C H A P I T R E 3

17 0 0
                                    


Jeudi, le 20 août 2018.

19 heures 56

Deux semaines se sont écoulées depuis la disparition d'Estella. Deux semaines de remords et d'agonie. Les regrets me consument au point que même Don Luis m'a demandé pourquoi je ne rouspète plus. Je me sens tellement vulnérable en ce moment. J'espère que tu n'as jamais revécu un sentiment de regret aussi infernal dans ta vie. Pour essayer de calmer mes regrets, j'ai communiqué avec la police. Ils m'ont dit qu'ils allaient investiguer et m'appeler par la suite. Ils ne m'ont pas rappelé encore, mais je doute qu'ils le fassent prochainement. La police salvadorienne n'est pas très fiable de nos jours. Ils se sont corrompus en 1984 lorsque Alfredo Félix Cristiani avait pris la présidence pour un règne de cinq ans. Depuis, les policiers salvadoriens sont payés pour engraisser en mangeant du pan dulce à la journée longue.

J'avais même décidé de me rendre au poste de police avec lequel j'avais communiqué pour demander la raison pour laquelle je n'avais pas reçu de nouvelles de ma demande d'enquête. Lorsque je me suis rendue au mercado ce matin-là avec ma mère, je lui ai dit que j'allais nous chercher à manger, mais je me suis dirigée vers le poste de police à une minute de marche du mercado. J'ai gagné un peu de cardio, car ils ne m'ont pas permis d'entrer dans le poste de police me donnant comme excuse qu'ils ne laissaient pas entrer des enfants. Frustrée, je leur ai dit de très jolis compliments avant de déguerpir pour éviter de me retrouver en prison pour avoir commis des actes de gentillesse.

En déguerpissant, j'ai pris l'occasion afin de foncer dans un garçon. Pas n'importe quel garçon. Le joli garçon aux yeux bleus. J'ai foncé si violemment sur lui que j'ai faillit le faire tomber à la renverse. Une chance que cela n'est pas arrivé. Je me serai retrouvée à l'hôpital à cause d'une dose excessive de clichés romantiques auxquels je suis fatalement allergique. C'était presque comme dans les novelas que j'écoute. Mais ce n'était pas réellement comme dans les novelas! La romance c'est de la fiction. La romance n'existe pas. Personne ne sera capable de me faire changer d'avis.

Comme mon opinion sur l'amour était forgée, j'ai quitté les bras du jeune homme aux yeux de mer qui m'avait attrapée et repartit vers mon kiosque, tout en ignorant le fait qu'il m'avait demandé mon nom.

Je me souviens avoir écrit que Maribel n'allait pas très bien. Eh bien, ma mère m'a finalement permis d'aller lui rendre visite. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu Maribel. Avec le stress d'Estella, je n'ai plus vraiment porté attention à rien pendant les dernières semaines. Je n'ai même pas remarqué que Maribel n'était pas à l'école! Je devais remédier à mon manque d'attention en allant la visiter. J'étais surprise que Père me laisse sortir de la maison. Depuis le cas d'Estella, il s'est renfrogné davantage, même si j'étais convaincue que c'était impossible pour Père de devenir encore plus amer qu'il ne l'est déjà. Je n'ai pas hâte de prendre soin de lui lorsqu'il sera âgé.

Où en étais-je? Ah oui, j'avais hâte d'aller chez mon amie afin de pouvoir lui raconter ce qui m'était arrivée... Si seulement j'aurai su que ce n'était pas de cela que nous allions parler...

Maribel est ma meilleure amie depuis la nuit des temps. Elle a toujours été là pour moi et moi pour elle. On est comme une gomme et un soulier. Une langue et un poteau refroidit par des froids inimaginables pour moi. Nous sommes inséparables. Je ferai tout pour elle. Lorsque je suis arrivée, elle était allongée dans son hamac avec un air détaché. Lorsqu'elle me vit, elle me gratifia par un faible sourire. Je lui ai demandé comment elle se sentait.

<<Bien jodida.>> Me dit-elle.

Ha! Pensait-elle réellement que je n'avais pas déduit qu'elle n'était pas au meilleur de sa forme considérant son air pâle et yeux remplis de larmes.

Le Journal de: Andrea Celeste CastilloWhere stories live. Discover now