Chapitre Onze

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Diaphane

- Je devais vous parler.

Laïs fronça les sourcils en serrant son peignoir autour de son corps. Un courant d'air désagréable dansait avec la soie de son vêtement.

  - Si c'est pour ce qui est du dîner, je me suis déjà excusée, il me semble. Lâcha-t-elle implacable.

Elle regarda Thorn, dont les yeux métalliques comme deux lames de rasoir, la fixaient depuis sa haute taille.

  - Il me semblait clair que ce n'était que des excuses de circonstance. Claqua de son accent du Nord.

Laïs croisa les bras.

  -Vous ne vous attendiez pas à ce que mes excuses soient sincères après l'accueil et les informations que votre tante m'a annoncé ?

Thorn sortit sa montre à gousset de son grand manteau. Tac tac. Tac tac.

  - Je vous ai pourtant prévenu dans la salle de radio.

  - Je le sais. Mais ce n'est pas comme si je pouvais sauter à travers l'un des hublots pour m'enfuir.

Le couvercle de la montre claqua. Tac. À travers un rayon bleuté, les cicatrices diaphanes de Thorn ressortaient sur sa peau pâle. Laïs voyait ses propres cheveux décolorés, voler en longues mèches autour d'elle.

  - Effectivement, non. Nous ne pouvons plus faire marche arrière, quoi qu'il en soit. Nous allons devoir nous serrer les coudes, si vous voulez survivre.

Laïs releva la tête le fixa sans ciller sous ses paupières tombantes.

  - C'est sûr que notre première coopération n'a pas très bien aboutie mais, je vous écoute.

  - Pour plus de protection, enfermez-vous pendant votre sommeil, ne mangez que ce qu'on vous propose à table et ne faites confiance qu'à ma tante. Les domestiques sont à éviter, aussi.  Est-ce que c'est clair ?

  - Et vous que feriez-vous ? Vous vous transformerez en garde devant ma porte, en plus de ma propre tante ?

Thorn émit un claquement de langue, crispé.

  - Vous devez avouer que sa prestation laisse à désirer. Je pourrai rentrer dans votre chambre et vous embarquer dans mon sillage, que votre tante n'émergerai même pas de ses rêves.

Laïs leva un sourcil, sur son visage parfaitement neutre.

  - Pour me faire quoi, monsieur ?

  - Des brutalités. Répondit-il glacial sans entrer dans les détails. Mais ce n'était qu'un exemple qui n'arrivera jamais. Je vous conseille de garder ce tisonnier auprès de vous.

Laïs baissa son regard terne vers ce que tenait Thorn. Une valise. Elle commençait à voir rouge ou alors se trompait-elle ?

  - Vous n'avez pas répondu à ma question. Où serez-vous pendant que vous me confinez ici ?

Il baissa son profil de faucon sur sa valise, puis releva ses yeux orage.

  - Je dois retourner à l'intendance avant que cette arche ne parte en morceaux.

  - L'intendance ? Répéta Laïs, curieuse.

  - Oui. Lâcha abruptement Thorn. Je suis le surintendant de Farouk. Un peu plus que cela même : du Pôle et de ses provinces.

Thorn était surintendant ? Mais un bâtard ? Finalement, il avait bien eu quelques faveurs pour arriver jusque-là ou se trompait-elle parce qu'elle n'avait pas tous les éléments devant ses yeux ? Mais, pour l'instant une chose était très claire.

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Where stories live. Discover now