Chapitre Vingt-sept

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Pas qu'un reflet

Laïs ne se réveilla pas naturellement. C'était la sonnerie du téléphone qui lui fracassa les tympans.

Au départ, elle était tellement perdue, qu'elle ne comprenait pas en premier lieu comment elle faisait pour entendre le combiné en cuivre ? Elle se releva, ses doigts s'enfonçant dans l'étoffe. Elle se frotta les yeux et découvrit qu'elle était dans la chambre qu'elle partageait avec Berenilde pendant ces longues semaines.

Comment avait-elle fait pour atterir ici ?

Elle était totalement habillée. Combien de temps avait-elle dormi ? Quelques heures à peine ? Elle sortie des couvertures pour aller chercher le téléphone qui ne cessait d'hurler et de briser le silence des lieux.

  - Par tous les Saints, que quelqu'un fasse taire cet engin infernal ! Trancha une voix hautaine.

Laïs se tourna vers l'autre lit. Berenilde, le corset complètement délassé, les cheveux en vadrouille et le visage un peu fatigué venait d'émerger des draps de soie.

Apparemment elle était revenue de sa séance privée avec Farouk. Et elle s'était bien passée. Enfin, ça se voyait.

De l'autre côté, la tante Roseline grondait dans son sommeil, mais elle ne semblait tout vouloir se réveiller.

Laïs, en se levant, espérait que tout allait bien se passer pour elle. Mais il n'y avait pas de raisons. Gaëlle avait fait son nécessaire, Berenilde était vivante, enfin pour l'instant, sauf si les Dragons l'obligeaient à aller à cette maudite chasse.

Laïs décrocha le combiné.

  - ALLO ?

La voix de Thorn lui vrilla les oreilles. Elle leva un sourcil : et c'est elle qui ne savait pas utiliser un téléphone ? Qu'il pouvait être drôle, des fois.

  - Ici, Mme Camélia. Répondit calmement Laïs pour l'embêter légèrement.

  - Madame... - Il soupira, aux bords de la crise de nerfs. Qu'avait-il ? - Laïs, ce n'est ni le lieu, ni le moment. Allez-vous bien ? Et ma tante ?

Laïs observa derrière son épaule, Berenilde qui venait de s'assoir tel un cygne, sur une causeuse.

  - Nous allons bien, nous venons de nous lever.

  - De vous lever ? Répéta Thorn incrédule. À minuit ! Vous avez dormis toute la journée ?

  - Toute la journée ? Lança Berenilde choquée.

Laïs resta parfaitement calme alors que Thorn semblait s'arracher les cheveux derrière son téléphone. Appelait-il de l'intendance ?

  - Pourquoi vous semblez si... surpris ?

Il soupira brutalement, comme si c'était assez difficile à formuler.

  - Durant la grande chasse... tous les Dragons seraient selon les dires, tous morts.

Un silence. Berenilde hoqueta de surprise.

  - Morts ? Répéta Laïs abasourdie.

  - Écoutez-moi, trancha-t-il, j'ai décidé de révéler votre identité à la cour. Vous n'êtes plus en sécurité ici avec ce qu'il s'est passé, vous avez besoin de la protection de Farouk, bien malgré moi. Tout le monde est au courant, apprêtez-vous à nous recevoir d'ici dix minutes précisément.

  -Qui ça nous ?

Mais c'était trop tard, la tonalité était coupée. Thorn avait raccroché. Les Dragons, morts ? Mais comment ?

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant