LE REFLET DE LAÏS ━ﾞLA PASSE-MIROIR✔

Chapitre Vingt-six

Le masque transparent

  - Thorn, je montais justement vérifier l'état de votre tante.

  - Cela peu attendre. Trancha-t-il.

Il s'approcha en sortant sa montre. Il vérifia l'horaire, tic tac et la replongea dans une poche au fin fond de son veston. Laïs fronça les sourcils légèrement, mais cela se voyait à peine.

  - De quoi voulez-vous parler ?

  - Vous savez très bien de quoi je veux parler, Laïs.

  - Non, dites-moi. Je vous écoute.

Ils se jaugèrent en chiens de faïence. La Rose des Vents répercutait chaque son comme dans un aquarium. Le silence était sidérant et les courants d'air glaciaux. Il était impossible d'entendre l'activité de l'ambassade ou de l'opéra. Ils étaient en face à face, coupés du monde et des arches.

  - Très bien dans ce cas, laissez-moi juger de vos blessures que Godefroy vous a fait en vous agrippant.

Laïs sentit ses joues brûler. Il voulait vraiment parler de ça, maintenant ? Elle n'était pas d'humeur. Elle était épuisée, elle avait besoin de beaucoup de sommeil et elle était inquiète pour les deux tantes. Elle ne pouvait pas...

  - Elles disparaîtront.

  - Vous ne me laissez pas en juger, donc ?

  - Non. Je veux dire ce n'est pas votre... rôle.

  - Alors quel est mon rôle si je ne peu pas m'occuper de vous ? Vous savez que c'est irrémédiable.

Laïs soupira, le cœur battant la chamade comme si elle courrait un marathon en corset et talons. Pourquoi elle se sentait aussi mal ? Elle ne disait que la vérité. Il ne servait à rien de mentir.

  - Notre mariage est effectivement sans démarche de retour. Je le sais. Mais... Thorn, je ne peux vous porter de l'affection.

Sa bouche s'était légèrement asséchée alors qu'elle l'observait derrière sa dentelle sombre dans cet espace vide. Comme il restait aussi silencieux et immobile qu'une statue de marbre, Laïs rajouta avec difficulté.

  - Écoutez, je ne me referme à rien, mais pour l'instant je ne peux rien vous démontrer. Il s'est passé beaucoup trop de choses et nous n'avons clairement eu aucune conversations depuis notre rencontre.

Thorn avait le nez de nouveau sur sa montre.  Laïs se sentait particulièrement mal à l'aise. Mais que pouvait-elle faire d'autre ? Mentir ? Certainement pas.

Au moins lui avait-elle dit qu'elle n'était pas hermétique à ses attentions s'il voulait lui en porter. Au départ, elle voulait s'en faire un ami de cet inconnu venu du grand froid. Maintenant... c'était différent.

  - N'ai-je pas été à la hauteur ?

La question était laconique, mais Laïs avait l'impression que ses paroles étaient faites de poignards aiguisés.

  - Je n'ai pas dis cela. Vous m'avez protéger et je vous remercie. Mais soyons sincères, nous nous sommes criés dessus depuis le début. Je ne connais rien de vous et vis-versa... Vous le savez Thorn.

L'échassier serra la mâchoire, claqua sa montre.

  - Donc, si j'accepte d'apprendre à vous connaître, prendre le temps de... parler, vous envisagez une autre voie ?

Laïs entendait presque ses cils papillonner dans un bruit de gel. Elle reprit son inspiration et déglutit.

  - C'est envisageable, si nous partons sur de bonnes bases : sans secrets, je suppose.