Chapitre six - rencontre au parc (mardi 8)

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Je me réveillai tôt, comme chaque matin, je pris ma douche et allumai la radio. Comme j'avais la maison pour moi toute seule, je mis la musique à fond pendant que je préparais mon petit déjeuner. Pendant que j'installai tous les ingrédients, la musique de Jessie J, Domino, passait, comme je l'aimais bien, je me mis à fredonner. Comme à mon habitude, je cuisinais mon porridge, une sorte de bouillie faite de flocons d'avoine. Une fois cuit, je rajoutais de la cannelle et des morceaux de pommes coupés en dés. Je laissai mon regard s'évader et j'observai distraitement chaque détail de la salle à manger. Sur l'immense table en noyer massif qui se faisait toute petite en vue de la taille de l'ensemble de la pièce était déposé un bouquet de fleurs aux tons chauds. Composé surtout de freesia qui donnaient une sensation plus douce que des roses, trop romantiques. Le chemin de table rouge vif décorait le milieu de la table et mettait en valeur l'argenterie. Les décors muraux se cantonnaient à des cadres bien remplis et quelques tentures aux couleurs vives. Il y avait des photos de familles, des tableaux d'artistes renommés comme trois de Hokusai qui figuraient parmi mes préférés, ainsi que la photo de mariage de mes parents sur laquelle ils avaient leurs plus beaux habits. De plus, j'appréciais particulièrement la photo en noir et blanc du château où ma mère a passé son enfance, il était immense et resplendissant. Je quittais le plan de travail en marbre blanc de la cuisine. Je ne vous cachais pas que ce que je préférais était le tableau juste à gauche de la cuisine. C'était un tableau érotique qui représentait une femme nue de dos. J'avais tout le loisir à imaginer que son visage était celui de Sakino. Je la voyais bien assise sur mon canapé rouge dans la même position que sur le tableau. La cuisine étant ouverte, je pouvais emmener mon bol et m'asseoir à table sans avoir à ouvrir la moindre porte.Les chaises comme la table étaient en noyer massif avec des pieds style victorien, c'était un plaisir pour mes yeux depuis ma naissance. Je me réjouissais d'allumer notre luminaire en cristal malgré qu'on pouvait percevoir la lumière du jour à travers nos grandes fenêtres. Sa forme en chandelier et sa vingtaine de branches déversait un scintillement qui me fascinait. A côté et en face de moi, j'apercevais le bureau de ma mère depuis la salle à manger, ainsi que le vaisselier, lui plus proche. Tous deux étaient en ébène noir, ce qui contrastait avec le parquet ciré lui plus clair. La présence du tableau derrière moi me faisait penser à Saki, et il fallait que je lui écrive... Bientôt, nous allions nous rencontrer, j'avais hâte! J'imaginai Sakino debout entrain de cuisiner à mes fourneaux, vêtue uniquement d'un tablier et se léchant les doigts plein de chocolat. Dans mon songe, je le lui aurais enlevé et je l'aurais couverte de caresses sur le canapé. Depuis hier, je ne faisai que penser à tout ce que m'avais écrit Sakino. J'étais tellement contente qu'elle m'ait répondue et rappelée d'aussi bons souvenirs. Malgré ça, la fatigue se faisait sentir, surtout que j'avais passé une soirée mouvementée. J'étais rentrée tard à la maison. Après les cours, j'avais fait plusieurs boutiques, un magasin de vêtements prêt-à-porter, une bijouterie, une confiserie et un fleuriste. J'avais réussi à dénicher quelques bonnes affaires, hors de prix, bien évidemment, ainsi que des sucreries et un joli bouquet d'orchidées papillon. Ce n'était pas grand chose pour ma Sakino. Mais je comptais lui en mettre plein la vue, l'épater, c'était tout moi. A côté des chocolats faits maison et du petit mot niais qu'elle avait reçu la veille, mes cadeaux étaient forcément les meilleurs. Ils étaient représentatifs de toute ma splendeur. Cependant, il me restait à découvrir l'identité de celle que Saki aimait tant, cela me tracassait... Ça me faisait une rivale, mais l'éliminer rendrait Saki triste... La seule personne qui me vint à l'esprit était Miki ou alors peut-être sa meilleure amie Rinko, mais je ne pouvais pas en être sûre. Je connaissais à peine Miki, mais Sakino ne s'était pas rapprochée d'elle. Depuis quelques temps, j'avais remarqué que Sakino et Rinko se parlaient et rencontraient trop souvent pour n'être que des amies, je me disais que je devrais mener ma propre enquête pour en savoir plus sur la nature de leur relation ... Rinko avait de longs cheveux noir de jais et un teint de porcelaine, son visage était rond et ses yeux en amande me fascinaient. Ils dégageaient à la fois de l'exotisme et du mystère, je ne pouvais savoir quelle était la nature de ses sentiments envers Sakino. Sa taille de guêpe contrastait avec ses hanches et sa poitrine plutôt rebondies, je devais avouer qu'elle était bien plus désirable que Yuko. Le temps passait si vite, me dis-je. C'était déjà l'heure de plier bagage et je ne voulais surtout pas arriver en retard sur le lieu de rendez-vous qu'on avait convenu avec Sakino. Je pris le soin de ranger la vaisselle et les couverts que j'avais utilisés et n'oubliai pas de prendre avec moi les cadeaux et la lettre que j'avais écrite la veille. J'avais passé au moins trois heures à la rédiger et même après plusieurs essais, le résultat n'était pas aussi concluant que souhaité. Le sujet traité allait peut-être froisser Sakino, car je faisais surtout les louanges de son corps plutôt qu'autre chose. Enfin bon, je n'allais pas écrire une lettre à l'eau de rose ou mielleuse quand même, ce n'était pas moi ... Et puis un peu de sensualité et d'érotisme n'était pas de trop! 

Après une dizaine de minutes de marche, j'arrivais enfin au lieu de rendez-vous. Je vis Sakino assise sur le gazon, la brise automnale faisait bouger sa belle chevelure rousse au gré du vent. Et le soleil du matin donnait des reflets cuivrés à ses cheveux. 

Je m'approchai d'elle et la saluai. — «Coucou, Saki ! Comment tu vas ?» «Je vais bien, mais un peu fatiguée. Et toi ?» «Bien. Je pensais à ce que tu m'avais dit hier ...» «Hum .... » Elle rougissait de honte en guise de réponse. «Est-ce que je pourrais avoir plus de détails sur cette fille ? » Je ne voyais pas vraiment qui cela pouvait être ... Comme pour éviter la question, elle regarda le sac en carton que j'avais à la main. — «C'est quoi dans ce sac ? Toi aussi tu pourrais m'en dire plus sur la fille dont tu parlais hier ?» Elle semblait trop curieuse ... Mais je ne pouvais rien lui dire, il s'agissait d'une surprise. «Tu le sauras bien assez vite, ne t'en fais pas ...» Elle croisa les bras et semblait vexée que je ne réponde pas à sa question. Je la sentis tendue et peu à l'aise, ce n'était pas dans son habitude pourtant ... Quelque chose devait la tracasser. «Tu sais que tu peux te confier à moi, dis-moi ce qui te tracasse, tu n'as pas l'air dans ton assiette ... » «C'est que ... la fille que j'aime ... c'est ... t...o...i » Elle bégaya et je ne pus entendre la fin de sa phrase. Saki me semblait vraiment gênée ... «Hein? Tu peux répéter ?» «La fille que j'aime c'est toi ...» 

— Ah ...» C'était donc moi ... C'est-à-dire que je ne m'y attendais pas ... Je devais être rouge comme une tomate. C'est trop la honte qu'elle me voit ainsi. Je me cachais le visage dans le creux de mes mains ... Mais en même temps j'étais heureuse. Elle éclata en sanglots et voulut s'enfuir en courant mais je la retins par le bras. —  «Saki ... Je comprends ta réaction mais tu n'as pas à pleurer ! Écoute ... je suis amoureuse moi aussi ... et cette fille c'est toi. » Je la pris dans mes bras et lui caressa les cheveux. Sa douce odeur de prunier et le contact de sa peau avec la mienne me ravit ... Je ne pensais pas que c'était possible que cela soit aussi agréable. Comme mon visage était proche du sien je lui déposai un baiser sur la joue. Je la vis s'éloigner de moi, je craignis d'y être allée un peu fort avec elle pour un premier contact. «Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas apprécié ?» — «Non ce n'est pas ça ... » Je regardai ma montre et vis que nous devions déjà repartir ... Si nous arrivons en retard au premier cours on passerait un mauvais quart d'heure, la prof de japonais était très à cheval avec les horaires ...

Les aventures de Candice, Yuko et Sakino - Tome 1 (2012-2013)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant