La Quête de la Licorne

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Dans le cadre de mes nouvelles de Noël 2018, voici pour mon amoureux Arthur une petite nouvelle sur des licornes...

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Il était une fois une licorne. Sa robe était d'argent pur, son regard un cristal de roche, et sa crinière un prisme de lumière arc-en-ciel, un fragment de Lune capturé sur la Terre. Elle arpentait les bois de son vaste pays, ignorée des royaumes des hommes, princesse parmi les équidés. Le sol chantait sous ses pas lorsqu'elle galopait. L'air embaumait le parfum subtil de l'herbe fraiche et des baies sucrées. Le temps lui-même semblait interrompre sa course ; tous les animaux de la forêt s'immobilisaient, l'espace d'un soupir, le temps d'apercevoir la licorne poursuivre son chemin vers des monts inconnus.

La licorne était unique. La licorne était seule.

Un jour, cette solitude la frappa dans le secret de son domaine : une petite clairière où passait une rivière, douce et claire, au milieu d'un champ de fleurs.

- N'ai-je donc pas de semblables ? songea la licorne en contemplant l'éclat des étoiles, si nombreuses au-dessus d'elle. Suis-je donc condamnée à vivre seule parmi des créatures qui ne me comprennent pas ?

Alors, la licorne partit en quête de son égal. Elle parcourut les grandes plaines d'herbes hautes, les vastes salles des forêts ombrageuses, le flanc abrupt des montagnes enneigées. Elle découvrit des paysages qu'elle n'aurait jamais pu imaginer auparavant ; elle repoussa les limites de son petit monde étriqué pour en découvrir un autre, riche, infiniment peuplé, et nouveau.

Sur son chemin, la licorne rencontra de nombreux amis. Des lapins, des renards, des chouettes, et même quelques chevaux, parfois. Mais ils n'avaient pas l'éclat que la licorne recherchait en eux. Ce quelque chose d'indéfinissable, de précieux et rare, qui lui indiquerait à coup sûr : « Je suis comme toi. Nous sommes égaux, et je suis prêt à t'aimer, tout comme toi tu m'aimeras ».

A mesure que le temps passait, la licorne perdait peu à peu espoir. Son beau pelage immaculé se teintait du gris de la mélancolie. La solitude pesait chaque jour un peu plus sur sa croupe parfaite, et sa corne s'abaissait vers le sol, loin de sa fierté d'autrefois.

Les chevaux restaient des chevaux, après tout, ce n'étaient pas des licornes. Ils donnaient l'illusion de lui ressembler, mais à chaque fois, rapidement, le voile se dissipait. Résignée, la licorne commença à songer qu'il lui faudrait retourner chez elle, seule, et accepter le destin qui la condamnait à demeurer ainsi.

Ce fut à ce moment précis, alors que la licorne s'y attendait le moins, qu'il surgit. Son pelage avait l'éclat doré des fils d'or. Un arc-en-ciel irisait les fines mèches de sa crinière à l'unisson. Il se dressait là, fier, magnifique et inattendu, avec ses yeux d'émeraude et son parfum d'ouragan.

Intimidée, la licorne ne sut pas vraiment quoi faire. Des années d'errance et de déception l'avaient encouragée à construire une carapace autour d'elle. Mais il s'approcha d'elle, et elle le laissa faire. Doucement, ils se tournèrent autour. Apprirent à connaitre la présence de l'autre, leur parfum, leur regard. Il ne leur fallut pas longtemps pour qu'enfin, leurs fronts se joignent, portant leurs cornes au contact l'une de l'autre dans une union parfaite.

Alors, la licorne sut. Elle l'avait trouvé, enfin. Son semblable. Son égal. Une licorne, comme elle. Un prince de la forêt.

Ils repartirent ensemble vers la petite clairière, et ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours (avec plein de bébés licornes).   

Contes MacabresWhere stories live. Discover now