5 / Rigel

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"La vie vaut d'être vécue quand on a la chance d'avoir le choix."

C'est la réponse d'un certain Rigel. Qu'est-ce que ce Rigel peut bien en savoir? Pour qui se prend-il avec sa phrase philosophique ?

J'avais raison. Ça ne sert à rien de publier des trucs sur une stupide application. Je supprime mon post puis éteins mon portable. Je m'étale de tout mon long sur la falaise, les pieds dans le vide, suspendus au dessus du lac, tandis que la brise de fin d'après-midi vient chatouiller mon visage.

Je décide de rentrer, déboussolée comme à chaque fin de journée. Je parcoure la ville à vélo tandis que le soleil commence à s'assoupir, terni par la nuit venant prendre sa place sur la toile bleue au dessus de nos têtes.

Une fois arrivée, j'embrasse ma mère sur le front et vais dans ma chambre. Je me laisse tomber sur mon lit puis commence à écouter la douce mélodie de la chanson Wonderwall d'Oasis.

***

La musique Hallelujah qui me sert de réveil retentit. Je l'éteins et me lève péniblement. Je prends un tee-shirt vert anglais, un gilet noir trop grand pour moi et un jean noir délavé. je met mon bonnet, mes Vans, me tartine du chocolat sur du pain, prends mon sac et sors de chez moi.

Je rentre au lycée avec mes écouteurs dans les oreilles. Je me dirige vers la bibliothèque, tête baissée.

Je ne veux croiser le regard de personne. Quand je regarde quelqu'un, je remarque que la personne m'observait déjà, les yeux noyés de pitié et le regard plein de jugement.

Je suis la fille à éviter, à ne pas toucher.

Pourquoi ?
Je n'en sais rien.

Je suis toujours seule, je ne parle à personne, et presque jamais.
Le nombre de fois où j'ai dû ouvrir ma bouche, je peux le compter sur les doigts de ma main, quand mes professeurs m'interrogeaient, par exemple. Et si je réponds, apparemment, c'est incroyable, un miracle, du moins, c'est ce que les regards choqués de mes ''camarades'' me laissent penser.

Et puis je suis toujours seule, pas que ça me dérange, loin de là. Vaut mieux être seule que mal accompagnée, comme on dit.

Avant, je traînais avec Ellon et Morgan. Mais bon, mon frère n'est plus vraiment disponible ces temps ci. Hein, fréro ?
Et Morgan a 19 ans, elle n'est plus au lycée.

Oh et vous allez pas y croire, mais oui, j'ai déjà eu des amis autre que mon frère et sa petite amie. Il y a un an.

J'avais une meilleure amie depuis mes 8 ans. À la mort d'Ellon et mon père, je me suis encore plus renfermée que je ne l'étais déjà.

Elle n'a pas supporté mon mutisme, et m'a dit que quelque chose s'était brisé. Qu'elle voulait m'aider mais qu'il fallait que je lui parle et lui fasse confiance. Je n'ai pas ouvert ma damnée bouche, et elle s'est barrée. C'est très certainement de ma faute mais tant pis. Elle n'a pas tenu plus d'un mois. Au revoir, Laren.

Et puis au collège, j'avais une très grande amie, Laya, que j'aimais beaucoup. Vraiment beaucoup. Et pas amicalement. Quand je lui ai dit, elle a pris ses jambes à son cou, pendant que je lui faisait mon coming out sur ma bisexualité.

Et les gens ici n'ont rien d'autre à foutre que de me donner des surnoms. Parce que oui, j'ai d'autres petits noms que La Muette. Il y a La Veuve, sûrement parce que je m'habille en noir, ou à cause de la tronche que je tire chaque jour, et aussi parce que, oh, oui, j'ai perdu mon père et mon frère. 

Je m'en fiche pas mal. Enfin un peu. J'essaie de faire comme si ça ne m'atteins pas, mais ces larmes que j'aimerais tant congeler ne s'arrêtent de couler.

Je rentre en cours et vais m'asseoir au fond, puis mets discrètement mes écouteurs dans les oreilles, pas vraiment d'humeur à travailler.

Tandis que les chansons défilent dans mes oreilles, la sonnerie se fait entendre.
Je n'ai exceptionnellement pas cours cet après-midi. Je rentre, traînant des pieds, tête baissée.

Lorsque je referme la porte d'entrée derrière moi, j'entends mon portable émettre une petite mélodie. Je me dirige vers ma chambre, m'asseois sur mon lit puis jette un coup d'œil à mon téléphone.

"Nouveau message" venant de WeConfess.

J'ouvre l'application et me dirige dans ma messagerie. C'est ce ou cette fameuse Rigel.

Rigel: Pourquoi tu veux mettre fin à ta vie ?

Astrée: Ça ne te regarde pas.

Merci Morgan...
Mon portable vibre à nouveau, laissant apparaître une seconde notification.

Rigel: Alors pourquoi avoir posté publiquement un message si tu ne veux pas expliquer quoi que ce soit ?

Un point pour Rigel. Je ne sais tout simplement pas quoi répondre, donc j'éteins encore une fois mon portable, non sans réfléchir à ce mystérieux Rigel.

Je secoue la tête comme pour balayer ces pensées et vais dans la cuisine pour aller dénicher quelque chose.

Je fouille mes placards puis le frigo, vais regarder dans les tiroirs de ma chambre et retrouve trois plaquettes de chocolat.

Quant à vivre, autant se nourrir comme je l'entends.

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Hello ! Ça fait longtemps ! J'avais dis que j'allais reprendre le 18 mai, et c'est ce que j'ai fais!

Jusqu'à nouvel ordre, je ne posterai que le samedi, car je n'ai pas beaucoup de temps et de chapitre en stock, mais je vous promets que dans peu de temps je l'espère, je reviendrai au rythme mercredi/samedi, promis !

Bref, assez de blabla, qu'avez vous pensé de ce cinquième chapitre ? Mmh? Je veux tout savoir en commentaires !

With love,
S.

La Chance de Vivre Where stories live. Discover now