Jugement

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Le temps que le conseil se réunisse et que la nouvelle se propage, deux autres jours étaient passés. J'attendais ma sentence dans l'obscurité de cette cellule que je venais à peine de quitter.

Certes, les tortionnaires ne me rendaient plus visite, mais cet endroit ne m'en restait pas moi effrayant. Après tout, j'y avais été trainé plus de fois que quiconque encore en vie pour le dire. Je me souvenais encore de ces murs, de ces échos.

Chaque fois que je me dressais contre mon père, il n'avait jamais hésité à répondre par la force et la dominance. Je savais qu'il ne cherchait qu'à m'avoir à sa botte, mais jamais je ne lui avais donné ce plaisir.
Peut-être aurais-je dû, j'aurais évité bien des ennuis. Mais en serais-je là aujourd'hui ? Je ne le pensais pas, et c'était légitime.


La porte de ma cellule grinça d'un bruit sinistre, annonçant un triste destin. Je suivais son écho, entouré de deux molosses prêts à me sauter dessus au moindre faux pas. Ma route était tracée, je n'avais qu'à la suivre jusqu'à la liberté. Ou le billot.

J'avais la gorge sèche et le ventre noué, mais pour rien au monde je ne montrerai ma faiblesse à ceux qui voulaient ma mort. Pour le moment, mieux valait penser ainsi, voir tout le monde comme un ennemi. Peut-être cela me sauvera-t-il d'un mauvais coup.

- Peuple de Plegia ! Nous qui nous sommes battus pour un morceau de pain ou notre liberté, devons faire un choix crucial !

Encore caché de la foule à présent silencieuse, je me tenais derrière la grande estrade de bois dressée pour l'occasion. J'allais paraître devant le peuple entier, et me faire juger sous leurs yeux. Je ne voyais pas le maître de cérémonie, mais je reconnaissais la voix du vieux sorcier.

Si la force était un atout majeur pour prouver sa valeur, la sagesse de l'âge était tout de même grandement respectée.

- Le jeune homme que nous avons trouvé est venu à nous de son plein gré. reprit-il. Il n'a eut aucun comportement agressif, et s'est expliqué. Après ça, nous avons décidé de lui accorder sa chance lors ce procès. Plegiens, donner votre voie !

Pour avoir aperçut un procès depuis les grilles des cachots, je savais que c'était le moment pour l'incriminé de s'avancer.

Après deux jours en sous-sol, je ne pouvais qu'être éblouis par la brillante et chaude lumière du soleil de notre pays. Ignorant la sueur qui coulait sur ma tempe, je venais de gravir les quelques marches de bois pour me tenir sur la grande scène, face à tous.

Ma vision accoutumée, je pouvais voir l'étendue du pouvoir des mots. Devant moi s'étendait une foule de centaines de personnes, toutes venu voir le potentiel roi. Ils étaient présents afin de déterminer si me confier le pays était la chose à faire.

Beaucoup me dévisageaient, ne me pensant pas capable d'une si lourde tâche.

- Il est bien trop frêle ! gronda un homme bien bâti, au premier rang.

- Notre précédent roi était fétiche, il a pourtant mené une bien sombre guerre. le contredit Gyo, au côté de l'estrade.

Sa parole semblait respectée, puisque, malgré sa grande taille, l'homme ne répliquait rien.

- Alors il serait un puissant sorcier, comme son père ? demanda un autre.

Le maître de cérémonie se tourna vers moi, me donnant ainsi la chance de m'exprimer. Je devais choisir mes mots avec prudence, mon destin en dépendait.

- Je manie la lame comme les arcanes.

- Tu n'aurais donc aucune faiblesse ?

Il ne semblait pas croire en mes paroles, et ici, quoi de mieux que de prouver ses dires par le combat.

Le Roi et le PrinceDonde viven las historias. Descúbrelo ahora