Le problème

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Noir. Faiblesse. Chaleur. Ysaline se sentait flotter dans une espèce de cocon moelleux et agréable. Bien que ressentant une extrême faiblesse agrémentée d'un mal au cœur et une impossibilité d'ouvrir les yeux, sa perception de ce qu'il se passait autour d'elle augmentait de minute en minute. Une douce odeur de plante flottait dans les airs, atténuant momentanément sa nausée, et la chaleur lui faisait du bien. Tout était calme. Soudain, des bruits de voix retentirent, ainsi que des miaulements déchirants.

- Tais-toi sale bête ! siffla la voix de Florise. Tu ne trouves pas que tu as fait assez de bêtises comme ça ?

- Attends, j'ai une idée, dit celle de Bertille.

Un sifflement aigu puis des bruits de pas résonnèrent non loin de la jeune femme avant que les miaulements ne cessent, suivit d'un éternuement.

- Ça devrait le calmer, dit Bertille avec satisfaction. Comment va Ysaline, Margotte ?

- Elle ne s'est pas encore réveillée, répondit la voix de la sorcière, venant d'un point très proche d'Ysaline. Elle a reçu un sacré choc lorsque Satan s'est transformé, mais son corps a enfin réussi à se réchauffer à nouveau. Une bonne nouvelle.

Ysaline décida que c'était le bon moment pour ouvrir les yeux et le fit savoir en s'agitant mollement. Ses yeux papillonnants s'ouvrirent sur un plafond orné de plantes en train de sécher dans la pénombre. Elle le reconnut comme étant celui de la maison de Bertille, qui vivait isolée de la ville à cause de son agoraphobie. Perchée un peu plus haut sur une des poutres du toit se trouvait Gervaise, la pie compagne de Bertille. Celle-ci cligna des yeux plusieurs fois avant de prendre son envol et de disparaître de son champ de vision.

En tournant la tête, Ysaline vit qu'elle avait allumé un feu ronflant dans la cheminée et de nombreuses couvertures aux couleurs douteuses avaient été empilées sur son corps. Mais que s'était-il passé ? Des éclats de voix soulagés accueillirent son réveil avant que des mains douces, mais fermes, ne l'empêchent de se lever.

- Ne te lève pas tout de suite Ysaline, lui dit gentiment Margotte. Ton corps a besoin de repos, reste allongée.

- Que s'est-il passé ? demanda Ysaline d'une voix pâteuse.

Maintenant qu'elle tentait de bouger, les sensations qu'elle éprouvait n'étaient plus aussi agréables. Son corps était glacial et sa langue était comparable à un vieux morceau de pneu. Bertille, les cheveux ébouriffés sortant de dessous son chapeau et son visage rassurant orné d'un grand sourire, arriva dans son champ de vision.

- Ne t'inquiète pas, la rassura-t-elle. Il y a eu une petite complication, mais tout va bien maintenant. Repose toi, tu en as grand besoin.

- Non, tout ne va pas bien, répliqua Florise d'un ton aigre. On a un gros problème sur les bras au cas où tu l'aurais oublié, Bertille ! Qu'est-ce que l'on va faire de...

- Ce n'est pas le moment, Florise ! la gronda Bertille. Ysaline a subit un grand choc et elle doit impérativement se reposer.

- Non, dis-moi la vérité Bertille, insista Ysaline. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est Satan ? Et pourquoi suis-je ici ?

L'air contrarié, Bertille fit la moue avant de caresser rudement Gervaise qui s'était posée sur son épaule. Ysaline se redressa sur ses coussins avec difficulté, aidée par Margotte.

- C'est un peu compliqué, dit Bertille.

- Satan a bien été transformé ? la coupa Ysaline. Je ne m'en souviens plus.

Cohabitation forcéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant