|- Chapitre 6 -|

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( Média : Petit Aigle ) 

Pdv Clan du Tonnerre

    Petite Vipère crut qu'elle allait agoniser sur place, ses larmes semblaient être un brasier pinçant ses joues. Ses moustaches frémirent, et, comme un nouveau-né apprenant à marcher, s'écrasa sur le sol en faisant un pas un avant. Elle eut tout juste le temps de voir Petite Nuée et Petit Aigle courir vers elle, paniqués, avant de s'évanouir, sa tête tombant lourdement sur le sol. 

  Ce ne fut que plusieurs heures après qu'elle se réveilla, la tête bouillante, un tournis brouillant sa vision et toujours des douleurs déchirant ses membres. Elle réussit à se lever, bien qu'elle ne sut comment cela était possible. Elle regarda devant elle et papillonna des paupières afin de s'habituer à la lumière. Devant elle se tenait un grand chat blanc tacheté de noir au poil long et soigné, et elle reconnut sa marque de chat domestique, entre autre, son collier de pierres brillantes dont elle ne connaissait pas le nom. 
 « Un chaton sauvage ici ? Retourne avec tes parents, petite, lui conseilla t-il d'un ton imposant. 
 —  J-je... » 
  Le chat de Bipèdes pencha la tête sur le côté, regarda un moment la petite femelle et hocha la tête, les yeux brillants de chagrin. 
 « Tu n'as pas de parents ? 
 —  N-enfin... si ! » se rattrapa t-elle. 
  Comment suis-je arrivée là ? se demanda t-elle. Elle fit le gros dos, le regard plus apeuré que haineux, et finit par détaler. Elle savait que ce n'était qu'un chat domestique, mais après ce qu'elle avait subit, elle n'était plus capable de faire confiance en personne. Cette sensation que toute personne lui voudrait du mal la tourmentait. Elle était devenue trop méfiante avec le temps. Elle regarda autour d'elle, tous les arbres se ressemblaient, elle était perdue. Elle cilla un peu et continua tout droit son chemin, dans l'espoir que l'expression "Tous les chemins mènent à son Clan" soit vraie. 

Pdv Clan de la Rivière

   Petit Chêne était roulé en boule dans la pouponnière, avec l'impression d'être bien seul. Il était différent, et même "contaminé" d'après les autres guerriers. C'est alors que sa mère rentra dans la petite tanière, l'air exténuée. Elle prit son fils contre elle et lui lécha tendrement la tête. Avec elle, ses tremblements étaient moins prononcés, il était tellement rassuré... 
 « Dis, maman ? fit-il, alors que ses tremblements recommencèrent car il avait toujours peur de parler.
 —  Oui ? miaula t-elle d'une voix douce. 
 —  Pourquoi les autres disent que je suis contaminé ? » 
  La femelle brune tigrée se figea, elle se rappelait encore les paroles d'Ailes du Destin, elle serra les dents avec fureur, ce qui fit trembler le petit mâle de plus belle quand il vit ses crocs aiguisés. Je ne peux pas lui dire la vérité... Pourtant... il ne doit pas rester dans le mensonge... songea la reine, interdite. Je dois lui dire... s'il le découvre trop tard ce sera une vraie déchirure... 
 « Désolée je... tu fais partie d'une prophétie disant que tu serais l'un des quatre contaminés... » 
  La brunette sentit les tremblements de son chaton chatouiller son ventre. Elle se sentit coupable. 
 « E-et qui sont les autres ? bafouilla t-il. 
 —  Ils doivent être des autres Clans... » 
  Petit Chêne était chamboulé par toute cette histoire d'un coup. Il trépigna davantage et sa queue s'agita nerveusement. Est ce qu'ils sont contaminés comme moi ? Ou bien sont-ils autrement, même pire ? Il frémit sans arrêt rien qu'à cette pensée. Déjà à l'idée d'aller voir les autres Clans, il appréhendait énormément cette rencontre. 
 « Dit maman, tu penses qu'Étoile des Poudreuses va quand même me nommer apprenti ? 
 —  Elle a intérêt, » grogna t-elle en reniflant avec mépris. 
   La colère de sa génitrice le fit trembler comme si un chien lui faisait face. 
 « Et si elle me nomme apprenti guérisseur ? 
 —  Alors j'irais lui tirer les moustaches, lui arracher les oreilles pour refaire l'une des miennes, garnirai mon nid de sa fourrure et donnerai ses yeux pour les chatons à la place de la balle en mousse ! »
   Petit Chêne faillit s'étrangler sous le coup de la peur. Sa mère n'était pas très délicate dans ses paroles ! Il la regarda avec panique, et elle se calma. 
 « Désolée... Je suis un peu trop brusque, » soupira la reine. 
   Il se coucha à un autre bout de la litière et regarda avec une pointe de jalousie ses frères jouer dehors. Ses tremblements cessèrent peu à peu, mais une lueur de tristesse brillait dans ses yeux. 

Pdv Clan du Vent

   Petit Faisan restait à l'écart, ne voulant pas recevoir de blessures de la part de ses camarades. Pourtant, il n'aimait guère la solitude, elle était pesante et il détestait ça. Ses épaules et même son visage saignaient, mais caché derrière un arbre, les guerriers ne le remarquaient pas. Il se demandait si le guérisseur aussi allait le blesser ainsi. Prudemment, il s'avança de la tanière de Bête d'Orage, qui ferma les yeux à sa vue. A l'aveugle, il prit ses remèdes qu'il repéra à son flair et lui banda ses blessures. Il se sentit tout de même obligé de demander : 
 « Pourquoi fermes-tu les yeux ? 
 —  Je ne veux pas te blesser, petit... » 
   Il comprit directement. Si le guérisseur fermait les yeux, c'était pour ne pas voir son regard, car c'était son regard qui rendait les autres furieux... Comment pourrait-il avoir confiance en lui à l'avenir ? se demanda le mâle noir. Et même, quand il aura un mentor ? J'espère qu'il ne deviendra pas chef ou bien sa vie sera un enfer... Il renifla par pitié pour le chaton gris. Petit Faisan remercia simplement le guérisseur et s'en alla, tête baissée. Il en conclut que si son regard rendait fou n'importe quel chat, si tout le Clan le regardait dans les yeux, ils seraient tous contre lui... 
  Il n'avait jamais ressentit la solitude, et il comprenait maintenant qu'elle était bien amère. En entendant l'appel de ses parents, Truffe des Pluies et Songe Perdu, il courut se cacher derrière un arbre, le cœur battant, espérant qu'ils ne le trouvent pas. A vrai dire, il se sentait obligé d'éviter tout le monde. Il ne l'avait pas décidé pour rien, c'était mieux qu'il reste vivant plutôt que d'être tué par ses parents sous contrôle de son regard. En les entendant s'approcher de son arbre, il prit la fuite et se cacha dans un buisson de ronces. Petit Thym l'aperçu et le suivit du regard, elle ne comprenait pas. 

Pdv Clan de l'Ombre

 « Tu es un fardeau ! » 
   Ces paroles retentirent dans l'esprit de Petite Toile comme un écho. Elle se rendit compte qu'elle avait mal à la tête, et cilla plusieurs fois. Ombre Mouvante lui jeta à peine un regard. 
 « Tiens, tu es réveillée, Petite Toile. Tu as éclaté en sanglots et tu es tombé sur le sol, car Étoile des Profondeurs t'a lâché, tu gigotais trop... » souffla t-il. 
   Elle percevait l'ennui dans la voix du guérisseur. Sa simple présence exaspérait-elle les autres ? Peut-être était-elle insupportable ? Ou un fardeau, comme l'ont dit les paroles qui l'ont réveillées ? Elle ignorait par qui cette phrase avait été prononcée, mais ça la touchait énormément. Et si cette personne avait raison ? se demanda t-elle. Aux yeux des autres, ne suis-je qu'une chatonne ennuyante qui cherche simplement à faire son intéressante ? Suis-je destinée à être un lourd fardeau ? Tant de questions la tourmentaient, et elle savait bien que la réponse était "oui". 
   Elle ne saurait sûrement rien faire en tant que guerrière. Elle serait peut-être une guérisseuse sans intérêt. Peut-être étais-ce mieux pour tout le monde ? Au moins, je servirai à quelque chose. Le métier ne la passionnait pas, mais elle se sentait trop lasse et inutile pour être une guerrière compétente. Ces paroles de tout à l'heure n'étaient pas par hasard. Son destin était d'être une guérisseuse refoulée... Petit Miel courut vers elle, et haleta un moment avant de miauler : 
 « Tu viens ? On va goûter enfin aux proies ! » 
   Petite Toile ne parut pas très enthousiasmée par cette nouvelle. 
 « Tu peux prendre ma part... 
 —  Tu veux pas goûter ? Tous les guerriers du Clan en mangent, tu devras t'habituer à en manger tous les jours ! C'est meilleur que le lait, et puis on est grands maintenant ! insista la chatonne dorée en gonflant fièrement le poitrail. 
 —  Prend ma part, je t'ai dit, j'ai pas faim. Ou donne-la à Petit Velours, ou même aux anciens. » 
   Petit Miel haussa un sourcil, étonnée, puis s'éloigna. Connaissant sa sœur, elle allait donner la part aux anciens, car elle les appréciait beaucoup. Petite Toile soupira et posa sa tête sur ses pattes. C'est mieux ainsi, pensa t-elle. 

|- Fan-fiction LGDC -| « Les Prophéties Douloureuses » 1 : { Contaminés }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant