Plus que Tout ( tome2 )

Chapitre 12

Il soupire fort et nous ramène tous les deux dans l'habitacle de la voiture où l'air froid s'est déjà engouffré à cause de sa porte ouverte.

- Bref ! C'est dans mon intérêt de la fermer.

Mes poings qui étaient serrés sur mes cuisses se relâchent.

- Elle acceptera. Arrête de dramatiser !

Il hausse les épaules peu convaincu et soupire encore avant de descendre complètement de la voiture, de fermer sa portière et de s'en aller. Je le suis du regard pendant qu'il remonte l'allée.

Durant toute la durée du trajet qui nous a ramené à la maison, je ne sais par quel miracle, il n'a pas pipé mot. Ses lèvres ne se sont déliées que pour réclamer une station de radio. Une requête que j'ai aussitôt refusé, le soupçonnant de vouloir me pourrir la cervelle - déjà en ébullition - avec ses musiques agressives.

Mais même s'il est resté merveilleusement silencieux, il m'étais impossible de ne pas sentir son regard circonspect peser sur moi, sans compter que je voyais parfaitement bien son reflet dans le pare-brise. En somme, je n'irai pas jusqu'à dire qu'il ne me soutiendra pas dans mes projets avenirs, mais je peux sans aucun doute affirmer qu'Elyo émet quelques réserves concernant certains d'entre-eux.

Bien que cela me torde les tripes de l'admettre Elyo est presque le meilleur ami de Salem. Après sa cousine bien entendu. Maintenant, il devance même l'ami de Salem, ce garçon d'origine afro-américaine dont je n'ai plus entendu parler depuis ce qui me semble être des lustres. Mais j'ai beau l'avoir en travers de la gorge, là, sont les faits : Elyo connaît Salem. Pas aussi bien que moi évidemment, mais assez quand même. Assez pour comprendre un grand nombre de choses. Et si à mon tour j'ai quelques réserves concernant la docilité de Salem à accepter ma demande, lui en doute carrément. Il part déjà du principe qu'elle refusera. Sa connaissance d'elle bien que superflue, le place tout de même dans un certain périmètre de savoir vis-à-vis d'elle. S'il en ignore les raisons, il comprend néanmoins que l'idée du mariage ne plait pas à Salem. Tout comme moi, je l'ai compris avant même de vraiment la connaître. J'en ai toujours été certain, c'est ancré en elle, comme figé dans tout son être. L'épisode de mon anniversaire n'a fait que confirmer ce que je savais déjà. Alors bien qu'Elyo puisse se montrer parfois « creux », je sais que ce n'est que façade et qu'en réalité là, il perçois véritablement l'enjeu.

Lorsqu'il disparaît dans la maison je descends de voiture. Terrence m'attends à proximité de la grille pour faire son rapport, bien qu'il m'est déjà envoyé un message plus tôt certifiant l'arrivée de HANS sur la propriété. D'ailleurs, le 4x4 garé en bordure de la route adjacente à l'entrée ne peut qu'en attester. Nous restons un moment à discuter logistique, avant que je ne remonte l'allée à mon tour.

Quand je franchis la porte d'entrée, la maison est silencieuse comme je m'y suis habitué depuis quelques jours. Ethan est à l'école, et lorsqu'il n'est plus là, tout bruit cessent. Dans sa léthargie, Salem a décidé de rester cloîtrée dans notre chambre. Elle n'en sort plus depuis deux jours. Du coup, la télévision ne reste plus à jouer sans spectateurs, et je n'entends plus ses éclats de sa voix converser avec Cannelle, pendant que cette dernière s'affaire en cuisine. Tout le bruit qu'elle générait au quotidien a disparut en même temps qu'elle s'est effondrée et bon sang, il faut qu'elle se relève ! Je n'en peux plus de la voir ainsi. Il ne reste plus qu'Ethan et Elyo pour éveiller cette maison. Même Cannelle ne chantonne plus devant ses préparations, ressentant elle aussi la détresse de la maîtresse de maison.

Je gravis les marches deux à deux jusqu'à ma chambre dont la porte entrebâillée laisse échapper la voix de HANS.
Je m'appuie contre le mur d'en face et attends. La séance devrait bientôt être finie si je me base sur le temps écroulé entre le moment où j'ai été prévenu de l'arrivée du docteur, et celui où je suis moi-même rentré. Plus que quelques minutes.