Lab Partners [BXB] [FRENCH VERSION] [COMPLETED]

Revenu d'entre les morts

Je ne me rendis pas à la cantine ce midi-là.

J'aurais probablement dû, au moins pour manger quelque chose, mais je ne voulais croiser personne. Pas maintenant.

J'allais donc à la bibliothèque pour me vautrer sur une chaise plutôt confortable, située dans un des coins de la pièce. Je ramenais les genoux au menton, cachant mon visage dedans, puis soupirais.

En temps normal, Mme. Powell aurait viré n'importe qui venant à la bibliothèque pour ne rien faire mais, puisque j'avais travaillé pour elle durant quelque temps, elle ne fit aucun commentaire.

J'essayais de positionner ma tête entre mon épaule et le dossier de la chaise et fermais les yeux pour essayer de m'endormir. J'aimerais tant que la journée se finisse déjà. J'aimerais retourner chez moi pour me rouler à nouveau en boule dans mon lit.

Mais ce n'était pas possible.

Pas maintenant, en tout cas.

Je devais d'abord survivre à un cours qui me serait fatal. Le cours de chimie.

Une heure entière et gênante à passer à côté de lui. Une heure entière à me demander qu'est-ce que je pourrais bien lui dire. Une heure entière à souhaiter être partout sauf là. Une heure entière à angoisser et être nerveux.

Mais, heureusement, les heures de cours se rapprochaient plus de cinquante minutes que d'une heure entière.

Abandonnant l'idée de dormir, je me dirigeais vers Mme. Powell afin de lui demander dans un chuchotement si je pouvais aller donner ma dispense de sport à M.Mason. Elle accepta et me rappela de prendre une autorisation de sortie sur le chemin.

Je saisis l'un des petits papiers plastifiés accroché sur le mur et ouvris la porte pour me rendre dans le couloir. Heureusement, tout le monde était à la cantine : les couloirs étaient donc vides.

Je me dirigeais lentement vers le bureau de M. Mason, en faisant de longs détours afin d'éviter la cafétéria. Enfin, la cafétéria et une personne en particulier.

Jusqu'à ce que j'arrive à éclaircir les choses, j''avais pour but d'éviter Jordan aussi souvent que possible.

Au moins je le voyais, au moins il y avait de risque que quelque chose arrive entre nous deux.

Et c'est ce que je voulais... pas vrai ?

Bordel.

Pourquoi cette situation était-elle aussi déroutante ? Pourquoi Jordan était-il entré dans ma vie ? Pourquoi je n'arrivais pas à me le sortir de la tête ? Pourquoi je voulais l'embrasser une nouvelle fois ?

Prenant une grande inspiration, je me stoppais et jetais un coup d'oeil autour de moi, nerveux. Je devenais parano à l'idée que quelqu'un devine d'une manière ou d'une autre ce à quoi je pensais. Cette personne saurait à quel point j'imaginais ses lèvres, douces et chaleureuses, et ses doux cheveux bruns...

Bordel.

Pas gay, pas gay, pas gay, pas gay.

Pas. Gay.

Longeant le couloir près du bureau de M. Mason, je m'arrêtais lorsque j'entendis des voix provenant de celui-ci.

« Cette école ne tolère en aucun cas les comportements violents, M.Hughes.

- Je suis désolé, M. Mason, s'exclama une voix que je reconnus très bien et ma gorge se serra, mais moi je ne tolère pas les harceleurs.

- Cela ne vous donne pas le droit de vous en prendre physiquement à M.Decker, soupira M. Mason. Écoutez, Jordan, vous êtes un bon élève. Je ne veux pas que vous gâchiez tout maintenant. Si vous avez un problème avec l'un de vos camarades, allez s'il vous plaît le signaler à la direction.

- Je le ferais volontiers, répondit-il sans avoir l'air impressionné pour deux sous, si ces personnes avaient l'intention de faire quelque chose pour améliorer la situation.

- Pourrais-tu simplement me promettre de ne plus te battre ? Ceci est ta première infraction, et je suis prêt à te laisser t'en sortir avec seulement un avertissement.

- Seulement si vous promettez de ne pas faire l'aveugle la prochaine fois que vous voyez quelqu'un se faire ennuyer.

- Je verrais ce que je peux faire, Jordan.

- Dans ce cas, moi aussi. »

M.Mason soupira à nouveau avant de reprendre :

« Très bien. Tu peux y aller. Tu ferais bien d'aller en sport. Le cours commence dans trois minutes.

- Oui, monsieur. »

Je me tournais précipitemment à la recherche d'un endroit où me cacher, et la panique monta en moi.

Je n'étais pas prêt ! Je n'étais pas prêt !

« Elliot ? »

Putain.

Je me tournais lentement avant de plonger dans des yeux bleus-verts. J'avalais difficilement ma salive et je réussis à le saluer dans un bégaiement.

« Sa... salut. »

Calme-toi, Elliot, calme-toi.

Il sembla vouloir prendre la parole mais, au même moment, M. Mason sortit de son bureau.

« Ah, M. Goldman. Vous êtes enfin revenu d'entre les morts à ce que je vois.

- Ah ah, oui », répondis-je, gêné, tout en trituant l'autorisation de sortie entre mes doigts.

Je sortis de la poche de mon sac ma dispense et la lui tendis :

« Je... J'étais venu vous donner ça. »

M. Mason la récupéra, l'examina brièvement puis hocha de la tête.

« Je me demandais si je pouvais aller à la bibliothèque à la place. C'est plutôt calme là-bas et j'ai pas mal de devoirs à rattraper.

- Bien sûr, Eli, sourit-it avant de se tourner vers Jordan. Vous venez, M. Hughes ? »

Jordan suivit M. Mason, les yeux fixés au sol. Je les suivis du regard alors qu'ils se dirigeaient vers la salle de sport. Au dernier moment, Jordan eut un mouvement d'hésitation et se tourna vers moi. Quand nos regards se croisèrent, mon coeur loupa un battement et un sourire en coin pris place sur son visage. Je lui jetais un regard noir avant qu'ils ne disparaissent dans un autre couloir, bien que le fait d'avoir été surpris en train de le regarder faisait déjà monter le rouge à mes joues.

Mon Dieu. Tuez-moi.