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De prime, le plus impressionnant était le bruit : il y avait des cris, de douleur, principalement. D'effroi aussi. Il y avait le crépitement des mitrailles et des coups de feu. Mais surtout les aboiements de deux loups, ceux d'une meute qu'on tentait de déchirer.

Dans la scène, c'était bien simple, on ne voyait rien. C'était un extrait de guerre, de champ de bataille et surtout la démonstration même de la démence qu'engendrait la furie des hommes. D'un côté, une femme d'une quarantaine d'années tenait la bride d'un groupe de chasseurs. Devant eux un bon nombre de gargouilles et de créatures noires se dressait pour les protéger des diverses attaques ennemies.

Ces chasseurs, corrompus jusqu'à la moelle, serraient contre leurs torses les livres de magie noire et de sorcières qui leur conféraient ce pouvoir. Ils semblaient protéger une cage où un loup noir se confondait en gémissements incontrôlables. « Protéger » était un grand mot, les sorts sur la cage relevant plus d'un véritable désir de blesser. Enduite d'aconit tue-loup, de sorts affaiblissants et d'une multitude de poisons, elle n'était que le moyen de rétention d'un ennemi sur sa victime. 

Face à ces chasseurs, une trentaines de loups-garous se démenaient contre les créatures sombres. Scott était présent, transformé parmi eux aux cotés de Peter et Malia pour pourfendre des créatures au corps poisseux de mauvaises intentions. Même Lydia se défendait, mélangeant sa voix au capharnaüm ambiant. En deuxième ligne, Cora et Isaac donnaient des coups de griffes aux assaillants qui brisaient la ligne, soutenus par des bêtas qu'ils ne connaissaient même pas.

Les invocations faites par les chasseurs étaient d'autant plus maladroites que dangereuses. Seuls des sorciers et sorcières de hauts rangs auraient dû avoir ce genre de grimoires dans les mains et leur amateurisme donnait naissance à des chimères si affreuses que même les livres ne devaient pas connaitre. Leur nombre était incalculable, les psaumes d'invocations sonnant comme une longue litanie derrière le bourdon des cris et des armes. Les coups de feux retentissaient par-dessus la première ligne, les chasseurs ne sachant même plus s'ils touchaient les loups garous ou leurs propres soldats. Les monstres se relevaient aussi vite qu'ils ne tombaient, comme si la vie ne les avait en fait jamais habités.

La résistance des hybrides était impressionnante, surtout quand les pouvoirs de la banshee étaient si efficaces que leur « immortalité » tombait en lambeau. Si l'attaque avait été préparée par des experts en ce domaine, elle aurait été fatale à la meute, c'était certain. Par chance, les invocateurs ne savaient ni ce qu'ils disaient, ni quelle force conférer à leurs créatures, se contentant de répondre aux ordres de leur cheffe.

Leurs connaissance des faits était rudimentaire : on leur demandait des soldats, ils créaient des soldats. 
Mais la véritable menace parmi le groupe de Scott, ce n'était pas les loups garous, Lydia ou la fureur de Malia, ni même la meute de Stiles qui se mêlait à la sienne. Ce n'était pas Rick et Jallen qui s'harmonisaient pour descendre les gargouilles trop entreprenantes ou les démons à l'allure de cadavre ; ce n'était pas Elisabeth à quatre patte qui menait un petit groupe de jeune recrues a l'offensive, non. La menace venait de l'intérieur même. Au creux de la dernière ligne.

Et même les alliés de Scott ne pouvaient pas se décider à relâcher la bête qui s'apprêtait à se jeter sur les chasseurs. Ils redoutaient le carnage et la mort inutile que promettait cette effusion de colère. C'est pourquoi Liam, Théo, Mason et Corey s'affairaient à retenir un loup de la taille d'un ours derrière une barrière de sorbier ; les deux loups garous tentant d'épuiser la bête en se jetant à plusieurs reprises sur son dos.

L'animal, anormalement grand, au pelage sable, se démenait avec fureur en se débattant contre la paroi, ses yeux rouges luisant comme des loupiotes. Les efforts des deux garçons étaient vain.  Surtout quand Mandy, La supérieure des chasseurs, hurla dans un haut parleur :

«  ON BRÛLERA LES MOINDRE LIENS DE TA MEUTE ! »

Ses troupes répondaient à ses encouragement en rechargeant leurs armes et en accélérant les sortilèges ; « Combattre le mal par le mal », disait-elle pour justifier l'invocation des monstres et l'exploitation du surnaturel.

Seulement elle ne voyait plus la limite entre le bien et le mal, comme si ses yeux étaient hantés par un épais brouillard d'intolérance. A ses yeux, l'odeur du sang versé et les sacrifices engendrés n'étaient que le moyen -macabre ou non- d'atteindre le délicieux fumet de vengeance qui se profilait à l'horizon. Ses coups et ses hommes s'abattaient en l'honneur de sa fille et de son mari, et elle n'avait plus assez de sentiments et de raison pour regretter le massacre. Elle ne lâchait pas sa cible des yeux -l'animal clair déchaîné dans sa barrière- si bien qu'elle ne faisait pas attention aux réels relents de fumée âcre qui commencèrent à s'élever au centre de l'enceinte du temple où ils se battaient.

Le feu s'éleva en quelques secondes, se déclarant comme une explosion pour tout souffler sur son passage. Le champignon de feu s'éleva de plusieurs mètres avant de s'effondrer sur lui-même dans une large onde de flammes brûlantes. Certains des grimoires partirent en combustion instantanée ; les hommes eux-mêmes sentirent leur peau fondre au contact du feu. La meute de Scott fut projetée au loin, les combats se tarirent immédiatement, soufflés par l'explosion.

Quand elle se stoppa, elle ne laissa que des geignements de douleur derrière elle, attisant l'attitude électrique des gens qui ont été pris par surprise et qui ne s'attendaient pas à une déflagration pareille. Quand les ennemis se redressèrent pour comprendre ce qui avait prit feu, les lycanthropes étaient à terre et les invocations avaient été calcinées.
Un feu était allumé entre les deux camps et il se mit soudain à ramper en traits droits, comme si quelqu'un avait aspergé le sol d'un filet d'alcool.

Les deux lignes furent engendrées par le feu principal, crépitant sur l'herbe en projetant des gerbes d'étincelles. Celles-ci partirent à l'opposé l'une de l'autre, fusant dans des directions contraires. La première vers la barrière de sorbier, la deuxième vers la cage d'aconit.

Le feu brûla les cendres de sorbier et cela permit la libération du loup beige et celle de Liam et Théo, encore sonnés par l'onde de choc. Le loup était soudain plus calme et tout ceux qui étaient assez éveillés pour le voir fixaient avec béatitude le feu s'enrouler autour de sa patte droite. Il émit un grondement de satisfaction alors même que sa fourrure prenait feu à divers endroits de son corps.

De l'autre coté de l'épicentre de l'explosion, le deuxième chemin de feu avait atteint la cage, laquelle se plia sous les flammes comme si elle eut été faite de cire. Le Loup noir -plus petit que le premier- put sortir des décombres d'un pas calme. Ses lamentations de douleurs semblaient avoir disparu et ses yeux bleus, fixes, ne lâchaient plus l'animal dressé à son opposé.

Si la ligne se tordit comme de la lave autour de l'une de ses pattes, sa fourrure noire ne prit pas feu. Il s'avança seulement. Aucun des deux canidés ne semblait souffrir de la chaleur, leurs grondements se reliant en une mélodie presque juxtaposée à la perfection. Le champ de bataille était comme devenu muet a la scène qui se déroulait devant eux, observant le loup beige comme s'il représentait le dénouement du théâtre. Celui-ci avança jusqu'au feu principal pour rejoindre son semblable. Leurs grognements ne firent qu'un, leurs truffes venant se frotter à l'encolure de l'autre. Ils s'assirent.

Le feu brilla soudainement d'une forte couleur bleue avant de reprendre une ampleur triple pour exploser une nouvelle fois, détruisant le reste des conflits en mettant à terre les derniers combattants. Le brasier prit alors comme un incendie normal, brûlant les vestiges du temple et menaçant les arbres de ses flammes langoureuses et avides. Les survivants s'enfuirent.

Fire LineWhere stories live. Discover now