4.

10 0 0
                                    




  Je jette un dernier regard au miroir de la salle de bain, avant de me diriger vers la porte d'entrée de l'appartement que le capitaine a mis à ma disposition pendant la durée de l'enquête. Avant de rejoindre les collègues au poste de police, je décide de faire un petit détour par le centre-ville de Seattle afin de profiter au mieux de ce nouveau paysage. La journée d'hier a été très dure et stressante. Mike et moi sommes retournés sur les scènes de crime afin de jeter un œil nouveau au cas où quelque chose aurait échappé à la scientifique. Même un minime détail pourrait faire avancer l'enquête. Mais c'était peine perdue. Lors de mon inspection dans le hangar où a été découverte la première victime, j'ai été prise d'une drôle de sensation. J'avais l'impression que l'endroit m'était familier, alors que je n'y avais jamais mis les pieds. Je sentais une présence, une odeur, comme la respiration d'une personne autre que Mike et moi. C'était complètement délirant. J'avais peur et la panique était très intense. C'était la première fois que je ressentais une telle chose. Le sentiment d'être la proie du chasseur.

Je ne peux plus me permettre de perdre du temps car les jours passent et je n'ai malheureusement aucun indice qui puisse me permettre de dresser un portrait psychologique précis de notre assassin. C'est comme dans un labyrinthe sans issue. Il y a maintes sorties, mais aucune ne mène quelque part. Je dois agir sans plus tarder ou l'assassin fera une nouvelle victime. Il a déjà tué trois femmes et je ne sais pas quand il s'arrêtera. Il agit comme un animal sauvage qui guette sa nourriture.

Les nombreuses années dans la police m'ont permis d'apprendre que les serial killers ont très souvent été victime de maltraitance durant leur enfance. Certains ont même été les esclaves sexuels de leurs propres parents. Nombreux d'entre eux n'ont pas eu la joie de vivre pleinement leur jeunesse. Heureusement que tous les enfants maltraités ne deviennent pas des assassins. Certains réussissent à s'en sortir, mais d'autres tombent dans l'engrenage du crime.

Comme le disait si bien mon père : "L'humain est l'être le plus diabolique, et seul Dieu sait de quoi il est capable pour assoiffer son désir de vengeance". Il avait raison. Notre assassin en est la preuve réelle.

Je descends les quelques marches qui séparent mon appartement de la sortie de l'immeuble, et je pars en direction du bureau. Au bout de quelques mètres, j'aperçois une grande enseigne éclairée sur laquelle est écrit en gros CHEZ BRENDA. Je pousse la porte d'entrée, et une agréable odeur de vanille vient effleurer mes narines.

« Bienvenue chez Brenda » s'écrit joyeusement une jeune femme à l'entrée. « Vous désirez vous asseoir au bar ou voulez-vous une table, madame ? »

Elle passe machinalement sa main dans les quelques mèches brunes rebelles, qui n'ont pas tenu à la pression du chouchou, puis retire les derniers plis présents sur son tablier.

« Je vais aller au bar. Merci. »

Elle me lance un sourire avant de m'indiquer le chemin d'un signe de tête. Je me dirige vers le comptoir et m'assois sur l'un des sièges.

« Qu'est-ce que je peux vous servir Madame ? » demande le barman en essayant un ultime verre.

« Je ne sais pas. Que me proposez-vous ?

- Et bien si je peux me permettre de vous recommander-

- Fais nous ton fameux cocktail maison, James ! »

Je me retourne au son de la voix de l'inconnu. Je reste bouche bée en découvrant qu'il s'agit de Matt Walter. Ses cheveux ne sont pas aussi châtains que sur les clichés présents dans les dossiers, et ses yeux bleus ne ressortent pas aussi bien qu'en vrai. Je m'autorise à glisser mon regard sur le reste de son corps. Grand et musclé, il fait l'unanime. Toutes les filles présentes succombent à son charme. Je comprends mieux pourquoi Jennifer a craqué.

CulpritWhere stories live. Discover now