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Le jour J, Emeric embarqua à bord d'une navette donc le blindage externe avait été abîmé lors d'une précédente sortie dans l'espace et réparé à l'aide de plaques en plastracier grossièrement vissées. Des mini impacts de météorites constellaient lesdites plaques, faisant frissonner le scientifique alors qu'il montait à bord en compagnie des autres condamnés à mort. Parmi ces derniers, il n'en connaissait que deux : un dénommé Trond, solide norvégien impliqué dans un incendie volontaire de son ancienne entreprise ayant causé la mort de plusieurs personnes, et Yuna, une japonaise d'âge mûr ayant participé à la mise en place d'un coup d'état dans un des états d'Amérique et qui avait été condamnée à mort pour montrer l'exemple. Malgré les crimes dont ils étaient accusés, ils semblaient tout à fait normaux et Emeric avait réussi à construire une fragile amitié avec eux.

Une fois que la navette fut pleine, Emeric et les autres furent priés de s'attacher avant le décollage. Cependant, certains petits malins étaient trop heureux de courir partout plutôt que de prêter attention aux instructions. Ils le regrettèrent lorsque la fusée supportant la navette décolla, les faisant valser dans la salle où ils se trouvaient, et furent tués sur le coup lors de chocs violents contre les murs. Emeric tâcha de regarder devant lui et ignora à la fois les cris de panique derrière lui et son estomac qui lui remontait dans l'œsophage. Une brusque secousse indiqua à tous que la navette s'était détachée de la fusée. Quelques minutes plus tard, un bip sonore indiqua que la gravité artificielle avait été mise en route. Emeric détacha sa ceinture avec soulagement et se leva après que son estomac eut retrouvé sa place.

La navette est clairement vétuste, songea le scientifique en se promenant au hasard des couloirs. Elle n'était pas très grande et certains éclairages cassés n'avaient pas été réparés avant le décollage. Trond et Yuna avaient été envoyés autre part dans la navette et Emeric avait hâte de les rejoindre. Les morts encore présents dans la salle où il se trouvait lui donnait la nausée et, maintenant qu'il avait été arraché de ses proches, il ne lui restait que ces deux là pour se rassurer.

Il les trouva dans une des autres sections de la navette. Très calme, Yuna observait attentivement les environs tandis que Trond blaguait joyeusement avec d'autres détenus. Son anglais était toujours approximatif car il n'avait jamais pris la peine d'étudier la langue, mais il s'améliorait.

- Emeric ! s'exclama-t-il en le voyant approcher. Tu fais bon voyage ?
- Non, avoua le scientifique. L'état de la navette est inquiétant, tout est délabré.
- Ça ira, répondit Trond avant d'éclater de rire suite à une blague lancée par un autre détenu.
- Je suis d'accord avec toi, Emeric, dit Yuna en sortant de sa contemplation. Peut-être pourrons nous faire quelque chose en prévention ?

Cependant, il se révélait difficile de faire quoique ce soit tant il manquait d'outils pour réparer. De la nourriture avait été entassée dans la cantine en quantité suffisante pour les quelques semaines de voyage vers Mars, mais il n'y avait pas l'ombre d'une trace de marteau ou de tournevis.

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Quatre jours après leur départ, la navette traversa une pluie de météorites qui détruisit une partie de son blindage. Aussitôt, des alarmes retentirent partout, perçant les tympans des passagers à bord. L'air fut aspiré par les nouvelles aérations et la section où se trouvait Emeric ainsi que quelques autres détenus ne fut sauvée que grâce aux portes blindées, qui se fermèrent automatiquement dans un chuintement aigu pour les isoler de l'avarie.

Yuna était parmi les malchanceux et Emeric ne put faire qu'une prière à son adresse après avoir fait la macabre découverte. Leurs effectifs étaient passés d'une centaine de détenus à moins d'une vingtaine, la majorité étant en train de dormir à ce moment-là dans la section qui avait été touchée. Cependant, ils eurent de la chance car les stocks de nourriture n'avaient pas été touchés.

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