Chapitre 45

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PDV de Victoria.

Les préparatifs de l'enterrement durèrent trois jours. Chloé parlait à peine, ne mangeait presque pas et pleurait tout le temps.

Je redescendis, une assiette pleine dans les mains. Elle avait encore refusée de toucher à son repas... Elle n'avait presque rien avalée depuis que j'étais là.

-L'enterrement est dans trois heures, tu crois qu'elle sera prête? Me demanda Jordan en berçant Maria.

Je jetai un rapide coup d'œil à Mason qui jouait avec Agathe avant de soupirer.

-Elle doit y aller. Si elle n'y va pas, elle le regrettera toute sa vie. Je sais ce que c'est, fis-je en pensant à l'enterrement de ma propre mère auquel je n'ai pas participé.

-Tu devrai aller l'aider à se préparer, me dit Mason, elle ne le fera pas toute seule.

Je hochai la tête et remontai après avoir déposé l'assiette dans la cuisine.

-Chloé? Soufflai-je en entrant dans la chambre.

Elle était encore couchée dans son lit qu'elle n'avait pas quittée depuis trois jours.

-Chloé, il faut que tu t'habilles, lui dis-je en m'asseyant au bord du lit. Tu dois dire au revoir à ta mère.

Son regard plein de larme se posa sur moi et elle secoua la tête.

-Je ne veux pas y aller, murmura-t-elle.

Je lui pris la main et la caressai de mon pouce.

-Tu dois t'y rendre, crois-moi tu te sentiras un peu mieux après.

Je me levai et allai lui chercher la robe noire que j'avais trouvée dans son placard.

-Aller Chloé, je te connais, tu es une femme courageuse. Lève-toi.

De mauvaise grâce, elle finit par se mettre enfin sur ses pieds. Je la vis chanceler un instant dû au manque de nourriture mais elle se rattrapa au lit.

-Tu vas bien? M'inquiétai-je.

Elle hocha la tête avant de prendre la robe.

-Je te laisse te changer, fis-je en me préparant à sortir.

-Non, s'il te plaît, reste avec moi, souffla-t-elle.

-OK, lui dis-je.

Je la regardai s'habiller en silence. Dans certaines situations, il n'y avait pas besoin de paroles, seule la présence pouvait aider.

-Tu peux faire mes cheveux? Me demanda-t-elle.

Je hochai la tête tandis qu'elle s'asseyait devant son miroir. Je pris une brosse et démêlai ses cheveux. Je les coiffai en deux tresses que je ramenai en couronne autour de son crâne. Je laissai deux petites mèches encadrer son visage et la regardai en souriant.

-Même sans couronne tu restes une princesse, murmurai-je.

Elle leva le regard vers moi.

-Tu es une princesse, je n'ai rien pour l'être, me contredit-elle.

Je m'agenouillai en face d'elle en posant mes mains sur ses genoux.

-Je rectifie: tu n'es pas une princesse, tu es MA princesse, lui dis-je.

Je pris son visage en coupe et posai délicatement mes lèvres sur les siennes.

-Je dois aussi aller me préparer, fis-je contre ses lèvres.

Elle hocha la tête et me laissa sortir sans rien dire. J'inspirai profondément en descendant les escaliers et prit la tenue que j'avais prévue dans ma valise.

J'allais me changer dans la salle de bain en troquant mon jeans et mon T-shirt avec une robe noire près du corps qui arrivait un peu plus haut que les genoux. Je chaussai des escarpins de la même couleur et me maquillai sobrement. Je laissai mes cheveux tomber en cascade sur mes épaules et finis par rejoindre les garçons qui étaient eux aussi déjà prêts.

Nous réglâmes les derniers préparatifs pour la réception qui serait donnée à la maison après l'enterrement et j'allai chercher Chloé tandis que Jordan et Mason s'occupèrent des petites.

-Chloé? On y va, la prévins-je en entrant dans la chambre.

Elle hocha la tête en se détournant de la fenêtre devant laquelle elle se tenait.

La route se passa en silence. Nous avions prit deux voitures afin de pouvoir faire entrer tout le monde. Jordan et Chloé étaient dans la première avec Agathe et Mason et moi étions dans une autre voiture avec Maria.

-Il va falloir que tu caches ton visage mieux que ça si tu ne veux pas qu'on te reconnaisse, me dit Mason en arrêtant la voiture devant l'église.

-Je vais mettre mes lunettes et un chapeau mais si des gens me reconnaissent, tant pis. Je ne me soucie que de Chloé aujourd'hui, fis-je en joignant le geste à la parole.

Nous étions bien évidemment les premiers à être là, nous attendîmes donc dehors que tous les invités arrivèrent. Ils serrèrent la main de Chloé chacun à leurs tours en présentant leurs condoléances. Certains me regardèrent bizarrement mais personne ne fit de remarque.

La cérémonie se passa dans le calme, des collègues de travail, des amis, des anciens camarades de classes,... L'église n'était pas remplis mais il y avait tout de même du monde. Chloé fit un discours en tenant à peine debout si bien que Mason du monter avec elle sur l'estrade pour la tenir. A la fin, elle pleura en embrassant le cercueil fermé de sa mère.

Je séchai mes larmes en la voyant revenir près de moi. Je devais la soutenir, pas pleurer avec elle. Je devais me montrer forte, pour elle.

Arrivés au cimetière, nous regardâmes le cercueil s'enfoncer doucement dans le sol tandis que le prêtre disait les paroles de l'Évangile. Chloé s'effondra dans mes bras au moment de laisser tomber la rose dans le trou.

J'inspirai profondément en tenant ma petite amie dans mes bras afin de ne pas pleurer à mon tour.

La cérémonie fut encore plus compliqué. L'ambiance était lourde de tristesse, seuls quelques rires d'enfant brisaient le silence. Les gens chuchotaient entre eux tout en lançant des regards autour d'eux avant de se poser sur Chloé et moi qui nous trouvions dans un coin. J'avais du abandonner l'idée de garder mes lunettes et mon chapeau, trop flagrants dans une maison.

-Votre Altesse? M'interpella un homme d'une quarantaine d'année.

Je me tournai vers lui tout en tenant Chloé dans mes bras.

-Oui?

-C'est vraiment gentil de vous être déplacée pour Chloé et les petites, me dit-il.

-Et vous êtes? Demandai-je.

-Paul Lavoisie, j'étais un collègue de la mère de Chloé, nous étions assez proche.

Je hochai la tête en esquissant un rapide sourire avant de me concentrer à nouveau sur Chloé.

Au soir, quand nous allâmes se coucher dans son lit, elle plongea dans mes bras.

-Merci d'avoir été là aujourd'hui, murmura-t-elle contre mon épaule.

Je souris doucement.

-Je n'avais rien de prévue aujourd'hui donc je me suis dit que je pouvais quand même t'accompagner, répondis-je.

-Je t'aime mon amour, me dit-elle en approchant ses lèvres des miennes.

-Moi aussi, murmurai-je.

-Ne me quitte jamais, fit-elle, je ne crois pas que je le supporterai.

-On a vécue bien des histoires en moins d'un an et on est encore là Chloé, il en faudra beaucoup pour que j'accepte de me séparer de toi et crois-moi qu'après l'obtention de ce satané diplôme, je te kidnappe et je t'enferme à double tour dans la plus haute tour de mon château afin de ne t'avoir que pour moi toute seule, ris-je.

Elle me souris. Je n'avais pas vu ce sourire depuis trois jours et il commençait sérieusement à me manquer.

Je posai mes lèvres contre les siennes et l'embrassai délicatement. Nous nous endormîmes l'une contre l'autre.

Amour DéfenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant