Plus que Tout ( tome2 )

Chapitre 3

~Elle~

- Bonjour docteur ! je salut poliment avant de pénétrer dans son cabinet.

Ayant l'étiquette de grande habituée, je vais comme d'habitude prendre place dans mon petit fauteuil juste en face de son bureau pendant qu'il s'active. Seul maître à bord, il ouvre son carnet de note et déploie son attirail de stylos colorés avant de percher ses lunettes juste sur l'arrête de son nez Harlequin. Par un raclement de gorge, il début la séance.
Ses longs doigts activent son nouveau minuteur dernier cri et je sens désormais son regard peser sur moi.

- Alors, quel sujet abordons nous aujourd'hui ?

Jamais ô grand jamais, une séance avec lui ne commence sans cette même question que je vois toujours comme une sorte de piège à double sens. Je la déteste avec une puissance inhumaine rien que pour le fait qu'à sa simple prononciation, elle me laisse le choix, un choix que je ne souhaite jamais prendre et que je déteste faire. Le docteur HANS me repousse encore plus loin dans mes retranchement à chaque début de séance. Choisir le sujet à aborder m'est impossible car il revient à me faire faire un choix sur le fantôme que je voudrai sortir de mon placard, malgré le fait que je m'entête à tous les y laisser enfermés. Qui aurait envie de s'infliger à soi-même le replay d'images outrageusement douloureuses de son passé ? Personne. Certainement pas moi ! Pourtant, depuis quelques temps c'est à ça que j'ai droit, un replay de ma vie aussi douloureux, qu'agressif et aussi triste que désespérant. Je préfère largement lorsque le docteur débute lui même par un sujet choisi par lui seul. Avec cette technique, j'ai déjà la sensation de m'exposer moins à ses yeux scrutateurs, et je ne commence pas la séance avec le cerveau directement bousillé par les souvenirs; j'arrive à tenir au moins jusqu'aux quatre premières questions. Malheureusement, même si c'est dommageable pour moi, il ne semble pas avoir envie de faire ainsi depuis ces deux dernières séances.

Il me laisse choisir, pour mieux me poignarder à coups de questions belliqueuses après.

Quelque chose qui ne change jamais même après des années, mes mains me démangent soudainement, deviennent moites et j'hésite à répondre à la question avec la sensation d'être sur le point de confier un secret d'État.

Les doigts du docteur HAND, entortillés autour du son style bleu attendent avec impatience le top départ pour s'activer sur le carnet. J'observe un instant l'homme devant moi en essayant de me le rappeler dans ses bons jours quelques années plus loin quand il venait de me recevoir dans son cabinet pour la première fois quand je n'avais que neuf ans. Les souvenirs refont surface et je ferme les yeux pour les regarder sous mes paupières. Ce jour-là il m'avait paru tellement grand et intimidant que je m'étais fait pipi dessus. Vraiment. Littéralement. Réellement. Le long de mes petites jambes le liquide chaud avait ruisselé et s'était répandu au sol sur le carrelage blanc de l'ancien bureau qu'il occupait avant celui là. J'avais eu peur. Parce qu'il était un homme grand et fortement bâti, exactement comme l'étaient Harrison et Carl. À cette période, tous les hommes m'effrayaient et je ne voulais voir aucune autres femmes que ma mère.
Alors que je trempais morte de peur au milieu de ma flaque jaune, le docteur HANS m'avait simplement sourit puis ensuite avait laisser ma mère m'emmener programmant un autre rendez-vous. Il n'avait pas crié, n'avait pas frappé et je crois que c'est avec cette attitude et dès cet instant qu'il s'était fait une place dans mon cercle.