Demain, dès l'aube

Vingt-huitième.

Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

03/07/19

Cher Kairos,

Tu remarqueras que j'ai mis du temps à te répondre, mais la raison est simple ; je réfléchissais aux
rêves, aux doutes que je pourrais avoir. Et je me suis rendu compte que mes rêves te concernent.

Cela doit sûrement te paraître un peu abrupt, pardonne-moi. Je n'ai jamais eu de rêve d'avenir, je ne
me suis jamais autorisé à y penser.

Quant aux doutes, j'en ai des centaines, des milliers même, qui
s'entremêlent dans mon esprit et qui me font violemment souffrir. C'est une lourde tâche que de les
prendre un à un pour les identifier.
Seulement, depuis que j'ai fait ta connaissance, je me surprends à espérer.

J'espère que tu deviendras poète.

J'espère que tu seras reconnu pour tes mots.

J'espère qu'on se souviendra encore de toi dans cent ans.

Tu as éveillé l'espoir en moi, tu éveilles tant d'émotions que je me pensais incapable d'éprouver.

Alors, s'il te plaît, écris. N'aie pas honte d'être un enfant poète, n'aie pas honte de ne pas dépérir
d'amour, n'aie pas honte d'avoir peur de l'avenir.

Écris simplement sur tout ce que tu veux. C'est cela qui est magnifique dans l'art ; cette liberté totale.

Tu possèdes le plus grand des dons dans tes doigts, la plus grande des magies dans ton esprit.

Ne te laisse pas entraver par ces pensées, ces si mauvaises pensées que tu m'as confiées, ou tu
risqueras de finir dans un bureau, ou quelque métier dans lequel tu seras bien malheureux. Écris ce
que tu veux, quand tu veux, où tu veux, comme tu veux.

Si tu cherches un lecteur, je serais honoré de m'acquitter de cette tâche.

Tes mots me donnent envie de vivre.

Et c'est ce qu'il me manquait terriblement,

l'envie de vivre.

Dans l'attente de ta réponse qui, je sais bien, sera beaucoup plus rapide que les miennes,

Azalé.

P.S. j'aime vraiment écrire avec ton stylo. Merci pour ce merveilleux cadeau.