocha à son cou en pleurant et ne le lâcha plus sous le regard médusé des autres.

Sam s'approcha doucement du groupe, laissant son cheval à Carl pour s'assurer que son patron allait bien.

— C'est bon de te voir Sam.
— Comment tu vas ?
— J'ai mal au mollet, mais c'est rien. Je peux juste plus marcher.
— On t'a pris un cheval.
— Génial. Tu veux bien réunir les affaires. Vous là-bas. Venez voir, s'il-vous-plait., dit Marc un peu plus fort pour interpeler la seule femme du groupe.

Chrissy s'avança doucement, comme pour ne faire peur à personne.

— Bonjour.
— Salut.
— Comment vous appelez-vous ?
— Chrissy, monsieur.
— Ok. Osho. Voici Chrissy. J'aimerai que tu restes avec elle pour le trajet.

Tout en disant cela, il interrogeait la jeune femme du regard qui fit un petit sourire en acquiesçant silencieusement. Très vite, Marc donna ainsi le ton. C'était sa mission et blessé ou pas, c'était lui qui commandait. Lochlan n'en était pas forcément mécontent. Cette affaire allait avoir des répercutions, y'aurais une tonne de paperasse et il faudrait gérer les autorités, la pression qui allait venir des villes aux alentours et ce fou, là, le « guide ». Si le petit jeune voulait faire tout ça, qu'il le fasse surtout.

Les affaires furent vites remballés et tout le monde stressa un peu plus quand Hank récupéra son fusil, mais Marc le laissa faire et bien vite, ils virent que la petite le calmait, son fusil également et le cheval avait aussi cet effet similaire. Ils le découvrirent alors plus calmes que jamais. Il était surtout épuisé. S'il avait pu, il aurait sauté dans son hamac pour s'y endormir. A la place, il était en selle, en queue de convoi et avançait de nouveau vers la ville avec une angoisse des plus palpables.

Sam aida Marc à grimper puis la petite Mérine fut mise en selle, devant lui. Elle pleurait quasi constamment mais Marc avait assuré qu'elle n'était pas blessée. Ou plutôt, qu'il n'y avait rien de physique. La seule à être blessée, c'était la petite qui était dans les bras de Hank et ils décidèrent d'un commun accord de ne pas les déranger pour le moment. Ils s'en occuperaient lorsqu'ils arriveraient en ville, dans quelques heures. 

L'homme de la montagneWhere stories live. Discover now