Sixième.

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Sans cri, sans mouvement, sans voix, sans jour, sans bruit,

N'était plus qu'une larme immense dans la nuit.
07/12/18


Cher Azalé,

Recevoir ta réponse m'a procuré un ouragan de joie, tant j'étais effrayé à l'idée d'avoir lancé un appel à un sourd. (Crois-moi, tu n'as pas à écrire maintes et maintes versions d'une même missive, tout ce qui sort de ton esprit est beau. Je m'en suis aperçu dès notre rencontre, à la première seconde.)


J'admets être curieux de cette « deuxième raison » mais je respecte ton choix, et attendrai. Sache cependant que je peux tout entendre (ou tout lire, dans ton cas) je suis quelqu'un de compréhensif, d'après mes amis. Bon… ils m'ont également traité d'inconscient (ainsi que d'autres mots dont je t'épargnerai la lecture) quand je leur ai parlé de ma proposition d'échange épistolaire. Ils pensent que tu peux être une personne malintentionnée cherchant à abuser de ma gentillesse.


Pour les rassurer, je vais te le demander franchement : es-tu une personne malintentionnée cherchant à abuser de ma gentillesse ?


Pour ce qui est du manque de conversation, ce n'est pas grave ; je nous lancerai sur des sujets, s'ils t'intéressent tu suivras, sinon il te suffira de les ignorer, et nous parlerons d'autre chose. Il y a tant à dire sur le monde, c'est valable pour toi aussi.


Le fait que tu aies dix-huit ans me surprend un peu ; tu fais plus jeune. Je ne te donnais pas plus de seize ans, pour dire vrai. (j'espère ne pas t'offenser par ce mauvais jugement de ma part.) Quant à moi, j'ai eu dix-sept ans en août. Le cinq, plus exactement. Et crois-moi, c'est le plus triste mois d'anniversaire. Petit, je ne parvenais jamais à le fêter le jour même, tout le monde était parti en vacances à cette période. Tu as de la chance d'être né le vingt-huit novembre ; du moins, j'imagine.


Oh, j'aimerais que tu me racontes un souvenir d'enfance ; n'importe lequel, l'un de ceux qui marquent, l'un de ceux dont la réminiscence nous fait sourire de nostalgie. Je serai heureux d'apprendre à te connaître un peu plus grâce à cela.

Les vers que j'ai écrit au-dessus de la missive viennent de son recueil « la fin de Satan » que je trouve magnifique. Tu l'as lu ? Parce que c'est un véritable chef d'œuvre. Je l'ai dévoré des dizaines de fois, je pourrais te déclamer tous les poèmes par cœur.


Bien, je me suis suffisamment attardé sur cette lettre, je vais m'arrêter là et te l'envoyer, j'ai vraiment hâte que tu la reçoives.


(Une dernière chose, pour les prochaines missives, je te prie de ne pas t'acharner à écrire mille versions ; sincèrement, je voudrais lire les mots qui sortent de ton esprit sans être retravaillés, je voudrais lire ton essence, ce sera la meilleure manière de faire ta connaissance. Ce n'est pas grave s'ils sont incohérents ou si tu les penses pauvres, j'en serai tout de même comblé.)


En attendant d'être une nouvelle fois fasciné par tes mots,


Kairos.

Demain, dès l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant