Au lieu de ça, je me contentai de profiter encore un peu de ma solitude au point de rêvasser à d'autres temps. Je restai attentif à ce que je percevais, bien entendu, mais il n'y avait aucun mal à savourer une douce quiétude sans personne pour tout saboter.

Soudain, un choc télépathique me percuta de plein fouet.

Waouh ! Sacrée déflagration !

Je fouillai à nouveau le campus, mais rien. Hannah et ses amis se portaient à merveille. En étendant mon champ de recherche, je compris immédiatement et sortis précipitamment.

« Tiens bon ! » envoyai-je dans son esprit.

Rachel possédait de nombreux défauts, mais elle valait sacrément le coup sur le terrain. Elle ne craignait rien ni personne. Il fallait vraiment qu'on l'ait attaquée par surprise pour qu'elle ressente un choc pareil. En débarquant dans une ruelle éloignée, je stoppai net. Rachel semblait assez mal en point, aux prises avec non pas une, mais deux Serims.

Les pourritures !

Je me précipitai en faisant apparaître mon épée et sautai sur la première à ma portée : Isis. Elle cracha de douleur sous les premiers coups que je lui assenai. Non loin, Rachel se trouvait en mauvaise posture. Il fallait qu'elle tienne. Hors de question de rentrer sans elle ! Je maniai ma lame de plus en plus vite, avec la meilleure précision qui soit, ne portant chaque attaque que dans le but de tuer. Alors que j'étais sur le point de l'avoir, cette sale garce agrippa la main de sa complice et s'évanouit dans les airs.

Maudite téléporteuse !

Je ne perdis pas plus de temps à tergiverser et me précipitai sur mon équipière. Elle était toujours consciente, mais son visage avait connu des jours meilleurs. Il bleuissait à vue d'œil par endroits et gonflait par d'autres. Son corps paraissait disloqué mais son regard me fixait d'un air peu amène.

— N'essaie pas de parler, tonnai-je, encore furieux de ne pas avoir été là.

Sans tenir compte de ses protestations, je l'emportai dans mes bras et la ramenai à la voiture aussi discrètement que possible. Ce ne fut pas évident et je dus m'y reprendre à deux fois pour ne pas être vu, mais j'y parvins tout de même.

Je l'installai tant bien que mal côté passager en admettant intérieurement que le confort du pick-up laissait quelque peu à désirer. Les Anges guérissaient vite, mais ils avaient besoin des meilleures conditions. Tout en m'occupant de son bien-être, je gardai mon attention sur notre protégée et ses amis. Si les Serims se pointaient à nouveau, je tenais à être paré. Je retirai mon manteau et l'en couvris avant de refermer la porte pour ensuite remonter près d'elle.

En la contemplant gravement, je ressentis les premiers picotements de ma culpabilité. J'avais failli à tous mes devoirs en la laissant sortir seule.

— Arrête ça ! peina-t-elle à articuler.

— Quoi donc ?

— Tu crois que je ne lis pas clairement sur ta tête d'abruti ? railla-t-elle, son visage crispé par la douleur.

J'esquissai un sourire d'excuse.

— J'aurais dû être là.

— Comme si je t'avais autorisé à m'accompagner.

— Quand même...

— Lâche l'affaire, Samuel ! Tu ne pouvais pas deviner. Et puis d'ici une heure, tout sera rentré dans l'ordre.

Pour quelqu'un qui m'insupportait au plus haut point, son état me tenait un peu trop à cœur. Je m'assurai qu'elle soit confortablement installée avant de reprendre ma surveillance. Pourtant, je restai distrait. Je ne parvenais pas à me défaire de cette sensation dérangeante de ne pas avoir agi comme il fallait. J'éprouvais tellement de colère contre moi-même ! Et puis, je sentis sa main entrelacer la mienne. C'était inattendu, impulsif. Quelque chose de doux et fragile s'alluma en moi, une sorte de tendresse insidieuse qui me laissa pantois. Je ne me dérobai pas un seul instant à la caresse de ses doigts et resserrai même mon étreinte sur elle. Je risquai un coup d'œil dans sa direction et croisai son regard tranquille.

—Tu ne l'as pas vu venir celle-là, télépathe !

J'esquissai un sourire.

— Je trouve toujours que tu n'es qu'une sale peste.

— Je m'en remettrai !

Elle se redressa lentement en grimaçant, cherchant une position plus confortable. Je grognai d'agacement. Si elle continuait, elle ralentirait son processus de guérison.

— Allez, viens là, maugréai-je.

Rachel haussa un sourcil moqueur avant de se blottir contre mon flanc. Tandis qu'elle fermait les yeux en soupirant d'aise, je refermai instinctivement mon bras sur elle.

— Si tu le répètes à quelqu'un, je te tue ! grinçai-je en reportant mon attention sur le bâtiment scolaire.

— T'inquiète blondinet, tu n'es pas mon genre non plus !

C'était bien ma veine de me retrouver dans pareil guêpier. Je le sentais assez mal pour la suite. Il devait y avoir un truc dans l'air qui contaminait tout le monde dans cette foutue ville ! Une seule chose était sûre, je ne comptais pas révéler quoi que ce soit de mon trouble intérieur. Les frasques de Zeke suffisaient amplement.

Et puis qui sait... Avec un peu de chance, tout rentrerait dans l'ordre d'ici peu !

La Prophétie des Anges 1.TraquésWhere stories live. Discover now