La Prophétie des Anges 1.Traqués

CH40 - SAM

"Toujours écouter son cœur"

Faire équipe avec Rachel me filait de l'urticaire. Et Zeke le savait parfaitement. Je concevais très bien qu'ils doivent s'entretenir avec Uriel, mais quand même !

La plupart du temps, il y avait quelqu'un d'autre pour amortir cette proximité entre nous et je m'en sortais toujours avec une pirouette. Les rares fois où je me retrouvais seule avec elle, je m'efforçai de monter des plans qui nécessitaient une séparation. Seulement aujourd'hui, nous n'avions aucune raison d'agir ainsi. Après avoir exploré les environs du lycée, nous regagnâmes le pick-up sans dissimuler notre humeur morose.

À l'intérieur, elle s'empressa de régler la radio sur une station de musique pop sucrée comme je l'exécrais. Je me renfrognai encore davantage, si c'était possible. Après avoir supporté des Selena, des Britney, des Ariana et des Justin, j'éteignis le poste de manière un peu abrupte.

— Ça te prend souvent ? s'étonna-t-elle.

— Tout dépend de la qualité de la musique. Là, mes oreilles saignent.

— Bah, moi j'aime bien.

— Pourquoi ça ne me surprend pas ? raillai-je.

Elle leva les yeux au ciel, au moins aussi exaspérée que moi.

— Oh pardon, j'oubliais que j'étais en présence d'un Ange puissant et ancien. Oh grand maître, vite ! Passez-nous du Mozart que je me cultive un peu !

— Il n'y a rien de mal à écouter du classique, maugréai-je, vexé.

— Chacun ses goûts !

— Je suppose que tes fringues sont assorties à ta culture, me moquai-je.

— Et ta connerie, elle vient d'où ? supposa-t-elle avec perfidie.

Encore un point pour elle. Ce qu'elle me gonflait à jouer les « madame je sais tout » !

— Tu serais moins casse-pieds, je n'aurais pas besoin d'être désobligeant !

— Oh, mais c'est très mature pour un mec de près de mille ans !

Je ne me donnais pas la peine de répondre au risque de la trucider sur place. Je regardai son profil à la dérobée et lui reconnus un certain charme. Son carré de boucles blondes auréolait un véritable visage d'Ange. Ses immenses yeux bleus ne se départissaient jamais de leur lueur espiègle et ce sourire mutin avait sûrement brisé bien des cœurs.

Surtout lorsque les pauvres hommes totalement séduits avaient découvert à quel point elle pouvait être peste !

Un silence pesant s'installa dans l'habitacle sans que je ne ressente l'envie que cela change. Cette fille était un Ange comme je n'en avais jamais vu en mille ans : elle était capricieuse, taciturne, boudeuse, peste, rabat-joie et j'en passe ! Je ne comprenais toujours pas par quel miracle elle avait obtenu sa nature angélique. Déjà, elle montrait des signes d'impatience, tapait du pied, touchait à tout ce qui lui tombait sous la main, tout en sachant pertinemment à quel point ça me gonflerait.

— Bon, ça y est ! Tu as fini ?

— Je vais aller faire une ronde, décida-t-elle en m'adressant un regard méprisant.

— Si ça peut te faire plaisir, ironisai-je.

Elle claqua la porte avec brusquerie, ce qui me mit encore plus en rogne.

Foutue nana !

Après son départ, je me concentrai sur le bâtiment face à moi et opérai un balayage télépathique qui ne révéla rien d'inquiétant. D'un côté, nous restions aux aguets et de l'autre, nos ennemis avaient constamment un ou deux coups d'avance. Ça me frustrait à mort. Je n'avais qu'une envie : en découdre !