Chapitre 6

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Lorsqu'Angolo arriva devant sa maison, il entendit une série de toux secs et sonores. Il se dépêcha et entra sans tarder davantage dans ce vieux bâtiment de pierre après avoir entendu ce sinistre bruit capable de lui déchirer le cœur. Elikia était couchée sur le lit, suante et tremblante. Sa face était toute pâle et elle poussait de légers gémissements. Elle souffrait affreusement de cette terrible fièvre qui la tenait au lit depuis plus de quatre jours. Sa santé n'avait jamais été bonne depuis qu'elle avait attrapé lors de sa jeunesse cette maladie qui tuait des milliers de Congolais à chaque année. Angolo déposait le médicament et prit la serviette mouillée qui était sur le front brulant de Elikia.

- Ah, remarqua Elikia de sa voix faible. Tu es rentré.

- Oui, répondit Angolo en trempant la serviette chaude dans le sceau d'eau, tentant de cacher son inquiétude. Évite de parler et repose-toi.

Après avoir posé la serviette mouillée de nouveau sur le front de sa mère, Angolo alla chercher de l'eau dans la cuisine.

- Lève-toi, maman, dit-il en revenant avec un verre rempli d'eau. C'est le temps des médicaments.

- Tu es encore allé les acheter, soupira Elikia. Ça t'a sûrement encore coûté une fortune.

- Mais non, mais non, répéta Angolo en évitant les regards de sa mère. Mon métier me rapporte beaucoup, et ces médicaments sont peu de chose. Ne te soucie pas de tout ceci, prends ton médicament et repose-toi.

Angolo aida Elikia à se redresser et lui donna une des pilules blanches sorties du paquet. Elikia l'avala en buvant l'eau.

- Je ne suis pas bête, Angolo, dit Elikia. Tu n'aurais pas dû les acheter. Tu sais que c'est de l'argent gaspillé et que je ne pourrais durer longtemps.

- Ne dis pas cela, maman, répondit Angolo. Tu vas aller mieux. Je te le promets. Dès que j'aurais assez d'argent, je t'emmènerai voir un vrai médecin.

La voix d'Angolo tremblait. Au fond de lui il savait que cela était un peu vrai et que sla tragédie allait arriver s'il n'arrivait pas à fournir à sa mère les soins nécessaires.

- Je suis une femme faible et égoïste, dit Elikia. Si je suis moins égoïste, je me tuerai et je mourrai dans la dignité, au lieu d'être ton fardeau. Tu es jeune et fort et ta vie a encore plein d'espoir. Tout est encore possible pour toi. Mais je détruis ta vie en consommant tout ton argent, sans avoir le courage de me tuer.

- Ne dis pas cela, maman, contredit Angolo. Tu le sais que c'est faux. Si tu étais faible et égoïste, je ne serais plus dans ce monde il y a longtemps. Tu ne m'aurais pas protégé durant la nuit où notre maison a été encerclée par ces hommes, ou tu serais partie sans moi, m'abandonnant tout enfant, et je serais mort de faim dans une rue comme ces enfants que l'on voit dans ces quartiers pauvres. Arrête de te blâmer, maman. Ce n'est pas de ta faute que tu souffres de cette maladie.

Elikia sourit. C'était un sourire attristé manquant d'espoir.

- Repose-toi maintenant, lui dit Angolo. Tout ira mieux demain.

Vies fragilesWhere stories live. Discover now