Chapitre Vingt-cinq

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Les chaînes invisibles

Le demi-frère de Thorn. Il ne lui disait rien qu'y vaille. Il était comme le chat qui s'amusait avec sa proie, ses rides creusées par le sadisme cachées par sa barbe blonde.

Laïs se dégagea un peu gênée et horrifiée. Elle n'avait pas le temps pour ça. Elle avait tellement mal, là où il l'avait touché.

  - Monsieur, veuillez me pardonner je dois y aller je suis pressée.

  - Quel adorable accent, Mme Camélia ! Je vous en prie, restez. Insista-t-il.

Il s'approcha d'elle avec un délice malsain. Il la fixait de toute part : sa peau hyaline, ses cheveux transparents, ses grands yeux aux paupières lourdes.

Laïs fit glisser sa main sur sa cuisse pour avoir à porter de doigts, son tisonnier. Elle aimerait ne pas avoir à affronter ce colosse, mais il avait l'air terrifiant.

  - Je dois vraiment y aller.

Il lui reprit la main et la fit tournoyer délicatement.

  - Vous êtes courageuse de venir pour une cousine, au Pôle. Ce n'est pas vraiment une arche hospitalière pour les femmes. Même mariées.

Elle resta impassible de visage mais son cœur battait rapidement. Trop rapidement. Elle commençait à stresser.

  - Si vous insinuez que...

  - Oh, mais je n'insinue rien madame, coupa-t-il avec son air jovial. Je suis juste particulièrement curieux et observateur...

Il s'approcha de plusieurs pas. Il n'y avait plus que des centimètres qui les séparaient l'un de l'autre. Trop proche. Trop téméraire. Laïs tremblait, sa vision devenait floue. Elle devait partir. Absolument.

  - Monsieur, je ne me résous pas à accepter cette attitude. Je vais me retirer. Trancha-t-elle en partant dans la direction opposée.

Mais le hall était vide. Elle était seule avec Godefroy. Elle était comme un jouet à taille humaine pour ce géant. D'un seul coup les bougies des lustres et des chandeliers répandaient des lueurs froides et semblaient se rire d'elle.

Il la rattrapa brutalement par le poignet. Laïs se mordit la langue jusqu'au sang pour ne pas hurler sous la douleur qui venait de lui transpercer les os comme des millions de petites aiguilles. Elle lâcha son masque noir sur le sol. Le son se répercuta en un écho brut.

  - Où allez-vous comme cela ? Mme Camélia et si vous n'étiez pas ce que vous prétendez être ? Dans ce cas-là mon cher frère serait chanceux.

  - Laissez-moi...!

Laïs voulu lui asséner une gifle monumentale, mais le Dragon ne plaisantait pas et il était bien trop rapide et puissant pour une jeune femme comme elle. Il rattrapa sa main bien avant qu'elle ne claque sa joue.

  - Ne devenez pas si violente, quel dommage de gâcher ce joli faciès par la colère.

Elle avait l'impression d'étouffer. Godefroy ne la lâchait pas. Elle sentait son coeur vaciller. La douleur était effroyable. Elle allait imploser... ou s'évanouir. Le monde commençait à valser quand elle entendit.

  - Lâche-la.

La voix était monocorde et sévère. Elle releva les yeux et aperçu Thorn dans son uniforme d'Intendant, dévaler les marches de l'escalier à double-révolution.

Il avait laissé la fin de l'opéra, comme s'il avait sentit que quelque chose n'allait pas. Pour une fois, depuis le début de leurs fiançailles, Laïs était vraiment heureuse de le voir.

LE REFLET DE LAÏS ━゙LA PASSE-MIROIR✔Where stories live. Discover now