Chapitre 3 : Sous Couverture

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   Je n'arrive pas à croire que je suis entrain de faire ça. Ça me dégoûte. Mais c'est le moyen le plus rapide. Ce lieu empeste l'alcool et la débauche. Mais j'ai besoin d'un moyen discret pour rejoindre les planètes républicaines. Et si ce moyen consiste à rendre totalement ivre la pilote de cargo du coin, eh bien... tant mieux parce que  c'est le seul plan que j'ai en réserve. Même si elle tient vraiment bien l'alcool, à cette heure-ci elle ne doit plus vraiment avoir les idées claires et sûrement me considérer comme sa meilleure amie, si ce n'est plus. Personnellement je n'ai pas bu une goutte d'alcool. Je ne tiens pas à finir dans le même état qu'elle. Je tiens à ma vie. Et à la réussite de cette mission. Donc à ma vie. Ma vie est un cauchemar.

   Je sors de mes pensées en la voyant se lever. Enfin essayer. Je passe son bras autour de mes épaules et le mien autour de sa taille afin de la stabiliser. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire je vous jure. On sort dehors, ce qui me permet de remarquer que ses cheveux étrangement bleus ainsi que sa peau rosée n'étaient dû ni à l'éclairage, ni à mon imagination. 

   Merde. Il fallait que je tombe sur la seule Zeltronne de la galaxie qui soit pilote de cargo. J'ai bien fait de la rendre ivre en fin de compte. Je n'ai pas tant envie que ça de finir dans son lit, moi. Quoique. Non : mission, sabre-laser, concentration, pomme de terre.

   On arrive à son vaisseau et elle part se coucher en titubant. J'en profite pour aller regarder ses horaires de vol : bonne nouvelle, nous partons demain euh... dans quelques heures enfaîte. Le réveil va être dur.

                                                                                         

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   J'ouvre les yeux et les referme aussitôt, éblouie par la lumière bleue des voies hyperespace. Attendez. "Voies hyperespace" ? Il est quelle heure ?

   À présent parfaitement réveillée, je me rend dans le cockpit où la Zeltronne tourne sur son siège comme un enfant. Sérieusement, ce n'est même pas une blague, elle est vraiment entrain de faire ça. Elle s'arrête net en me voyant la juger depuis l'encadrement de la porte et se redresse sur son siège qui, dans le mouvement, perd son accoudoir.

"T'es qui ?

- Jaesa. Tu ne te souviens pas ? On doit faire le voyage ensemble."

   Elle passe la main dans ses cheveux bleus avec un grand sourire.

" Bah écoute Jaesa, pour être honnête, j'avais totalement oublié que tu étais là."

   Je vais m'asseoir sur le fauteuil du co-pilote en riant.

"En même temps, vu dans quel état tu es rentrée ce matin, je ne peux pas t'en vouloir.

- Même pas un petit peu, dit-elle avec un sourire en coin.

- Toi, tu as des pulsions suicidaires.

- Aurais-je donc été démasquée ?"

   Elle me fatigue mais d'un autre côté je ne peux m'empêcher de la trouver attachante. Une Zeltronne, quoi.

   En ce qui concerne ma mission, le plan est simple : me rendre sur une planète républicaine, intégrer la flotte de la Nouvelle République, puis celle de la Résistance, et enfin, démasquer la taupe. Simple. Enfin en théorie, parce qu'en pratique c'est un autre type de loth-chat.

   Pour passer inaperçue -l'uniforme du Premier Ordre ce n'est pas vraiment l'idéal- j'ai dû radicalement changer de style. Premièrement, je suis habillée dans les tons clairs, ce qui est un énorme changement. Il n'y a pas de deuxièmement, si ce n'est que j'aime le noir. Et que là je ne suis pas en noir. Ais-je déjà dit à quel point je déteste ma vie ? Mais peu importe, je dois à tout prix passer pour la parfaite petite Républicaine. La pilote dont j'ai oublié le nom -personne n'est parfait- revient dans la pièce avec des boissons.

"Tu n'as rien contre le lait bleu ?

- Jamais touché."

   Elle pile net avant de déposer les verres sur son siège et de se tourne vers moi, mains sur les hanches.

"Comment peut-on ne jamais avoir goûté au lait bleu ?

- Il n'y en avait pas chez moi.

- Et tu vivais où ?

- Sujet sensible."

   Elle laisse ses mains glisser le long de son corps en souriant. Elle me fait penser à un chat. Inoffensive au premier regard mais capable de vous découper en rondelles et de bouffer votre merde. Eurk, pourquoi je pense à ça moi ? La voilà qui s'approche de moi d'une démarche féline -un chat, je vous dit !- jusqu'à poser ses mains sur les accoudoirs de ma chaise. Son visage est beaucoup trop près du mien. Et karabast qu'elle sent bon...

   Je hais les Zeltrons.

   De toute mon âme.

"Tu sais que tu peux tout me dire ?" 

   Je ferais mieux de lui dire quelque chose. N'importe quoi, ça fera l'affaire. Je ne peux pas la recaler, j'ai besoin d'elle pour l'instant. Fichtre Diantre et Sacrebleu, comme dirait mémé.

"Je..."

   Pourquoi mon imagination me quitte-t-elle toujours au moment où j'ai le plus besoin d'elle ?

"Tu..."

   C'est moi où elle se rapproche ? Je... Vérité ou mensonge ? Dans l'état dans lequel je suis je ne vais jamais réussir à formuler un mensonge potable et la pilote n'a pas l'air d'être de ceux qui abandonnent facilement. Quant à la vérité... elle la ferait certainement reculer.

"Je suis née sur Dromund Kaas."

   Voyant qu'elle ne bouge pas d'un pouce et finit même par s'asseoir à califourchon sur moi, je précise :

"C'est une planète du Premier Ordre."

   Elle recule son buste et penche la tête sur le côté, l'air intriguée et franchement amusée.

"Oui et alors ? Ce n'est pas où l'on est né qui importe. Tu as peut-être vu le jour là-bas, mais c'est pour Hosnian Prime que ton cœur bat."

   Nous nous regardâmes dans le blanc des yeux un long moment avant que je ne brise le silence qui avait suivi sa déclaration.

"Tu es fière de toi ?

- Très fière."

   Je ne pu retenir un ricanement tant la situation est ridicule.

"Je m'en doute. Par contre, si tu pouvais avoir l'amabilité de descendre de là, tu m'en verrais ravie." 

   Elle fit une moue mignonne censée me faire fléchir. Échec de la mission capitaine, vous descendez au prochain arrêt. De toute façon, le voyage est long et nous n'arriverons que demain. Elle aura tout le temps d'en apprendre plus sur moi au fil de la journée. Elle finit par accepter de laisser mes jambes respirer, me libérant du même coup de son odeur enivrante.

"D'ici la fin de la journée, j'en saurais plus sur toi que tu n'en saura jamais sur Yuliana Karelina, annonça-t-elle en me faisant un clin d'œil."

   Défi accepté, capitaine Karelina.   
















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Les Liens Du SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant