Oh mon Dieu

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Bien que j'étais conscient de la douleur dans mon nez, ma joue, et mes côtes, je me trouvais incapable de bouger et restais recroquevillé dans mon lit. Je fixais uniquement mon mur bleu, la couette coincée en dessous de mon menton, et je me remémorais ce qu'il s'était passé.

Sans vraiment le vouloir, le baiser se rejouait constamment dans ma tête. La sensation de ses lèvres caressant les miennes, la douceur dont il avait fait preuve pour sucer et tirer ma lèvre inférieure, la façon dont mon cerveau s'était arrêté de fonctionner pendant quelques instants, la façon dont mon cœur avait raté un battement. Aucune de ces réactions n'avaient de sens pour moi.

Je n'étais pas gay, alors pourquoi avais-je réagis de cette façon ?

Mais, même en essayant de m'en persuader, je ne pouvais m'arrêter de penser à ses yeux bleus-verts et à ses cheveux châtains qui paraissaient aussi doux que du duvet. Je me remémorais ses fossettes lorsqu'il souriait, et la façon dont ses yeux s'éclairaient lorsque l'on mentionnait à peine quelque chose qu'il aimait. Je repensais à sa manière d'être protecteur, sa gentillesse, sa prévenance. Je me le remémorais.

Mon dieu, pourquoi avait-il fallu qu'il m'embrasse ? Je n'étais pas gay. Je ne suis pas gay.

Pas gay, pas gay, pas gay, pas gay.

Tout en pressant les mains mes paupières fermées, je me répétais ce mantra dans la tête encore et encore. Mais, d'une façon ou d'une autre, il réussissait à se frayer un chemin dans mon esprit encore une fois. Ce connard de Jordan Hughes.

Pourquoi m'a-t-il embrassé ? Pense-t-il que je suis gay ? Car je suis presque certain d'avoir répété plusieurs fois que je ne l'étais pas. Même si je ne suis jamais sorti avec de filles avant. Je sais juste que je ne suis pas gay.

Je ne peux pas l'être.

Je n'ai jamais pensé à un mec de cette manière auparavant. Ça me paraissait bizarre. Ce n'était pas qui je suis. Peut-être que Jordan était comme ça, mais pas moi.

Je ne suis pas...

« Trésor ! On mange ! »

La voix de ma mère interrompit mes pensées. Je chassais rapidement l'humidité de mes yeux et feignis de dormir. Je ne voulais parler à personne pour l'instant. Je voulais juste rester allongé, là, pour toujours, et ne plus jamais être perturbé par quelqu'un ou quelque chose.

« Elliot ? Tu es là ? »

J'entendis ma mère monter les escaliers et, bientôt, je perçus la porte de ma chambre s'ouvrir dans un grincement.

« Eli ? », murmura-t-elle en passant sa tête dans l'embrasure.

Elle dut s'apercevoir de la masse sur le lit car, quelques secondes plus tard, je sentis le matelas s'abaisser lorsqu'elle s'assit au bord de celui-ci. Elle resta silencieuse pendant quelques temps, puis je sentis sa main s'approcher et toucher délicatement le bleu sur ma joue. J'évitais son touché en grimaçant tout en continuant à feindre d'être endormi.

« Désolé », murmura-t-elle.

Et puis elle me laissa tranquille. Je ne trouvais pas le courage d'ouvrir à nouveau les yeux alors je laissais simplement le sommeil m'emporter avec l'image de yeux bleus-verts et un sourire de voyou en tête.

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Je me réveillais et vis que la lumière matinale perçait déjà à travers la fenêtre de ma chambre. Je la fixais quelques instants avant de me tourner vers mon réveil. Je lus dix heures vingt-et-un et je commençais immédiatement à paniquer. J'étais supposé être au lycée depuis deux heures déjà.

Je sautais hors du lit et me précipitais dans le couloir. J'avais mal partout. Je décidais donc de me déplacer plus doucement et pris le chemin du rez-de-chaussée.

Il n'y avait personne à la maison et, au moment où j'atteignis la cuisine, je vis un post-it aimanté au frigo. Je me dirigeais vers celui-ci, enlevais l'aimant et le lus.

Eli,

J'ai appelé le lycée pour dire que tu étais malade. Tu sembles avoir besoin d'un jour de repos.

N'oublie pas de mettre de la glace sur ton bleu et les restes de ton repas d'hier sont dans le frigo.

Nous serons de retour pour dix-huit heures trente. Ne brûle pas la maison pendant notre absence.

-Maman

Je laissais tomber la note sur le comptoir et sortis une poche de glace du congélateur. Je la pressais contre ma joue et m'assis sur une chaise.

Au moins, je ne verrais pas Morgan, Nate et Cole aujourd'hui. Ou Jordan.

Surtout Jordan.

Mon Dieu, Jordan. Pourquoi m'a-t-il embrassé ?

Maintenant, tout était fichu entre nous. Avait-ce été toujours comme ça ? Était-il gay depuis le début et avais-je été simplement aveugle à ce propos ?

Je gémis et je faillis tomber de mon tabouret alors que je me remémorais ses paroles pendant le cours de chimie.

Je peux faire goutter pendant que tu secoues.

« Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu », soufflais-je, paniqué, enfonçant mes doigts dans mes cheveux blonds.

Ce n'est pas comme si tu n'étais pas attirant ou quoi.

Ma respiration s'accéléra tandis que la panique montait en moi. Comment est-ce arrivé ? Comment ai-je pu laisser cela arriver? Comment ne l'ai-je pas vu arriver ?

Mes pensées revinrent au baiser. Inconsciemment, je me mis à l'évaluer et, alors que je repassais le moment dans ma tête, je sentis ma poitrine se serrer, mes joues se colorer, et mon...

Un gémissement m'échappa et je me laissais glisser de mon tabouret, gêné, avant de me servir un verre d'eau. Je le bus rapidement et passais mes doigts dans mes cheveux avant de remettre ma poche de glace dans le congélateur.

J'avais perdu l'appétit. Trop de choses se déroulaient dans ma tête. Alors au lieu de manger, je retournais dans ma chambre.

Je m'enfonçais dans les couvertures et fermais les yeux pour tenter de m'endormir à nouveau.

Le sommeil ne vint pas.

Je tournais et retournais dans mes draps pendant une demi-heure avant d'attraper mon téléphone sur la table de chevet.

Je ne pus m'empêcher d'être déçu lorsque je vis qu'aucun message ne s'affichait à l'écran. Je pensais pourtant qu'il aurait au moins essayé de s'excuser. Après tout, quel genre de personne embrasse une autre et part comme si rien ne s'était passé ?

J'ouvris mes messages et fixais le contact qui indiquait "Jordan". Pendant un instant, j'eus envie de lui envoyer un message, et même de l'appeler, avant de me reprendre.

Nous avions besoin de discuter, de mettre les choses au clair. Tout ce que j'avais à faire était de lui expliquer calmement que je n'étais pas gay. Il comprendrait, pas vrai ? Il n'essaierait plus de m'embrasser.

Mon cœur rata un battement et je me sentis rougir quand l'idée d'un nouveau baiser me traversa l'esprit.

Je balançais mon portable sur ma table de nuit et enfonçais ma tête sous les couvertures, pestant contre moi-même.

J'étais totalement perdu.

Lab Partners [BXB] [FRENCH VERSION] [COMPLETED]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant