Chapitre 4

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- Quoi? cria Angolo, indigné. Comment ça, un kilo? C'est presque un kilo et demi!

- Si je dis que c'est un kilo, dit la marchante de minerai en haussant les épaules, c'en est un. Ça ne serait pas un et demie. Si tu ne me crois pas, tu peux aller ailleurs trouver un autre marchand.

- Riya, supplia Angolo. Tu ne peux pas me faire ça! Ça fait deux ans que je viens chez toi te vendre du minerai! Tu sais très bien que j'ai besoin de cet argent pour les médicaments de ma mère et tu sais très bien que tu es la seule vendeuse que je connais à Goma!

- C'est à prendre ou à laisser, Angolo. Le choix est à toi. Tout le monde a besoin d'argent, et tu n'es pas le seul. Moi aussi j'ai des enfants à envoyer à l'école.

Angolo regarda la marchande rouge de colère et se calma rapidement.

- Bon, dit-il finalement. Donne-moi l'argent.

Riya lui donna un paquet de billets de dollar américain. Angolo les compta. Il y en avait trente.

- Il en manque cinq billets! s'écria Angolo.

- Le marché a connu un crash en Londres, répondit Riya. Le prix a diminué. Je regrette Angolo, mais je n'ai pas le choix. Si tu veux, tu pourrais garder tes minerais pour plus tard.

Angolo la dévisagea. Il n'y avait aucune façon pour lui de vérifier l'authenticité des paroles de la marchande. De plus, cette dernière savait qu'il était obligé de lui vendre aujourd'hui et qu'il avait besoin de l'argent maintenant. Après avoir poussé un soupir pour son impuissance, il partit avec l'argent et marcha en direction de la maison de Zolé.


- Zolé, dit Angolo. Les médicaments que tu m'as donné la semaine passé empire la situation de ma mère! Il y a un problème avec ces médicaments!

- Garçon, dit le vieil homme. Ne m'accuse pas pour ce qui arrive à ta mère. Tout le monde le sait ici dans ce quartier que je vends les meilleurs médicaments antirétroviraux. Ça se peut que la maladie de ta mère ait évolué, ça se peut que ce soit autre chose, je ne suis pas médecin! C'est un risque que tu acceptes de prendre en achetant mes médicaments au lieu de consulter un médecin! Ne me blâme pas!

Angolo demeura silencieux. Le vieil homme a raison. En n'ayant pas les moyens de voir un médecin et d'acheter des médicaments de l'hôpital, il était obligé de se risquer en se procurant des médicaments de nature douteuse de la part d'un contrebandier, qui pourrait même ne pas être conforme à la maladie. Il n'avait pas le choix

- Donne-moi la médication d'une semaine, dit Angolo. Et donne-moi en des vrais! Si ça ne va toujours pas mieux pour ma mère, je vais venir avec mes amis et tu vas le payer cher!

Angolo sait qu'il ne pouvait rien faire même si les médicaments ne marchaient pas, mais il fit ces menaces dans l'espoir de menacer le vieux marchand au cas où ce dernier lui avait donné de faux médicaments la dernière fois.

- Garçon, répondit Zolé. Tes menaces sont inutiles. Mes médicaments sont tous des vrais, je le jure! Donne-moi l'argent.

Angolo lui donna vingt billets.

- Tu te ris tu de moi? demanda Zolé, qui commençait à s'impatienter. Vingt dollars? Tu sais que ça coûte vingt-cinq.

- Je n'y peux rien, répondit Angolo. La marchande de minerai m'a dit que le marché a chuté, et m'a seulement payé vingt au lieu de vingt-cinq. C'est tout ce que j'ai.

- Il n'en est pas question! Pour vingt dollars, va voir le voleur en face qui en vend des médicaments moins chers, et tu verras ce que c'est de faux médicaments!

Angolo poussa un soupir et fit semblant de quitter. Lorsqu'il se rendit à la porte, Zolé l'appela.

- Garçon, reviens ici! Donne-moi l'argent! C'est la dernière fois!

Vies fragilesWhere stories live. Discover now