28. Il est son père (corrigé)

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Il la regarde, surpris qu'elle connaisse autant de ses secrets. Bien-sûr, depuis quelques jours, elle semble être prise de vengeance, le retour de Juan, ayant certainement un effet sur son attitude.

- Comment connais-tu tout cela, demande alors John à la jeune femme qui, face à lui, parait en rage, rouge de haine.

Livia, qui plante son regard noir dans les yeux de son patron, semble lancer un duel. Elle est terriblement en colère, tant l'amertume l'habite.

- Juan, il est revenu, et il m'a tout raconté. Et puis avant cela, il y a eu Steeve, ton petit, qui chez toi, essaie d'oublier les gens de ce gang. Qu'est-ce que tu croyais, que j'allais continuer d'être ta petite employée parfaite ! Alors maintenant, je veux savoir quelque chose : connais-tu réellement mes parents ?

John baisse les yeux, honteux et confus par tout ce qu'il doit lui avouer depuis des années et qui ne peut pas sortir.

Il hoche la tête pour seule réponse.

- Alors c'est donc vrai... C'est en partie de ta faute qu'ils sont morts.

Elle s'effondre, elle aurait préféré que tout cela soit faux, que Juan lui ait menti.

John s'approche d'elle, tentant de la réconforter.

- N'ose même pas me toucher, n'essaie pas le moindre geste envers moi. Brusquement, elle retire de sa poche le couteau emprunté quelques jours plus tôt, et le dépose sur le cou de celui qu'elle a toujours pris pour son grand-père.

- Ne me touche pas.

Trois jours auparavant, Livia avait déjà fait la même chose avec ce fameux Juan, et elle sait de quoi elle est capable.

- Je ne voulais pas Livia, je n'ai pas su défendre ton père. Je n'ai rien à voir avec le meurtre de tes parents, crois-moi. Alors, je connaissais Mike...

Il ne parvient pas à finir sa phrase, tant la pression de la lame sur sa gorge augmente.

- Ne dis pas son prénom, crie-t-elle.

Elle hurle, ses mains sont tremblantes, la haine domine sa main.

- Livia, s'il te plaît écoute-moi. Je ne suis pas responsable de la mort de tes parents. Je connaissais ton papa grâce au gang, en effet. Tu es au courant de l'histoire avec mon frère. Ton père et Juan ne pouvaient pas laisser passer cela et ils sont allés alerter leurs collègues flics. Malheureusement, ils ont été vus... On ne pouvait plus rien faire. J'avais prévenu ton père que cela allait arriver quand il est venu me voir à l'hôpital lorsque Henry était sur son lit de mort. Il a dit qu'il serait protégé, sauf que deux jours plus tard, ils ont été tués chez eux. Crois-moi, Livia, je l'avais prévenu.

La voix de John tremble, les larmes coulent à s'en déshydrater.

- Et quoi, tu l'avais prévenu ? hurle Livia, tu crois que cela me suffit. Pourquoi toi tu n'es pas mort ? Pourquoi Juan est encore en vie ?

- Livia, quand Juan a appris la mort de ton père, il s'est enfui, m'indiquant qu'il avait une fille, que si je voulais me faire pardonner un jour, il faudrait que je m'occupe de toi. Et pour moi, je cherche encore les raisons de ma survie, mais je pense que Lee sait que j'ai peur désormais de tout perdre, et que je me tairais. Il a eu raison, je me suis tu. Lorsque la police est venue pour comprendre la raison de la mort d'Henry, je les ai défendus. Ils ont une sorte de dette envers moi. Je suis coupable de tout, car avec mon témoignage ils auraient été arrêtés. J'ai tellement perdu dans cette histoire, tellement...

Livia refuse d'entendre ses plaintes, elle refuse que le malheur ne soit pas que pour elle.

- Et Abbe, demande-t-elle, la voix emplie de larmes.

- Je me disais bien que tu le connaissais, à partir du moment où j'ai compris qu'il était le beau-père de Steeve, j'ai fait le lien avec tout ce que j'ai pu voir. Avant la mort de sa maman, je ne savais pas du tout qu'Abbe était de la famille de Steeve. Quand j'ai compris qu'il s'agissait de l'homme que j'ai fui il y a seize ans, j'ai voulu le protéger mais il était trop tard, le petit étant à l'hôpital. J'ai déjà perdu mon fils et ma femme, ils sont partis me laissant avec juste les regrets et le dégoût de ce que je suis, de ce que j'ai fait.

*****

Les clefs sont déjà sur la porte, des valises posées devant. Une grosse dispute vient d'éclater mais il en a l'habitude, maman et papa semblent pourtant cette fois-ci encore plus en colère qu'avant. Il entend les cris du haut du salon où sa maman l'a laissé quelques minutes auparavant. Oreilles tendues, il essaie de comprendre.

- Comment tu as pu, Hurle Catherine. Tu as risqué ma vie et celle du petit pour de l'argent. Et pire que tout, Henry est mort.

- J'ai voulu mille fois te prévenir, mille fois j'ai voulu sortir de tout ça. Mais je ne pouvais pas. Je savais que tu allais me quitter, que tu allais prendre peur, et aujourd'hui, je ne veux pas vous perdre toi et le petit.

- Il est trop tard John, tu as brisé notre famille. Je ne veux plus avoir peur pour moi ou pour lui, je m'en vais, n'essaie pas de me retenir.

Il entend maintenant des bruits de pas dans les escaliers, et reprend son jeu , sa mère est face à lui.

- Kiss, prend ton manteau et enfile tes chaussures, on part chez mamy...

****

Le couteau toujours sous la gorge, il tente de la calmer.

- Livia, pose ce couteau, je vais t'aider à encore mieux comprendre.

Soudain, un bruit sourd, la porte vole en éclat, Kiss apparaissant.

- Bonjour papa.

Livia recule, et observe l'homme qui vient d'apparaître à la porte. C'est son Kiss, et il vient de l'appeler papa.

Cela en est trop pour elle et en un geste ôte le couteau du cou de son patron, laissant apparaître une goutte de sang qui perle le long de la lame, et l'approche de son poignet qu'elle taillade.

La plaie est profonde, le sang gicle en un jet puissant. Les deux hommes d'abord surpris comprennent la situation et se lancent sur la jeune femme au bras ensanglanté.

- Livia, non !

A l'unisson, les voix des deux hommes ont hurlé.

Kiss l'attrape et ôte son tee-shirt qu'il serre contre son bras. John a déjà son téléphone en main.

Livia est paisible, elle sent déjà la vie la quitter. C'est donc comme ça la mort...

La vengeance pour oxygène (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant