3. Mardi 21 Novembre

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22h. Je suis crevée ! Si l'on m'avait dit que l'armée était du par cœur, je crois que je ne serais pas venue... Oui, apprendre, apprendre et encore apprendre, telle est la devise ! Lorsque nos réveils sonnent ce mardi matin, personne ne réussit à se lever. Yamina reste étendue dans le lit les yeux mi clos, Maé textote sur son téléphone, et moi, je me motive à redresser la couverture. Heureusement que le chauffage tourne à fond dans la pièce, autrement, je ne sortirais jamais du lit ! Cinq heures trente, ça pique... Je ne me suis jamais levée aussi tôt, même pour aller au lycée. Je crois que nos téléphones nous aident beaucoup, surtout ils font office de réveil avec une panoplie de sonneries différentes, « Dont worry be Happy » de Bob Marley pour moi, du Jul pour Yamina et « I will Survive » pour Maéva. C'est agréable. 

Nous préparant avec hâte, nous nous disputons donc la salle de bain comme je l'avais prédit, bataillant avec ce fameux chignon plat. Dans la Marine, le chignon est de rigueur pour les filles ! Oh, je ne me casse pas la tête, je noue mes cheveux en boule en arrière et laisse une petite mèche pour égayer mon visage. Puisque j'ai une moitié de frange, autant qu'elle serve. Maé et Yamina n'ont pas ce problème de longueur, elles, les leurs s'étirent de façon plus stricte. Mais quant à ressembler à une bonne sœur, au moins voulais-je y ressembler avec goût. Surtout que le maquillage est interdit... J'ai failli pleurer quand je l'ai su. À six heures trente, nous sommes toutes les trois rassemblées dehors, nos chignons prêts. Ce n'est pas le cas des garçons évidemment, et nous attendons bien dix minutes dans le froid qu'ils daignent arriver. Les mecs, quels branleurs ! Ahlala ! En plus, il ne faut pas négliger notre casquette symbolique, chose que la plupart d'entre nous oublient.

— Ça commence bien ! marmonne le second maître qui se tient en face des rangs, devant nous. 

Les retardataires arrivent en courant. 

— C'est bon, tout le monde est là ? demande-t-il en nous comptant. Parfait... Allons déjeuner, je vous laisse un quart d'heure ! (protestation silencieuse dans les rangs). À Cinquante, rassemblement en rang devant l'école, c'est clair ? 

— Oui... murmure l'assemblée. 

— On dit « Oui, second maître ! » Réveillez-vous ! 

 — Oui, second maître, reprennent en chœur les élèves. 

 — Bien. C'est parti. 

 Le petit-déjeuner se déroule dans une lenteur suprême, la plupart de nous étant à moitié endormis. Nous ne bavardons guère, nous demandant ce qui va nous arriver en cette journée matinale. Sauf Jéremy Coe, le chauve qui trouve toujours le temps de parler. Du genre : « Moi, dans l'armée de terre, j'ai... » ou « Dans l'armée de terre blablabla... ». Vraiment agaçant de bon matin ! Une fois devant l'école, les trois gradés nous attribuent un ordre dans les rangs que nous sommes censés occuper tout du long. Pour vous le décrire brièvement, nous formons quatre colonnes bien alignées, contenant chacune six ou sept personnes. Les gars de grandes tailles se situent devant, et se tiennent du plus grand au plus petit. Pour ma part, je me trouve dans la colonne numéro deux, vers le fond. D'ailleurs, je trouve l'organisation illogique puisque les petits étant placés derrière les grands, nous ne voyons rien. Mais bon, chut, c'est l'armée. Et puis, je n'ai pas à me plaindre, je suis bien entourée ! Devant moi se trouvent Tom Bogosse, à ma gauche Joe Filou, derrière Maé LaMiss et à ma droite le roux Florian Carcos avec qui je n'ai pour l'instant aucune affinité. 

 — GARDE À VOUS ! ordonne le second maître.  

D'instinct, les garçons se mettent au garde à vous. Il s'agit en fait de combiner les pieds et les bras collés au corps, la pointe des pieds légèrement espacée, de sorte à créer la forme dix heures dix. Il faut de même sortir les pectoraux, se redresser et tenir sa tête droite, histoire de dégager la droiture, l'honneur et la fierté de son insigne. Je les imite alors. C'est assez drôle, on se sent vraiment l'âme d'un militaire, debout au garde à vous. On doit regarder droit devant nous, le regard fixe, et ne pas dévier les yeux de notre trajectoire, de sorte que si quelqu'un se tient à notre droite, nous ne tournons pas la tête lorsqu'il parle. On s'habitue ! 

Une Blonde à l'ArméeHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin